Avec l’avènement de la dématérialisation et l’explosion du streaming audio, les ventes de platines CD sont en net recul. Mais il subsiste une vraie demande, et le choix n’est pas toujours facile entre les différents modèles disponibles sur le marché. Petite explication pour vous aider à arbitrer.
Une platine CD pour quoi faire ?
Cette question, qui eut paru étrange il a quelques années, se pose clairement de nos jours. L’écoute musicale, qui se faisait encore essentiellement sur support physique jusque dans les années 2000, est passée de manière franche du côté de la dématérialisation. Aujourd’hui, pour écouter le dernier album de rap ou de chanson française, on ne passe plus guère par la case CD mais bien plus souvent par une plateforme de streaming, qu’il s’agisse de Spotify, Apple Music, ou encore YouTube Music et bien entendu notre champion français Deezer.
Du côté des audiophiles, ce sont les plateformes de streaming en Hi-RES audio qui sont plébiscitées, au premier rang desquels l’américain Tidal et surtout le français Qobuz, pionnier du genre. Ce qui ne laisse plus guère de place pour notre bon vieux CD qui semble cumuler les désavantages : plus cher, moins pratique, peu nomade et fragile.
Pourquoi investir dans une platine CD en 2021 ?
Plusieurs raisons expliquent que le marché de la platine CD soit toujours bien vivant, notamment dans le haut de gamme d’ailleurs. La première raison, c’est que nous sommes nombreux à posséder une grande CDthèque accumulée au fil des ans. Il nous faut bien un lecteur pour lire tous ces bons disques. Et lorsqu’il tombe en panne, il faut bien le remplacer, sauf à tout jeter à la poubelle.
Une autre raison est que, un peu à la manière de ce qu’il s’est passé à la période où le vinyle a été délaissé au profit du CD, certains albums ne sont pas encore ou ne seront jamais disponibles en version dématérialisée. Soit pour des questions de droits, soit parce que cela n’est pas jugé rentable et/ou parce que le public potentiellement intéressé est trop réduit.
Il y a aussi le côté financier qui rentre en ligne de compte. Si vous n’êtes pas abonné à un service de streaming audio mais que vous privilégiez l’achat définitif, au titre ou à l’album, quel serait l’intérêt de racheter un disque que vous possédez déjà en version CD ? Autant investir dans une platine CD, d’autant qu’on en trouve de très abordables.
Par ailleurs tout le monde n’est pas forcément à l’aise avec la dématérialisation et nombreux sont ceux qui recherchent une approche « physique » de la musique. Avec en prime le plaisir de tenir son disque dans les mains, d’apprécier une belle pochette ou de consulter les informations comme les crédits, les paroles ou les conditions d’enregistrement.
Le dernier point, qui en surprendra certains, fait lui aussi penser à l’époque des débuts du CD : lorsqu’on est équipé d’une platine de bonne qualité, il arrive que des albums « sonnent mieux » sur support CD qu’en version dématérialisée. Surtout si vous êtes l’heureux possesseur d’une chaine hifi de bon niveau mais que votre service de streaming ne propose que du son compressé. Certains procédés de gravure (je pense au XRCD par exemple) offrent un tel niveau de qualité qu’il est difficile de retrouver à l’identique en streaming.
Comment bien choisir sa platine CD ?
Au moment du choix, un terme doit être au centre de vos préoccupations, c’est le mot cohérence.
Cohérence de prix pour commencer. Cela n’aurait pas beaucoup de sens d’investir dans une platine CD de haut de gamme qui représente 5 fois le prix du reste de la chaine hifi. Elle sera alors largement sous-exploitée et vous aurez dépensé votre argent en vain. Rester dans la gamme de prix de votre amplificateur ou un peu au-dessus sera plus productif. D’autant que l’expérience montre que les platines les plus chères ne sont pas toujours les plus réussies.
Cohérence de marques ensuite. Il n’est nullement obligatoire de choisir tous les éléments d’une chaine dans la même marque, bien entendu. Mais souvent, on retrouve une personnalité sonore commune sur les différents éléments hifi d’un constructeur. C’est par exemple le cas des électroniques Marantz, dont on retrouve le style à la fois sur les amplificateurs et les platines CD, notamment en entrée de gamme. C’est aussi le cas des produits Yamaha. Rien ne garantit que le mariage soit heureux, mais il parait logique que des produits étudiés et développés par le même fabricant soient faits pour bien fonctionner ensemble.
Cohérence dans votre chaine enfin. Pour reprendre l’exemple précèdent, même si votre système actuel vous plait, vous pouvez souhaiter améliorer tel point ou tel autre. Cela peut se faire en choisissant alors non pas un produit de même personnalité sonore que le reste de la chaine comme précédemment, mais au contraire un produit qui viendra pour corriger ce qui vous gêne.
Par exemple si votre chaine vous offre un rendu trop riche en basses à votre goût, lui adjoindre une platine CD plus axée sur le médium aigu -comme le sont souvent les platines Yamaha- permettra de rééquilibrer la restitution. Les platines Denon, qui sont quant à elles plutôt réputées opulentes, pourront apporter un peu de vie à un système trop sage ou trop analytique. Quant aux platines anglaises de Cambridge Audio, une marque que j’affectionne tout particulièrement pour son rapport qualité-prix, elles sont faciles à vivre et s’intègrent harmonieusement dans de nombreux systèmes.
Pour résumer, 2 types de démarches se détachent dans le choix d’une platine CD :
– Soit vous choisissez la platine de vos rêves, puis vous la reliez à un amplificateur et une paire d’enceintes les plus neutres possible pour conserver autant que possible cette « patte » sonore qui vous avait tant plu. Dans ce cas, pour valider votre choix, seule l’écoute comparative sur un même système sera déterminante.
– Soit vous avez déjà un excellent système dont vous ne souhaitez pas vous séparer, mais seulement corriger certaines tendances (son trop montant, grave un peu baveux, etc…), dans ce cas vous choisirez la platine en fonction du reste, notamment de l’amplificateur. Ainsi un amplificateur à transistors, souvent plus droit et neutre sur toute la bande passante peut parfaitement convenir à une platine au son un peu chaleureux. Inversement un amplificateur à tubes, au son plus « humain » souvent plus travaillé dans le médium et écourté aux fréquences extrêmes se mariera bien avec une platine très analytique. Par un phénomène de compensation, les « défauts » de l’un seront compensés par la personnalité de l’autre pour votre plus grand plaisir auditif.
Platine CD, DAC ou transport CD, c’est quoi la différence ?
Pour faire court, une platine CD est constituée de 2 parties distinctes. La partie lecture se charge d’extraire les données numériques sur le CD. Elle utilise pour cela un laser qui vient lire les données sur le support physique que vous avez inséré dans le tiroir, d’où le nom de platine laser qui est souvent donné aux platines CD. Puis les données, qui sont toujours sous forme numérique, sont transmises à une partie conversion qui se charge … de les convertir (si, si !) de leur format numérique à un format analogique afin qu’elles puissent être exploitées par l’amplificateur. Sur une platine CD classique, ces deux parties sont intégrées dans le même boitier.
Lorsque l’on monte en gamme, on commence à trouver des systèmes où les deux parties sont séparées dans des boitiers distincts. Le boitier qui se charge de la lecture, et exclusivement de la lecture, s’appelle alors un Transport CD. Parmi les modèles hautement recommandables, le Cambridge audio CXC V2 sort du lot par son rapport qualité-prix et par sa finition digne d’un produit bien plus onéreux.
Seul, le transport ne sert à rien. Pour pouvoir l’exploiter, il faut le brancher à un convertisseur analogique-numérique, plus connu sous le nom de DAC (Digital to Analog Converter). Il peut être logé dans un boiter dédié, comme le Cambridge Audio DacMagic 200M, ou être intégré dans votre amplificateur.
Un transport CD de qualité sera la bonne solution si votre amplificateur est équipé d’un bon DAC interne, vous pourrez alors le connecter via une numérique. Il trouvera un autre usage en le branchant à un lecteur réseau, à l’image du Cambridge Audio CXN V2. L’avantage du lecteur réseau est qu’il vous permet de brancher votre transport CD pour profiter de vos disques mais aussi d’accéder à votre musique matérialisée ou de brancher votre ordinateur pour le transformer en serveur audio de haute volée.
De son coté, un bon DAC permettra de tirer le meilleur d’une platine ancienne mais qui dispose toujours d’une bonne base lectrice. Il suffira de le brancher sur une sortie numérique de votre platine.
La platine CD, enfin, sera indiquée en remplacement de votre ancienne, si vous n’êtes pas encore équipé ou si la musique dématérialisée vous laisse de marbre.