On fête ce 8 février le 190e anniversaire de la naissance de Jules Verne. À cette occasion, retour sur l’une des œuvres les plus connues (et les plus profondes) issue de son imagination : Vingt mille lieues sous les mers. Un roman hors du commun, resté à la postérité grâce au personnage du Capitaine Nemo.
Un personnage venu de loin
L’histoire est narrée dans le Chant IX de L’Odyssée d’Homère. Ulysse, prisonnier des Cyclopes, trouve une subtile ruse : il dit s’appeler Personne (en latin, « Nemo »). Aussi, lorsqu’il crève l’œil unique de son geôlier Polyphème, celui-ci hurle qu’il a été « aveuglé par Personne », et ses congénères le pensent fou. Une astuce qui inspira Jules Verne au moment de nommer l’un de ses plus fameux personnages, le Capitaine Nemo. Ce grand esprit voulant se venger de l’Humanité incarne la figure du Mal dans Vingt mille lieues sous les mers ; avec son vaisseau sous-marin, le Nautilus, il coule plusieurs navires au début de l’intrigue, faisant croire aux scientifiques mondiaux, notamment Pierre Aronnax, que les naufrages sont l’œuvre d’une créature marine titanesque. Le professeur, accompagné de Conseil, son valet flamand, participe donc à une expédition destinée à chasser le monstre. Les deux hommes, ainsi que le pêcheur Ned Land, découvriront la vérité lorsqu’ils seront capturés par Nemo et emmenés à bord du Nautilus…
Verne les bains
Vingt mille lieues sous les mers symbolise au plus haut point la manière avec laquelle Jules Verne a forgé le roman d’aventure du XIXe siècle. Il y a d’abord cette croyance dans le progrès qui fait de l’écrivain un prophète des transformations technologiques à venir au cours des décennies suivantes. Une foi en la science que l’on retrouve chez tous les personnages, bons ou mauvais. Nemo est ainsi un ancien ingénieur, Aronnax et Conseil sont tous deux très instruits en matière de biologie… Mais la connaissance et la technique servent aussi à forger un récit qui nous emmène explorer des « mondes perdus ». On croise ainsi l’Atlantide au détour d’un chapitre du roman, preuve que les plus vieux mythes coexistent dans cette œuvre avec les perspectives futuristes. En résumé, Vingt mille lieues sous les mers pourrait être le prototype du roman d’aventure initiatique, s’il n’était pas également une superbe étude de caractère, grâce à l’ambivalence du Capitaine Nemo, joueur d’orgue, misanthrope retiré de la compagnie des hommes, méchant sans scrupule tout autant qu’érudit passionnant. Un personnage fascinant, qui refait une apparition fracassante dans un autre chef-d’œuvre de Verne : L’Île Mystérieuse. À lire absolument, également.
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Parution originale en 1869-1870