Le système d’accès à Internet Starlink pourrait sonner ses dernières heures dans l’Hexagone. Après que sa licence a été annulée par le Conseil d’État, une consultation publique de l’ARCEP scellera le verdict final.
Fondée par Elon Musk, patron de SpaceX ou encore de Tesla, Starlink est spécialisée dans la fourniture d’accès à internet par satellites. L’entreprise américaine, qui a récemment envoyé plus de 5000 bornes en Ukraine, a fait son entrée dans l’Hexagone en 2021, avec de belles promesses pour les résidents basés dans des zones blanches. Grâce à sa constellation de satellites situés en basse orbite autour de la Terre, Starlink avançait pouvoir offrir à tous une connexion internet, y compris dans les zones rurales les plus reculées et dépourvues de l’ADSL et de la fibre optique.
Le 9 février 2021, l’ARCEP avait décidé d’élargir l’offre actuelle et d’attribuer à Starlink des fréquences hertziennes. Deux mois plus tard, l’entreprise d’Elon Musk lançait ses premières offres. Or, la présence de la firme américaine en France n’a pas été bien accueillie, notamment pour des questions environnementales, mais aussi de santé. Les associations Priatem et Agir avaient saisi le Conseil d’État en vue d’annuler les autorisations obtenues par l’américain. Elles avaient notamment tablé sur un défaut de procédure.
Faux pas de l’ARCEP
Ces associations opposantes au déploiement des bornes ont obtenu gain de cause. Le Conseil d’État a publié son arrêt le 5 avril dernier. Le manque de respect des procédures a été mis en avant, l’ARCEP n’ayant pas organisé de consultation publique avant de délivrer les bandes de fréquences à Starlink.
Le régulateur des télécoms indique dans un communiqué qu’il n’y avait pas d’incidence sur le marché et que l’arrivée de ce nouveau fournisseur d’accès à internet n’engendrerait pas de rareté des fréquences. Au contraire, son arrivée permettrait « une cohabitation de multiples acteurs satellitaires ». D’où l’absence de consultation publique préalable.
L’ARCEP doit désormais se conformer à la requête du Conseil d’État. Elle vient à ce titre d’ouvrir cette consultation, qui se tiendra jusqu’au 9 mai. À l’issue de cette étape clé, un nouvel avis sur ce FAI américain sera rendu.
Dans l’attente, les abonnés à Starlink ont toujours accès à internet. Le service sera coupé uniquement si l’ARCEP décide de ne pas ré-attribuer les bandes de fréquence au FAI.
Encore un espoir pour le groupe d’Elon Musk
La fin de Starlink en France n’est donc pas encore signée. Il ne pourrait finalement s’agir que d’un report, le temps que la procédure soit régularisée.
L’ARCEP insiste en effet sur le fait qu’à ce jour seule une poignée d’internautes utilise un tel réseau. Leur nombre est estimé à quelques dizaines de milliers de personnes selon le régulateur, alors que le très haut débit a conquis plus de 17 millions d’abonnés.
Pour autant, il s’agit d’une solution alternative dédiée aux personnes qui ne peuvent pas passer par les réseaux terrestres. Il s’agit aussi d’une solution non accessible à tous. Il faut en effet compter près de 500 euros pour le kit de connexion, auquel s’ajoutent des frais d’expédition, plus un abonnement de 99 euros par mois.
Rappelons qu’en parallèle, l’Europe veut lancer son propre réseau de satellites, notamment pour contrer Starlink. Un budget de 6 milliards d’euros est consacré à ce projet gargantuesque. Les premiers satellites devraient rejoindre la basse orbite à l’horizon 2024.