Du 2 au 28 mars, la Fnac des Ternes présente une vingtaine de photographies de Philippe de Poulpiquet issues d’une série de reportages que le magazine ELLE a consacrés aux femmes afghanes en septembre dernier, fruits d’une collaboration sur le terrain avec la grand reporter Ava Djamshidi.
Après les Champs-Élysées et les Buttes Chaumont, l’exposition-reportage du magazine ELLE consacrée aux femmes afghanes – suite à la prise de pouvoir des talibans, coïncidant avec le départ des troupes américaines – est à découvrir en ce moment à la Fnac des Ternes et ce jusqu’au 28 mars. Un reportage n’aurait pas pu voir le jour sans le travail de la journaliste Ava Djamshidi et du photographe Philippe de Poulpiquet, et leur parcours du combattant pour se rendre à Kaboul alors que tous les avions étaient cloués au sol et que les talibans prenaient définitivement le contrôle de la capitale afghane.
« Quand interviennent les derniers soubresauts de l’actualité en Afghanistan, à la mi-août, on se dit très vite que c’est essentiel d’aller sur place pour raconter ce qui se passe et ne pas oublier la manière dont les Afghanes vont vivre ce nouveau changement de régime, puisqu’on se doutait bien que les talibans allaient récupérer le pouvoir (…) », rappelle Ava Djamshidi.
Pour entrer en Afghanistan à ce moment crucial, la journaliste et le photographe doivent faire des pieds et des mains et passent finalement par le Pakistan après avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires. Une fois arrivés en pays taliban, le constat est sans appel : « vous ne voyez pas de femmes », raconte la journaliste. « C’est très marquant quand vous êtes Française et que vous avez l’habitude de voir des femmes partout. On a fait des heures de route sans croiser aucun visage féminin ».
« Au moment d’entrer dans la capitale, on les voit très peu, elles sont très fuyantes et se dépêchent quand elles marchent (…) ». Les rencontres les plus décisives ont alors lieu dans des salons de beauté, « un des seuls endroits où les jeunes femmes avaient encore la possibilité de se retrouver ». Les Afghanes qui acceptent d’être prises en photo manifestent ouvertement leur volonté de montrer leurs visages, avec tous les risques que cela comprend. « Le fait qu’une jeune femme accepte de prendre un tel risque dans ce contexte force le respect ».
Les photos prises par Philippe de Poulpiquet rappellent que ce sont là des femmes comme les autres « qui se retrouvent encagées dans un tissu qui symbolise toutes les privations qu’elles auront désormais dans leur quotidien », à l’image de Malalaï, 24 ans, aide-soignante et ex-joueuse de l’équipe nationale de football du pays, qui s’est retrouvée du jour au lendemain sans travail ni possibilité de faire du sport. Au moment où la une du magazine a été prise, Malalaï sortait pour la première fois de chez elle depuis la prise de Kaboul et y apparaît épuisée, habitée par la peur et l’incompréhension. La plupart de ces jeunes femmes ont d’ailleurs commencé à prendre des antidépresseurs à cette période en raison du bouleversement si radical de leur ancien mode de vie.
« En arrivant à cette période, on ne savait pas trop où on mettait les pieds », se remmémore le photographe qui avait déjà couvert l’actualité du pays par le passé mais sous l’occupation américaine. « À Kaboul, on a croisé très peu de femmes, ou alors revêtues comme on ne les voyait plus depuis des années ». À l’extérieur, le photographe ne peut pas s’équiper de gros boitiers et doit se faire discret avec son Leica à focale fixe, mais n’a en revanche pas de mal à photographier les talibans posant fièrement devant son objectif.
Dans les salons de beauté où les visages se dévoilent enfin, son travail est finalement aidé par la joie de ces femmes soulagées de pouvoir témoigner à visage découvert devant des journalistes : « elles se sentaient mises en valeur, c’était important pour elles de se faire photographier et elles avaient une certaine fierté à l’être (…) je voulais sortir des clichés qu’on peut voir des femmes dans des pays en guerre et les photographier comme elles étaient vraiment ».
Aux côtés des femmes afghanes – Résister, du 2 au 28 mars à la Fnac Ternes (puis du 4 au 24 avril à la Fnac Lyon-Bellecour) – Entrée libre