En pleine tournée, Pierre-Emmanuel Barré s’apprête à retrouver le Bataclan dans un contexte tendu. Son nouveau spectacle arrive à Paris alors que l’humoriste est visé par une plainte du ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez.
À trois jours de son arrivée au Bataclan, Pierre-Emmanuel Barré est de nouveau sous les projecteurs. L’humoriste, en tournée depuis l’automne avec Come-Back, s’apprête à enchaîner trois dates parisiennes avant de revenir dans la même salle en avril puis en mai 2026. Un retour très scruté tant pour le spectacle que pour l’actualité judiciaire qui l’entoure : l’artiste est visé par une plainte du ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, déposée après une chronique diffusée début novembre sur Radio Nova.
Un futur fictif pour parler du présent
Dans ce spectacle, Pierre-Emmanuel Barré imagine un saut dans le temps : nous sommes en 2031, l’humoriste est devenu ringard et tente de relancer une carrière minée par les bad buzz et l’usure. Co-écrit avec Arsen, le spectacle prend la forme d’un seul en scène hybride. Barré s’y présente comme cet artiste en panne d’inspiration, confronté aux nouvelles règles du stand-up. Une mise en abyme qui interroge la place de l’humour aujourd’hui et la difficulté de continuer à faire sens.
Dans Le Monde, la critique est sévère. Le quotidien évoque « un Come-Back déconcertant » mais avec le sentiment que l’humoriste « se saborde ». Selon le quotidien, « cette sorte d’antispectacle fait du surplace » et, « en abandonnant la politique, Pierre-Emmanuel Barré, bien que toujours aussi bon comédien, fait beaucoup moins rire ». Si Le Monde salue certains passages, notamment la parodie d’un magazine people ou les séquences vidéo, il regrette un spectacle qui « tourne à vide ».
Le HuffPost, au contraire, revendique un enthousiasme sans détour. « Nous, on a beaucoup, beaucoup ri », écrit le média. Il souligne un spectacle corrosif, où Barré règle ses comptes avec l’époque, tout en se moquant de lui-même. Le site insiste sur la dimension satirique et sur un futur « à la fois terrifiant pour lui, et hilarant pour nous ».
Un spectacle rattrapé par l’actualité
Le 9 novembre, dans l’émission La dernière sur Radio Nova, Pierre-Emmanuel Barré a qualifié la police et la gendarmerie d’ « institutions structurellement brutales, racistes et déresponsabilisantes » et comparé les forces de l’ordre à « Daech avec la sécurité de l’emploi ». Deux jours plus tard, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, adressait une plainte au parquet de Paris pour dénoncer des « propos inqualifiables ».
Radio Nova a immédiatement pris la défense de son chroniqueur. Dans un communiqué, la station affirme que « préserver la liberté de ceux qui font rire, c’est protéger la santé de notre démocratie ». Elle rappelle que « la liberté d’expression (…) suppose d’accepter la satire, la caricature et la critique ».
Sur scène, Barré intègre cette polémique à son spectacle. Le HuffPost rapporte une longue séquence visant Laurent Nuñez, ajoutée récemment, que l’humoriste assume pleinement : « Je ne me suis pas embêté. Avant, c’était le même texte avec Retailleau. (…) Ça marchait tout aussi bien parce que c’est tous les mêmes. »