Et si les monstres avaient tout aussi peur des enfants ? Paru chez Seuil jeunesse, le nouveau livre d’Enrique Quevedo est une petite merveille de créativité, d’ironie et de fantaisie sombre. À la nuit tombée est le guide parfait pour qu’enfants et monstres enterrent la hache de guerre et apprennent à se côtoyer. Avec des illustrations regorgeant d’inventivité dans les moindres détails, ce livre ravira petits et grands !
Pour se réconcilier avec les monstres
Les enfants ont peur des monstres, mais ce qu’ils ne savent pas encore, c’est qu’ils dérangent tout autant ces créatures nocturnes ! Les enfants sont de petites pestes pour les monstres, qui recherchent la tranquillité ou l’amitié. Afin de réconcilier les deux espèces, Enrique Quevedo prodigue de nombreux « Conseils aux monstres et aux enfants pour bien vivre ensemble ». En effet, l’auteur donne aussi bien ses recommandations pour les enfants que pour les monstres, dans le but d’une cohabitation pacifique. Un concept ingénieux pour faire face à ses peurs, qui encourage aussi l’empathie en se mettant à la place des autres, même de ceux qui sont différents ou nous font peur…
À la nuit tombée se compose donc de deux parties : « Oh, un monstre ! », à l’usage des enfants, et « Oh, un enfant ! », destiné aux monstres. Ainsi, le lecteur se délecte de conseils farceurs tels que celui d’utiliser une lampe torche au lieu d’une bougie, si l’on veut éviter que celle-ci ne soit éteinte par un courant d’air mystérieux… Ou encore, celui de faire descendre la poubelle par un système de tyrolienne, pour éviter de rencontrer un extra-terrestre à l’extérieur. Pour les monstres, il faut imiter patiemment une statue, le temps que les enfants quittent leur parc favori. Ou encore, il faut attendre Halloween pour se faire des amis, sans faire peur aux enfants du quartier.
Pour rendre hommage à Sendak et Gorey
Enrique Quevedo est un illustrateur espagnol dont la technique de prédilection est le dessin au feutre fin. Dans ce bel album, il démontre toute sa maîtrise dans de belles et grandes illustrations minutieuses en noir et blanc, où les monstres ressemblent à des machines fabuleuses, regorgeant de mécanismes sophistiqués. Dans un style clair-obscur, il crée un monde liminaire, à la frontière entre rêve et réalité, un espace brumeux où l’imagination des enfants peut pleinement s’épanouir. Ses dessins s’inscrivent dans une certaine lignée d’illustrateurs pour la jeunesse, notamment Maurice Sendak – connu pour Max et les Maximonstres – et Edward Gorey, auxquels il rend explicitement hommage dans les pages de garde.
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À partir de 3 ans
Parution le 7 avril 2016 – Traduit de l’espagnol par Divina Cabo