Critique

Il faut des pirates pour arrêter les pirates

02 mai 2012
Par Arnaud
Il faut des pirates pour arrêter les pirates
©DR

Cela fait plusieurs mois maintenant que je ne cesse de harceler mon entourage avec Paul Watson. J’en parle avec un tel engouement, une telle passion, les yeux brillants de respect et d’admiration pour cet homme…Alors quand sort enfin un dvd sur le monsieur, je ne peux définitivement pas passer à côté. Mais c’est qui ce Paul Watson au juste ?

Cela fait plusieurs mois maintenant que je ne cesse de harceler mon entourage avec Paul Watson. J’en parle avec un tel engouement, une telle passion, les yeux brillants de respect et d’admiration pour cet homme…Alors quand sort enfin un dvd sur le monsieur, je ne peux définitivement pas passer à côté. Mais c’est qui ce Paul Watson au juste ?

Ecologiste, éco terroriste, pirate, militant, personnage médiatique, activiste, capitaine, marin, fou (d’après Jim Bohlen, l’un des co-fondateurs de Greenpeace), Paul Watson a bien des qualifications et des surnoms.
Ayant participé à la création de Greenpeace, il quitte l’association en 1977 suite à des désaccords.
C’est lors d’une intervention en pleine mer face à un baleinier soviétique en 1975 que Paul Watson croise le regard d’un cachalot harponné. Persuadé que l’animal comprend ce qu’il fait, cette «rencontre » le bouleversera profondément. Après avoir claqué la porte de Greenpeace (les rapports demeurent toujours houleux entre eux désormais), Paul Watson fonde l’ONG Sea Shepherd Conversation Society (SSCS), spécialisée dans la défense de la vie marine.
Baleines, requins, phoques, dauphins, globicéphales, thons rouges et bien d’autres, la Sea Shepherd est de tous les combats. Car oui, le mot est lâché, combat. Un combat âpre pour faire respecter coûte que coûte les lois internationales concernant la pêche et la protection des mammifères marins.

Eperonnages, jets de fumigènes, de beurre rance ou de pudding, poursuites en pleine mer, abordages et même sabordages, l’association se targue d’avoir coulé une dizaine de navires, mais c’est surtout le nombre de baleines sauvées qui est mis en avant.

L’activisme militant et l’interventionnisme est au cœur de la Sea Shepherd, ce qui vaut désormais à ses navires de naviguer sans pavillon. Orné d’un drapeau noir à l’effigie du symbole de l’ONG (une crosse de berger, le trident de Neptune et une tête de mort avec sur le front un dauphin et une baleine), tout l’équipage est vêtu de noir, comme pour mieux jouer de leur image de pirate dérangeant et indésirable.
Malgré leurs actions impressionnantes, il n’y a jamais eu aucun mort ou blessé dans leurs interventions (Paul Watson ayant tout de même essuyé quelques coups de feu dont un se terminant dans son gilet pare-balles).
Tout est scrupuleusement filmé et Paul Watson ne cesse de le clamer haut et fort : il n’en a pas après les hommes sur les navires mais bien envers les grosses compagnies de pêche et les gouvernements corrompus. Car la SSCS reste dans son droit et ne fait qu’haranguer et stopper des navires hors-la-loi qui bravent les Conventions.

Le Dernier Pirate prend place lors de l’Opération Leviathan sur deux bateaux de la Sea Shepherd le Farley Mowat et le Robert Hunter dans la Mer de Ross, au large de l’Antarctique (pas la mer des plus clémentes, loin de là). L’opération consiste à empêcher les baleiniers japonais de prélever (et donc tuer) des centaines de baleines dans un sanctuaire protégé sous couvert d’une mission scientifique.
Le début du documentaire est assez flou, on assiste à des exercices d’entraînement, on différencie assez mal les équipages et les embarcations. Rapidement, on se plait à croire qu’il s’agit juste là de jeunes militants écologistes ne représentant guère un quelconque danger.
Puis le ton bascule radicalement lorsque sont repérés le Nisshin Maru et le Kaiko Maru. Et c’est une véritable panoplie de manœuvres perverses pour gêner ces deux baleiniers qui va être mise en place.
Jusqu’à choc final (il faut voir la détermination sur le visage du capitaine Alex Cornelissen pour pleinement comprendre le danger d’une telle manœuvre).
Au plus près de leurs actions, on suit ces défenseurs des baleines sur leurs zodiacs, zigzagant entre les icebergs et les blocs de glace, dans l’unique but de jeter devant le baleinier une corde sensée bloquer les hélices et stopper le bateau.

Alors la Sea Shepherd, un militantisme actif mais vital forçant le respect ou un groupuscule d’éco-terroristes aux actions agressives dirigé par un fanatique ?

Toujours est-il que cette association et ses militants (plus de 40 000) ne peuvent laisser indifférents. Leurs opérations, si impressionnantes soient-elles, ont le mérite de mettre en lumière des massacres sanglants honteusement dissimulés et illégaux.

On regrettera toutefois l’absence de bonus sur l’édition dvd, notamment sur Paul Watson et l’association Sea Shepherd.
Il y avait pourtant matière, entre les documentaires L’œil du Cachalot, Black Harvest produit par la BBC sur le massacre des globicéphales aux îles Féroé ou même la série Whale Wars diffusée sur Discovery Channel, la SSCS aurait mérité une édition bien plus fournie.
On pourra toujours se rattraper en naviguant sur le site français de la Sea Shepherd, lien ici, qui fourmille d’informations et sur le livre Paul Watson, un homme en colère de Lamya Essemlali (présidente de Sea Shepherd France).

« Notre mission consiste à naviguer en eaux troubles pour défendre ceux qui sont sans défense contre ceux qui sont sans scrupules » Paul Watson.

Article rédigé par
Arnaud
Arnaud
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