L’aspirateur robot capable de gravir un escalier n’est plus un doux rêve d’ingénieur fou ou de geek biberonné à la science-fiction. S’ils existent pour l’instant à l’état de prototypes, des engins de ce genre devraient être commercialisés dès l’année prochaine.
Nous le pressentions déjà à l’issue de l’édition 2024 du salon berlinois IFA : les futures générations d’aspirateurs robots seraient peut-être en mesure de monter des marches. Après l’édition 2025 de cette grand-messe des nouvelles technologies, on peut confirmer qu’on y est presque. Pas moins de trois fabricants ont en effet dévoilé des solutions dans ce sens : Dreame, Eufy et Mova.
Des nacelles ou des “ascenseurs” pour robots
On voyait venir les fabricants avec leur idée de faire gravir des escaliers aux aspirateurs robots, mais on se demandait comment ils allaient bien pouvoir s’y prendre. On aurait par exemple pu imaginer des sortes de pattes rétractables installées dans le châssis – un peu dans le même esprit que les bras robotisés dont certains robots déjà commercialisés sont équipés.
Mais les trois fabricants qui ont développé des prototypes ont choisi une autre option. Pour l’instant, ça n’est pas le robot qui monte les marches, mais un support robotisé intelligent dans lequel l’aspirateur se glisse. Cela présente plusieurs avantages, à commencer par la potentielle compatibilité avec différents robots. Mova, par exemple, indique que son module Zeus 60 pourrait être compatible avec la plupart de ses futures références d’aspirateurs.
Dreame a conçu son système QuadTrack pour fonctionner avec un modèle, les deux formant un ensemble baptisé Cyber X – ils seront probablement vendus ensemble. Mais la marque n’exclut pas un possible fonctionnement avec d’autres robots de son catalogue. Eufy annonce pour sa part une compatibilité du Marswalker avec son Omni S2 sans fournir plus de précision. Mais, étant donné que, dans les trois cas, le robot s’arrime à un module pour monter les marches, rien ne semble s’opposer à ce que cela puisse se faire avec différents robots d’un même fabricant.
L’autre avantage, c’est qu’en cas de chute dans les escaliers, un robot enfermé dans un châssis de ce genre est au moins un peu protégé.
L’inconvénient majeur est le prix, qui sera forcément élevé. Les tarifs ne sont pas encore communiqués, mais on peut s’attendre à ce qu’ils soient salés, d’autant que ces équipements embarquent leurs propres capteurs, batterie, système de vision ou de cartographie : en quelque sorte, ces modules grimpeurs sont eux-mêmes des robots. Dreame, par exemple, indique que son système utilise un « laser à lumière structurée combiné à une caméra IA (qui) cartographie les escaliers en temps réel, calculant la profondeur, l’angle et la hauteur ». Mova évoque pour sa part plus de « dix jeux de capteurs ».
Encore un peu lents pour l’instant
Mova a choisi de construire son support avec deux bras indépendants qui montent marche par marche ; les bras d’abord, le châssis accueillant le robot ensuite. Même s’il est bardé de capteurs et voué à fonctionner de manière totalement autonome, le Zeus 60 tel que nous l’avons vu, à l’état de prototype, doit être programmé, positionné juste devant la première marche et il faut même parfois l’aider un peu à se lancer. Ensuite, la progression est lente, mais les « pas » sont assurés et l’ensemble est étonnamment stable. Le mécanisme est impressionnant, presque hypnotique.
Dreame et Eufy ont fait un choix différent : celui d’un module qui se comporterait un peu comme un traîneau. Il grimpe les escaliers en s’appuyant sur le nez des marches, en se hissant grâce à des sortes de chenilles caoutchoutées sur les côtés, comme on en voit sur certaines machines de chantier tout-terrain. Des bras mobiles (deux à l’avant et deux à l’arrière) permettent à l’ensemble de s’accrocher aux premières marches et de se stabiliser une fois le dispositif arrivé à l’étage.
Pour ce qui est de l’Eufy Marswalker, ce sont surtout la préparation du module et l’arrimage du robot qui nécessitent un peu de temps. Ensuite, il accède aux premières marches assez vite, alors que cette étape prend un peu plus de temps au modèle de Dreame (de même que la stabilisation, une fois l’équipement arrivé au niveau du palier). Les deux appareils grimpent leur volée de marches assez rapidement – Dreame, qui donne le plus de détails, évoque une vitesse de 0,2 m/s.
Ces nacelles intelligentes devraient permettre d’exploiter pleinement les fonctionnalités de nettoyage multiétage des aspirateurs robots, sachant qu’elles devraient d’ailleurs être capables de gravir plusieurs étages (jusqu’à cinq dans le cas de Dreame, par exemple). Naturellement, elles ne servent pas seulement à faire monter les robots ; elles peuvent aussi les faire redescendre.
Pour un œil extérieur, la prestation de ces modules peut sembler lente et pataude. Mais nous, qui suivons le marché des aspirateurs robots depuis des années, y voyons une indéniable prouesse technologique. En matière d’usage, c’est également un véritable cap qui est sur le point d’être franchi.
De possibles limites structurelles ?
Pour l’instant, les démonstrations auxquelles nous avons assisté montraient les robots grimper des escaliers droits aux marches régulières. Dreame indique que son QuadTrack peut gravir des marches d’une hauteur allant jusqu’à 25 cm et qu’il « s’adapte dynamiquement à la largeur et à la géométrie des marches ». Mova évoque également la capacité de Zeus à naviguer dans des « escaliers asymétriques » et à gravir des marches jusqu’à 25 cm. Lui aussi détecte leur hauteur.
Quoi qu’il arrive, dans des escaliers tournants, il doit bien y avoir une limite au-delà de laquelle la stabilité de l’appareil n’est plus garantie. Quid de la hauteur des marches, de leur régularité et de leur profondeur ?
D’autres questions peuvent également se poser : par exemple, faudra-t-il une station de charge spécifique au module en plus de celle (déjà imposante) du robot ? Nous n’aurons peut-être pas à attendre les réponses si longtemps. Eufy, par exemple, évoque une commercialisation au premier semestre 2026 ; idem pour Mova. Dreame espère également une mise sur le marché en 2026, sans plus de précisions.
