Cadence passe tous ses étés sur son île. Son île ou plutôt celle de sa famille, les Sinclair. Riches, beaux, éduqués… Si parfaits qu’on en deviendrait jaloux. Elle le dit tout de suite : chez eux, il n’y a pas de criminels. Pas de drogués. Pas de ratés. Mais tout cela cache quelque chose, on le sent bien… Prenez vous aussi le bateau vers ce paradis angoissant, où les menteurs mènent la danse.
Le patriarche a eu trois filles. Et on sent bien qu’il faut filer droit avec lui. Il a également des petits enfants, Cadence, la première, l’héritière. Viennent ensuite Mirren et Johnny. Et les plus petits, dont on parle moins. Les grands sont surnommés « Les Menteurs », sans qu’on sache d’abord vraiment pourquoi. Une bande inséparable, rapidement rejointe par Gat, le fils du beau-père de Johnny. Lui va tenter de leur faire ouvrir les yeux, à tous ces adolescents aveuglés par leur richesse et leur besoin de propriété : on ne peut posséder une île dans son entier. Mépris envers les employés, sensation de surpuissance… Les petits-enfants Sinclair sont clairement l’avenir de la famille, et se posent comme tel. Effrayant de snobisme.
Cadence tombe amoureuse de Gat. Un coup de foudre, qui lui soulève le cœur comme jamais auparavant. L’été de leurs 15 ans, elle est victime d’un accident. On n’en sait pas vraiment plus. L’eau, les rochers. Le traumatisme crânien. Et deux ans pour tenter de s’en remettre. Sa mère est dure, et, comme après le départ de son père, Cadence n’a pas le droit de flancher. Elle se doit de rester digne, droite. C’est une Sinclair. L’été de ses 17 ans, Cadence revient sur l’île. Elle veut retrouver les bribes de mémoire qui lui manquent. Elle veut se souvenir. Elle veut savoir pourquoi Gat n’était pas dans l’eau avec elle, pourquoi Mirren et Johnny ne lui ont pas écrit. Devant un grand-père vieillissant et une mère glaciale, Cadence veut comprendre. Et nous aussi. Mais les menteurs sont partout.
Nous les menteurs, c’est un roman incroyable. On se laisse happer par ce clan pourtant pas vraiment sympathique. Cadence nous entraîne dans son bouleversement intérieur, en total opposition avec la si parfaite jeune fille qu’elle semble toujours être aux yeux de sa famille. L’écriture est brillante, le style haletant. On ne peut que se presser de vouloir connaître la fin qui est, il faut le dire, totalement démentielle… Habituée aux romans plutôt légers et drôles, Emily entre avec talent dans la famille des écrivains à suspens.
Mais attention aux menteurs, n’oubliez pas, ils sont partout…
Nous les menteurs, Emily Lockhart (Gallimard jeunesse) sur Fnac.com
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