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Mois des fiertés : 5 classiques de la littérature queer à (re)découvrir cet été

15 juin 2022
Par Milo Penicaut
Mois des fiertés : 5 classiques de la littérature queer à (re)découvrir cet été
©TDR

L’été arrive enfin, et avec lui le mois des fiertés, ce mois de visibilisation des luttes pour les droits des personnes queer (LGBTQIA+). L’occasion de se (re)plonger dans les grands classiques de la littérature queer.

Mais qu’est-ce qui fait un roman queer ? Selon les chercheurs et chercheuses québécoises Isabelle Boisclair, Pierre-Luc Landry et Guillaume Poirier Girard, il ne s’agit pas seulement de faire figurer des personnages LGBT+ : « Un roman queer est plutôt celui qui met en avant et valorise, tant par le fond que la forme, la multitude, les singularités donc les différences, tout en récusant la pensée catégorielle et les hiérarchies qu’elle institue ».

Une nécessité vitale, pour bon nombre de jeunes queer qui grandissent dans une société qui ne leur ressemble pas : « C’est en lisant ces livres que j’ai pu rencontrer des modèles de ce que à quoi ma vie pourrait ressembler ; qu’un monde de possibles s’est ouvert à moi », confie ainsi l’écrivain Mohsin Zaidi à Penguin Books.

1 Orlando, de Virginia Woolf

Dédié à son amie et amante l’écrivaine Vita Sackville-West, Orlando (1928) est une exploration fantasque du genre, de la sexualité et de la littérature à travers les âges. Virginia Woolf ré-imagine la biographie d’Orlando, homme jusqu’à sa trente-deuxième année puis femme, héros-ïne traversant les siècles et les époques sans vieillir. Près de 100 ans après sa publication, Orlando reste une fiction résolument queer et profondément réjouissante.

Orlando, de Virginia Woolf, Gallimard, 7 €.

2 La Chambre de Giovanni, de James Baldwin

David et Giovanni se rencontrent dans un bar du Paris des années 1950. Follement attirés l’un par l’autre, les deux hommes se retrouvent dans l’exigüe chambre où vit Giovanni et entament une histoire d’amour passionnelle. Mais la haine de soi infusée par une société profondément homophobe et biphobe vient les rattraper jusque dans la chambre de Giovanni… James Baldwin signe avec La Chambre de Giovanni (1956) un roman qui traite avec finesse les sujets complexes de l’identité face à l’altérisation et à la masculinité des hommes gays/bis.

La Chambre de Giovanni, de James Baldwin, Rivages, 8,15 €.

3 Zami. Une nouvelle façon d’écrire mon nom, d’Audre Lorde

La poétesse afroféministe états-unienne remonte le fil de sa vie dans ses mémoires romancées qu’elle qualifie elle-même de « biomythographie ». Elle y raconte avec humour et tendresse son amour pour les femmes – « Chaque femme que j’ai aimée a laissé en moi son empreinte », écrit-elle –, ses années passées au sein de la communauté lesbienne du Village new-yorkais dans les années 1950, et ses réflexions essentielles sur l’intersectionnalité.

Zami. Une nouvelle façon d’écrire mon nom, d’Audre Lorde, Mamamelis.

4 Stone Butch Blues, de Leslie Feinberg

Stone Butch Blues (1993) raconte l’histoire de vie de Jess, né.e dans une famille juive et prolétaire des États-Unis des années 1950. Ce roman historique culte ne cache rien de la violence sans nom, et bien réelle, subie par celles et ceux qui ne sont pas conformes. Mais c’est aussi une célébration de la puissance des liens d’amitié, d’amour, et de solidarité au sein des communautés LGBT, de ces liens inaltérables qui permettent de tenir face à la violence du monde. On doit la traduction française tardive au travail colossal des bénévoles d’Hystériques et Associées, petite maison d’édition d’indépendante et associative.

Stone Butch Blues, de Leslie Feinberg, Hystériques et Associées, 16 €.
Disponible gratuitement, selon la volonté de l’autrice, au format numérique sur le site d’Hystériques et Associées.

5 Les Abysses, de Rivers Solomon

D’un fait historique – les femmes enceintes sur les bateaux négriers étaient jetées à la mer – Rivers Solomon tisse dans Les Abysses (2019) une fable de science-fiction afrofuturiste d’une grande puissance. Iel met en scène les Wajinrus, peuple de sirènes androgynes descendant de ces femmes jetées au large et dont certaines donnèrent naissances à des enfants disposant de branchies et de nageoires, capables de survivre dans les abysses. Mais les Wajinrus ont préféré oublier leur histoire. Seule Yetu se souvient. Dépositaire de la mémoire traumatique de son peuple, elle se questionne : comment avancer vers l’avenir, quand on a oublié son passé ?

Les Abysses, de Rivers Solomon, J’ai Lu, 6,90 €.

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Article rédigé par
Milo Penicaut
Milo Penicaut
Journaliste