Depuis plusieurs années le violoniste britannique Daniel Hope sort des sentiers battus des grands classiques du répertoire pour proposer des albums thématiques. « Sphères » est un projet ambitieux : offrir un choix de musiques méditatives et mélodieuses évoquant l’Harmonie des Sphères. Tout un programme…
Depuis plusieurs années le violoniste britannique Daniel Hope sort des sentiers battus des grands classiques du répertoire pour proposer des albums thématiques comme Air, a Baroque Journey, panorama de musiques des 17e et 18e siècles ou The Romantic Violonist consacré à Joseph Joachim, ami de Johannes Brahms et créateur de son concerto pour violon. Le projet qui préside à Sphères est plutôt ambitieux : offrir un choix de musiques évoquant l’Harmonie des Sphères. Il serait un peu compliqué de détailler ici la théorie pythagoricienne, disons pour résumer que selon cette école (Pythagore et ses confrères) l’univers, les distances entre les planètes, leurs mouvements sont régis selon des proportions musicales. Le monde est harmonie et nombre, comme la musique. Pour Daniel Hope la notion s’est quelque peu simplifiée à une idée plus poétique des musiques générées par les mouvements des planètes.
Qu’importe l’approximation puisqu’elle est source d’inspiration pour l’interprète qui souhaite offrir « des musiques méditatives et mélodieuses« . Pour constituer son programme, Daniel Hope a choisi des œuvres dont le thème, le titre ou la forme évoquent la musique des sphères. La plupart des musiques sont récentes (20e ou 21e siècle), et les deux pièces baroques (Bach et Welshoff) ont été réarrangées. Je serais tentée de classifier sa sélection en trois genres : des pièces mélodiques avec Ludovico Einaudi, Karl Jenkins ou deux musiciens moins connus, Alex Baranowski et Elena Kats-Chernin, des minimalistes Philip Glass, Michael Nyman ou Max Richter, des musiciens plus « classiques » comme Arvo Pärt avec Fratres (la pièce la plus longue), Karsten Gundermannn ou Gabriel Prokofiev (le petit fils de Sergeï) qui signe justement une création intitulée Sphères.
Car si une partie des morceaux est choisie dans le répertoire existant, le mérite de ce projet est d’avoir également suscité plusieurs créations, dont Sphères de Gabriel Prokofiev ou le très aérien Musica Universalis d’Alex Baranowski. La petite surprise de l’album est cet arrangement par John Rutter du Cantique de Jean Racine de Gabriel Fauré, que Daniel Hope a souhaité insérer au programme bien qu’il ne comporte pas de partie de violon solo à cause du texte évoquant la « lumière divine éternelle ».
Bien que constitué presque uniquement de pièces contemporaines, c’est un programme abordable pour des auditeurs non spécialistes qui invite à la rêverie, à la méditation. On pourrait qualifier ce projet de « grand public » (dans un sens non péjoratif) qui doit son charme et son intérêt à son instigateur : Daniel Hope, un soliste passionné qui a mis tout son talent et sa passion au service de son projet.