Jusqu’au 28 août 2022, le musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme accueille Marcel Proust. Du côté de la mère. Une exposition-hommage qui, pour la première fois en France, s’intéresse à la judéité de l’écrivain.
À l’occasion du centenaire de sa mort, le musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme (mahJ) a décidé de rendre hommage à Marcel Proust. Intitulée Marcel Proust. Du côté de la mère, l’exposition souligne l’importance de la relation que l’auteur entretenait avec sa génitrice. À la disparition de cette dernière, en 1905, il s’était fait la promesse de concevoir « quelque chose qui aurait plu à maman ». Et ce fameux « quelque chose » se traduira par un roman conséquent qui n’est autre qu’À la recherche du temps perdu (1913-1927).
Si la manifestation cristallise l’influence de la mère sur l’œuvre de Marcel Proust, elle évoque également, pour la première fois en France, sa judéité. Cette condition lui vient de sa famille maternelle, les Weil, et l’a tout autant inspiré tout au long de son existence. Ces derniers, israélites, évoluaient au sein de la bourgeoisie moderne et ont joué un rôle crucial dans l’histoire de la communauté juive.
Des personnages empreints de la tradition juive
Affaire Dreyfus, homosexualité qu’il considère comme « un alter ego du Juif », questions des mémoires collectives et individuelles… Cet héritage d’envergure a poussé Marcel Proust à s’engager dans de nombreuses causes qui ont façonné l’identité juive. L’écrivain de talent s’inscrit ainsi dans cette lignée d’artistes et d’intellectuels juifs qui, au début du siècle dernier, ont porté la modernité nouvelle. Dans un mouvement d’intégration inédit, ils ont enfin pu accéder à des domaines de la vie politique, économique, sociale et culturelle qui, jusqu’alors, leur étaient limités.
Peintures, dessins, gravures, ouvrages divers et variés… Le mahJ a réuni près de 230 œuvres qui ont inspiré l’écrivain. Parmi elles, des toiles de Monet et de Vuillard, ou encore des sculptures de Rodin et de Bonnard. Quelques documents – desquels figurent les épreuves corrigées de Du côté de chez Swann (1913), de Sodome et Gomorrhe (1922-1923) – dévoilent également la structure des manuscrits proustiens. Leur composition est semblable à celle du Talmud, texte religieux qui retranscrit la Loi orale hébraïque.
En dehors de leur seul aspect formel, les textes de Marcel Proust abondent en personnages empreints de la tradition juive. Certains font écho aux histoires d’Esther et de Zohar – figures religieuses issues de la Torah ou de la Kabbale –, d’autres souffrent de l’antisémitisme ambiant dans quelques strates de la société de la toute fin du XIXe siècle. Si, de son temps, certains reprochaient à l’auteur de dépeindre les juifs de manière caricaturale, ses portraits insistent, au contraire, sur les différents préjugés dont ils étaient victimes.
Marcel Proust. Du côté de la mère, au musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, jusqu’au 28 août 2022.