Sérotonine, le nouveau roman de Michel Houellebecq, vient tout juste de paraître. L’embargo médiatique sur son contenu est donc levé et les premières critiques commencent à poindre. Alors, énième roman sur le déclin de l’Occident ou grand roman houellebecquien ?
Amour et condition animale
Sérotonine est le titre du nouveau roman de Michel Houellebecq. Florent Claude Labrouste, 46 ans, ingénieur agronome, dépressif, évoque l’échec de sa vie amoureuse et revisite ses amours passés. Alors oui, le romancier avait dit : « Mes croyances sont limitées, mais elles sont violentes. Je crois à la possibilité du royaume restreint. Je crois à l’amour. », mais ce roman très sombre semble pourtant ne laisser que peu d’espoir aux relations amoureuses. Yuzu, la petite amie du narrateur, campe une japonaise sexy et connectée à l’extrême. Son mépris pour les classes populaires n’a d’égal que la couche de maquillage qu’elle s’étale sur le visage. Libertine, elle passe ses soirées dans des clubs échangistes aux pratiques douteuses (zoophilie). La condition animale est justement l’un des sujets abordés par le roman : le narrateur brosse un portrait sévère des élevages industriels. L’auteur aborde la cruauté envers les animaux mais également les conditions de vie difficiles des éleveurs, des thématiques qui donnent à penser qu’il avait pressenti les manifestations qui agitent la France depuis quelques semaines.
Indice : sérotonine
À l’image de Soumission (paru en 2015), le titre du roman est bien court : sérotonine… Ce mot qui n’évoque sans doute pas grand chose au grand public relève du domaine médical. La sérotonine est un neurotransmetteur également connu sous l’expression « hormone du bonheur ». Le narrateur de Sérotonine n’obtient justement plus cette substance que grâce à un anti-dépresseur, le Captorix. La dépression est donc une fois de plus l’une des obsessions de l’écrivain-star. Entre masturbations tristes et idées noires, le narrateur s’enfonce dans une dépression telle qu’il ne parvient plus à se laver. Suite à la prise de médicaments, il renoue avec d’anciennes connaissances au cours d’un road-trip dans la campagne profonde de la Normandie. La peinture de la société y est aussi crue que réaliste, comme dans chacun des écrits de Michel Houellebecq. Dans un entretien accordé à Europe 1 en octobre dernier, Houellebecq mettait en garde ses lecteurs : « Mes livres peuvent rendre inaptes à la vie. Je ne vais pas m’en excuser, car j’ai eu ça, moi aussi, avec des livres comme Les Fleurs du Mal, ou ceux de Dostoïevski. C’est une responsabilité lourde d’écrire des livres et je ne veux m’y soustraire. C’est une activité sérieuse ».
Houellebecq, artiste insondable et inclassable ? Est-ce là la recette de son succès ? Un constat seulement : avant même d’être parus, les livres de l’écrivain font causer. À l’occasion de cette parution, on revient en détails sur le parcours littéraire, poétique, musicale et cinématographique de Houellebecq, et sur les différentes (et nombreuses) analyses de son oeuvre : nihiliste ou romantique, qui est vraiment Michel Houellebecq ? Décryptage.
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Parution le 5 janvier 2019
En précommande : Sérotonine, Michel Houellebecq (Flammarion) sur Fnac.com
Photo de Michel Houellebecq : Barbara d’Alessandri © Flammarion
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