Critique

Rigoletto au Met : Diana Damrau EST Gilda

30 mai 2013
Par Frédérique
Rigoletto au Met : Diana Damrau EST Gilda
©dr

Depuis l’arrivée en 2006 d’un nouvel administrateur, Peter Gelb, le vénérable et plutôt conservateur Metropolitan Opéra de New York dépoussière un peu ses mises en scène. En témoigne ce dernier Rigoletto dont l’action se passe à Las Vegas dans les années 60. Même si la transposition peut dérouter, l’excellente distribution dont Diana Damrau en Gilda ne vous décevra pas…

Depuis l’arrivée en  2006 d’un nouvel administrateur, Peter Gelb, le vénérable et plutôt conservateur Metropolitan Opera de New York dépoussière un peu ses mises en scène. En témoigne ce dernier Rigoletto de Verdi réalisé par le cinéaste et metteur en scène Michael Mayer. L’action se passe à Las Vegas, lieu de perdition où les apparences sont trompeuses, dans les années 60. Le Duc de Mantoue, campé par un Piotr Beczala au timbre lumineux, est devenu un crooner un peu glauque (dans le style de Franck Sinatra).  

 

Les adeptes des mises en scène classiques trouveront peut-être la transposition inadéquate et les partisans de productions plus modernes pourront penser que cela ne va pas assez loin. L’enfer se situe parfois dans le juste milieu… Une fois le premier étonnement passé (pourquoi Las Vegas mais aussi, pourquoi pas ?), on se laisse porter par la qualité du chant, la conviction des interprètes et leur bel investissement dans leur rôle. Et finalement les partis pris de la production cadrent en général assez bien avec l’intrigue. Quant à la direction d’orchestre, elle nous permet de découvrir un jeune chef italien, Michele Mariotti, au talent prometteur.

 piotr beczala

Les protagonistes n’en sont pas à leur premier Rigoletto. On retrouve Diana Damrau et Zeljko Lucic dans la production de l’Opéra de Dresde de 2008 avec Juan Diego Florez alors que Piotr Beczala a déjà incarné le Duc de Mantoue à Londres et à Milan. Il se glisse avec beaucoup d’aisance dans ce personnage un peu cabotin au charme cynique. Le public français va d’ailleurs pouvoir mieux connaître ce ténor puisque Deutsche Grammophon sort, en même temps que Rigoletto, un récital d’opérettes viennoises en hommage à Richard Tauber, Heart’s delight the songs of Richard Tauber. Piotr Beczala y chante le répertoire de prédilection de son grand modèle : Franz Lehár, Emmerich Kálmán ou Robert Stolz, un autre registre qui lui sied tout aussi bien.

Si Zeljko Lucic est considéré, à juste titre, comme un des Rigoletto du moment, pour son timbre nuancé et sa présence, ma grande émotion et ma préférence vont incontestablement à la Gilda de Diana Damrau. Avec une voix fraiche et limpide mais aussi puissante et chaude et une très bonne diction elle incarne Gilda avec beaucoup d’innocence et de passion. Elle est vibrante et émouvante, aussi bonne comédienne que grande chanteuse. Diana Damrau est LA Gilda de cette Année Verdi !

 

Article rédigé par
Frédérique
Frédérique
libraire sur Fnac.com
Pour aller plus loin
Sélection de produits