Après Beastars, une nouvelle œuvre de l’univers d’Itagaki s’offre une adaptation animée. Portée par la patte du studio Science SARU, la série conjugue absurdité, noirceur et critique sociale. Nous avons vu le premier épisode : voici notre verdict.
Le père Noël a bien changé. Finies la bedaine et la hotte pleine de jouets. En 2080, il est taillé comme un boxeur, résiste au feu et promet de sauver un monde sans espoir. Avec Sanda, Prime Video accueille une nouvelle série animée, adaptée du manga de Paru Itagaki – l’autrice de Beastars. Très loin de sa fable animalière en 3D, ce nouveau projet signé Science SARU troque la psychologie feutrée pour une dystopie furieuse, où Noël devient un symbole interdit.
Un monde déshumanisé
Dans le Japon imaginé par Itagaki, les naissances se sont effondrées. Le gouvernement contrôle tous les aspects de la vie : mariages imposés, sommeil rationné, séparation stricte entre enfants et adultes… Et surtout : Noël n’existe plus. C’est dans ce décor glacial que le collégien Kazushige Sanda découvre un jour qu’il est l’héritier du père Noël, une figure reléguée à un mythe ignoré et interdit.

Diffusé le 3 octobre, le premier épisode ne s’embarrasse d’aucune introduction. Fuyumura, une élève étrange au teint blafard et aux allures burtoniennes, orchestre méthodiquement les conditions du réveil de « Santa » : un 25 décembre enneigé, un cadeau offert… et une touche de rouge.
Pour accomplir cette dernière, elle ne recule devant rien et enfonce une lame dans la poitrine de son camarade. Le début de l’anime fixe d’emblée les règles du jeu : Sanda sera une œuvre sans concessions, où l’absurde côtoie violence et audace.

Fuyumura agit dans l’ombre d’un drame : la disparition inexpliquée de son amie Ono. C’est cette quête désespérée qui justifie sa folie méthodique : en réanimant la figure du père Noël, elle cherche à ouvrir une brèche dans cette société totalitaire, sans doute à l’origine de l’effacement de son amie.
Une esthétique déroutante
Le studio Science SARU, déjà derrière l’exceptionnel DanDaDan, impose de nouveau sa patte si singulière. Très loin du réalisme 3D du studio Orange sur Beastars, Sanda revient à une 2D brute, quasi primitive. Les dessins sont dépouillés, les contours épais, les visages étranges, les couleurs volontairement éteintes – des gris, des bruns, des ombres, et une seule teinte vive : le rouge.

Rouge du manteau, rouge du sang, rouge du symbole. Dans l’opening, l’idée se poursuit : un générique noir et blanc, ponctué seulement d’éclats écarlates. De quoi créer un vrai contraste entre l’imaginaire enfantin de Noël et la noirceur du propos.
Un lancement prometteur
Si Beastars mêlait instinct animal et drame social, Sanda promet de juxtaposer la mythologie de Santa Claus à une critique de la société japonaise. Itagaki transforme un conte universel en farce cruelle, où la générosité devient un crime, et la joie, une provocation politique.
Ce premier épisode secoue, choque et amuse tout à la fois. On retrouve l’esprit d’une génération d’anime qui préfèrent le chaos à la mesure, de DanDaDan à Sakamoto Days. L’univers – étrange, dérangeant, indéniablement vivant – offre une énergie baroque qui pourrait bien faire de l’anime l’un des ovnis les plus intrigants de la saison. À suivre.