Cette grande exposition, organisée en étroite collaboration avec le musée National d’Art de Catalogne (Barcelone), marque la première monographie française consacrée à l’architecte mondialement célèbre de la Sagrada Familia.
Il n’est évidemment pas ici question de déplacer entre les murs du musée d’Orsay quelconque édifice d’Antoni Gaudí, dont l’oeuvre est si indissociable de l’architecture catalane. L’exposition, organisée grâce au concours des musées d’Orsay et de l’Orangerie (Paris) et du Museu Nacional d’art de Catalunya (Barcelone), ambitionne plutôt de retracer et de replacer le processus de création de cet architecte emblématique de l’Art Nouveau dans un contexte d’émulation sociale, politique, artistique et architecturale en Catalogne au tournant du XXe siècle.
Ainsi l’exposition présente-t-elle plus de 200 objets, dessins, plans, photographies, moulages, maquettes, pièces de mobiliers et vitraux qui témoignent de la méthode de travail de l’architecte ainsi que du contexte industriel propice à l’émergence de son oeuvre, qui se dessine tout particulièrement à travers la relation de Gaudí avec l’aristocratie catalane à l’instar de son fidèle ami et client, Eusebi Güell.
L’exposition s’attache à mettre en lumière ce paradoxe actif au sein de l’oeuvre de Gaudí, entre le pragmatisme de l’architecte d’une part, que certains rapprocheront sans doute du courant fonctionnaliste, et une profonde foi religieuse d’autre part (doublée d’une connaissance palpable de la culture et du folklore de sa région) matérialisée par le projet qui occupera presque toute sa vie, la « Grande Eglise », qui deviendra la célèbre Sagrada Familia, chef d’oeuvre artistique et architectural encore en cours de construction à ce jour.
L’exposition s’ouvre par une reproduction du vestibule d’un appartement de la Casa Milá (1906-1910) et ses boiseries en chêne sculpté, avant d’entrer dans l’atelier près de la Sagrada Familia où Gaudí passa les dernières années de sa vie. L’exposition reproduit notamment l’astucieux « dispositif aux miroirs » auquel il avait recours afin de pouvoir analyser un objet sous toutes ses coutures. On découvre également les ouvrages qui ont pu l’inspirer dans sa formation, aux côtés de quelques moulages, avant d’aborder entre autres sa collaboration avec historique Eusebi Güell, qui donnera naissance à des points de repère emblématiques de Barcelone (le Park Güell, le Palais Güell, etc.), les immeubles d’habitation et enfin la Sagrada Familia, sommet de cette architecture quasi organique propre à Gaudí et qu’un certain Salvador Dali aimait qualifier de « comestible ».
Gaudí, Musée d’Orsay (Paris 7e) – du 12 avril au 17 juillet 2022