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La chute de Netflix en Bourse annonce-t-elle le lent déclin de la plateforme ?

25 janvier 2022
Par Alexandre Manceau
Netflix
Netflix ©CameronVenti

Ayant enregistré une chute vertigineuse et des prévisions étonnement faibles, la plateforme voit aussi ses rivaux gagner en puissance.

Malgré l’émergence de concurrents, l’année 2021 a une fois de plus confirmé à quel point Netflix restait le cador de la SVoD. Avec plusieurs contenus tels que Squid Game (qui devrait avoir droit à une troisième saison), Hellbound ou le film record Red Notice avec Dwayne Johnson et Ryan Reynolds, la plateforme a encore fait parler d’elle et a su attirer des millions de téléspectateurs. C’est simple : les résultats de Netflix n’ont jamais été aussi bons qu’en 2021.

Un début d’année douloureux côté Bourse

La firme a en effet enregistré 30 milliards de dollars de chiffre d’affaires, un chiffre en hausse de 19% par rapport à 2020. Le bénéfice d’exploitation atteint quant à lui 6,2 milliards de dollars, un total là aussi en hausse de 35% par rapport à 2020, et le portefeuille d’abonnés a atteint le cap des 222 millions de curieux. Tous ces chiffres ont de quoi donner le sourire, mais la réalité est plus complexe. Il y a quelques jours, les résultats du quatrième trimestre 2021 et les prévisions du premier trimestre 2022 ont été un coup dur pour la plateforme. En quelques heures, la capitalisation boursière de Netflix a perdu 50 milliards de dollars, faisant du 21 janvier 2022 sa pire journée en bourse depuis juillet 2012, date à laquelle l’action avait entamé une chute vertigineuse pendant plusieurs mois.

Par ailleurs, Netflix en a profité ces derniers jours pour dévoiler ses prévisions d’abonnement pour le premier trimestre. Le service de vidéo en ligne table en effet sur un gain net de 2,5 millions d’abonnés au premier trimestre, ce qui constituerait la progression la plus modeste pour les trois premiers mois de l’année depuis 2010. Une situation qui laisse toutefois les dirigeants optimistes puisque « le streaming supplante le divertissement linéaire partout dans le monde. », comme ils l’expliquent dans leur lettre aux actionnaires.

Netflix peut-il tenir la route face à l’émergence de la concurrence ?

C’est un fait : Netflix n’a plus autant la cote sur le marché américain. Sur les 18,1 millions de nouveaux abonnés recrutés en 2021, il n’en a ajouté « que » 1,27 million en Amérique du Nord (75,2 millions d’abonnés au total). De son côté, la zone Europe rattrape son retard en ajoutant 7,33 millions d’abonnés en 2021, pour terminer à 74 millions d’abonnés. À ce rythme, le nombre d’abonnés de la zone EMEA devrait dépasser celui de la zone UCAN en 2023. Par ailleurs, Netflix a bénéficié pendant longtemps d’une avance très confortable sur la plupart de ses concurrents américains mais, depuis 18 mois, la concurrence est plus rude. C’est à l’international que Netflix a le plus progressé en 2021, mais plusieurs concurrents tels que HBO Max, Peacock ou Paramount+ ne sont pas encore déployés en Europe.

De leur côté, Disney+ et Amazon Prime Video commencent à dépasser Netflix dans certains pays et viennent ainsi menacer ce leadership. Avec les nombreuses séries Marvel et Star Wars prévues sur Disney+ en 2022 et 2023, sans oublier plusieurs hits tels que Le Seigneur des Anneaux chez Amazon ou Halo sur Paramount+, pas sûr que la simple marque Netflix continue à battre des records. En 2022, la plateforme au grand N pourra cependant compter sur le retour de plusieurs cadors tels que La Chronique des Bridgerton, Stranger Things ou The Witcher, à travers le spin-off Blood Origin. Mais ces licences suffiront-elles à garantir de l’intérêt auprès du grand public sur le long terme ? Une chose est sûre : la guerre du streaming promet d’être terriblement intense dans les mois à venir.

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Alexandre Manceau
Alexandre Manceau
Journaliste
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