Décryptage

Beat Generation & cie : paradis artificiels et littérature

06 octobre 2019
Par Melanie C.
Beat Generation & cie : paradis artificiels et littérature
©dr

Les moyens de transports vers les paradis artificiels sont aussi variés que les façons d’aborder le sujet. En plus d’un demi-siècle, la drogue sous toutes ses formes est devenue un phénomène dont s’emparent régulièrement romanciers et cinéastes. Quelques romans clés écrits sous ou sur l’emprise des narcotiques…

d-Charles-Duchaussois-Flash-ou-le-grand-voyage

Beat Generation : le mouvement de la contre-culture

Nourrie de musique planante et de philosophies alternatives, les hippies des sixties ne rêvent que de transgresser l’étouffante morale conservatrice d’une société d’après-guerre devenue prospère. Dans le sillage de la Beat generation de Kerouac, la littérature fait alors souffler un vent de liberté psychédélique sur la jeunesse du Flower power. Parmi les romans emblématiques d’une époque où les chantres de la contre-culture s’inspirent des chamans du bout du monde, on pense à la quête opiacée vers Katmandou de Flash ou le grand voyage, au road trip électrique en bus bariolé des marioles d’Acid test, au collage littéraire de William Burroughs (Le Festin nu) témoignant des errances d’un cerveau secoué par les substances ou à la virée déjantée et hallucinatoire de Las Vegas parano racontée par le pape du gonzo journalisme chargé à bloc.

d-L-herbe-bleue

Témoignages : journal de défonce intime

Dans la catégorie document-vérité démontrant par la force d’un récit à la première personne la descente aux enfers d’une jeunesse sous l’emprise de la dope, L’Herbe bleue fait figure de référence. Écrit en 1971 sous-pseudonyme par une psychologue américaine, ce faux journal intime ambitionne alors de détourner les jeunes adolescents du moindre grain de poudre blanche. Un effet préventif qui n’a malheureusement eu aucun impact sur l’héroïne malgré elle de Moi, Christiane F, droguée, prostituée. Avec cette célèbre biographie coup de poing signée par deux journalistes berlinois, la toxicomanie devient en 1978 une douloureuse réalité sociale et urbaine qu’on ne peut plus cacher. Au début du siècle suivant, malgré les appartements de luxe et les boîtes à la mode, la défonce mondaine de la jeune branchée cocaïnée de Hell n’en est pas moins sordide ni fatale.

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VDM : quand l’expérience tourne mal

Quand la drogue se mêle à de sales histoires personnelles, l’effet est aussi dévastateur qu’un speed ball (mélange d’héroïne et de cocaïne) frelaté. Question misère familiale catalysée par la dope et misanthropie sociale exempte de rédemption, Hubert Selby Jr en connaît un rayon. De Last Exit to Brooklyn à Retour à Brooklyn (Requiem for a dream), son rêve américain tourne vite au cauchemar entre deux shoots. Avec Confessions d’un chasseur d’opium, son ami Nick Tosches prétexte de soigner son diabète par l’opium pour partir à la recherche de la meilleure fumerie du monde tout en retraçant avec style et érudition l’histoire de la mère des drogues. Enfin, Melvin Burgess démontre avec Junk que la drogue reste finalement toujours plus toxique et destructrice qu’une famille pourtant démesurément atroce.

Aller + loin : Les sales gosses de la littérature américaine

Article rédigé par
Melanie C.
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