Critique

Only Murders in the Building : Charles, Mabel et Oliver ont-ils toujours autant de flair ?

08 septembre 2025
Par Marion Olité
“Only Murders in the Building”, saison 5, le 9 septembre 2025 sur Disney+.
“Only Murders in the Building”, saison 5, le 9 septembre 2025 sur Disney+. ©Disney+

Le trio de détectives le plus charmant du petit écran est de retour pour une cinquième affaire criminelle. Diffusée à compter du 9 septembre sur Disney+, la saison 5 rattrape le petit bémol de la précédente.

En envoyant Mabel (Selena Gomez), Charles (Steve Martin) et Oliver (Martin Short) à Hollywood et en les confrontant à leurs doubles fictifs (leur podcast était alors adapté en film), la saison 4 d’Only Murders in the Building nous a offert un lot impressionnant de guests (Eva Longoria, Eugene Levy et Zach Galifianakis pour ne citer qu’eux) et une mise en abyme parfois savoureuse, mais parfois aussi un brin poussive, avec trop de personnages et une enquête difficile à suivre.

Cette cinquième saison sonne comme un retour aux sources : elle est centrée sur le meurtre de Lester (Teddy Coluca), le portier de l’Arconia, aka la résidence haut de gamme la plus dangereuse de l’Upper West Side. Touchés par cette disparition, Mabel, Charles et Oliver se lancent dans une nouvelle enquête où un mort peut en cacher un autre, et où un doigt peut se glisser au milieu d’un plateau de crevettes.

Une série sur l’importance du lien social

C’est très malin de la part des scénaristes, menés par le showrunner John Hoffman (également créateur du show avec Steve Martin), d’avoir choisi le personnage de Lester comme victime cette saison. Cette décision permet de plonger dans l’histoire de l’Arconia et plus largement de New York, mais aussi de recentrer l’intrigue autour des relations de voisinage dans un monde toujours plus individualiste, où la technologie remplace les emplois véritablement créateurs de lien social, notamment avec les personnes âgées et isolées, très présentes dans la série.

Only Murders in the Building, saison 5.©Disney+

L’épisode 2, After you (après vous), raconte en flashback la vie de Lester, arrivé à l’Arconia dans les années 1960 avec des rêves d’acteur plein la tête. Entre regrets doux-amers et rencontre romantique, on découvre l’existence de ce portier malgré lui et ses petits arrangements avec sa conscience. La série rend ainsi hommage aux vies de celles et ceux qui travaillent au service des autres, à une époque où le service à la personne se robotise (l’une des trouvailles comiques cette saison est l’arrivée d’un robot Lester, pour suppléer le nouveau portier) et reste toujours sous-valorisé.

Les nouveaux mafieux font des Ted Talk

Sans trop en dévoiler sur l’intrigue, cette nouvelle salve s’amuse (et nous amuse !) avec les stéréotypes liés aux films de mafieux qui ont inondé le cinéma de la deuxième moitié du XXe siècle. Comme le montre le trailer, Charles, Mabel et Oliver vont avoir affaire à une étonnante famille d’anciens mafieux dirigée par la matriarche Sofia Caccimelio (Tea Leoni).

Only Murders in the Building, saison 5.©Disney+

Si Only Murders in the Building aime se lover dans la nostalgie (c’est aussi ce qui fait son charme) et livre au passage quelques anecdotes historiques, elle raconte toujours quelque chose de notre époque. Au cours de leur enquête rocambolesque, nos trois détectives du dimanche réalisent que les véritables mafieux d’aujourd’hui, ceux qui détiennent les cordons de la bourse et ont les moyens de rester au-dessus des lois, ne sont autres que trois milliardaires sans scrupules, interprétés par Renée Zellweger, Logan Lerman et Christoph Waltz. Chacun représente un archétype d’ultrariche : il y a Camila White, la grande prêtresse de la déco au sourire pincé, Jay Pfluig, l’influenceur qui se la joue « normal », et Bash Steed, le génie d’Internet obsédé par l’immortalité.

Only Murders in the Building, saison 5.©Disney+

S’attaquer aux ultrariches n’est pas l’idée la plus originale du monde, mais elle fonctionne bien, surtout en étant portée par des interprètes de cet acabit, qui s’amusent visiblement comme des petits fous avec leurs personnages. « Est-ce qu’ils nous menacent ou est-ce qu’ils sont charmants ? Je n’arrive pas à savoir ! », se lamente Oliver, à la boussole d’enquêteur détraquée face à ces CEO très propres sur eux, prêts à jouer l’achat d’un nouvel hôtel sur une partie de Docteur Maboul.

La recette parfaite du cosy mystery

Depuis son succès surprise en 2021, Only Murders in the Building semble avoir trouvé la recette parfaite du cosy mystery. Issu de la littérature, ce sous-genre de la fiction policière met en scène une personne qui enquête au cœur d’une petite communauté où tout le monde se connaît. Il se distingue aussi par son intrigue, façon Cluedo : des indices mènent à des pistes, d’abord fausses, mais qui mènent à d’autres pistes, jusqu’à la révélation finale. Il s’agit de saupoudrer tout ça d’une bonne dose d’humour : on ne cherche pas ici un quelconque réalisme.

Derrière leur violence apparente – on part d’un meurtre à résoudre –, ces fictions se révèlent presque tout public : les scènes de meurtre ou de sexe se produisent hors champ. Les cosy mystery emportent l’adhésion parce qu’ils sont ludiques, suivent une structure bien formatée pour nos cerveaux rassurés par les routines, et mettent en scène des personnages attachants qui s’entraident.

Tout a plus ou moins commencé avec Agatha Christie et son roman Ils étaient dix. Sur le petit écran, des séries vintage cultes comme Columbo, Arabesque ou Hercule Poirot appartiennent à ce même genre. Plus récemment, des films comme À couteaux tirés (2019) et Glass Onion (2022) ou la série La résidence (2025) sur Netflix ont surfé sur la résurgence du genre.

La résidence est une série Netflix.©Netflix

Avec ses dialogues pleins d’esprit et de références à la pop culture, son comique de situation et son adorable trio d’enquêteurs intergénérationnels (Mabel, la millenial ronchon, se lie d’amitié avec deux baby-boomers, l’excentrique Oliver et le misanthrope Charles), Only Murders in the Building a élevé le cosy mystery au rang d’art. Notons aussi la capacité de la série à réunir la crème de la crème hollywoodienne, qui vient passer une tête pour incarner pléthore de seconds rôles désopilants.

Cette saison, on retrouve par exemple la géniale Meryl Streep dans le rôle de Loretta, la femme imprévisible d’Oliver, mais aussi l’excellent Keegan-Michael Key dans celui du maire de New York, impuissant et avide de bonne publicité, ou encore Beanie Feldstein en Théa, une popstar très enthousiaste et ancienne amie de Mabel.

Only Murders in the Building, saison 5.©Disney+

Portée par l’alchimie des trois interprètes principaux, la série a trouvé le bon équilibre pour s’amuser de l’obsession moderne du public pour le genre du true crime. On adore découvrir chaque saison leur murder board (leur tableau d’indice) composé de photos, d’objets et de questions aussi ridicules que : « Qui a mis un doigt dans les crevettes ? »

Après une quatrième saison un peu trop alambiquée, cette nouvelle livraison de dix épisodes a retrouvé tout ce qui fait le charme d’Only Murders in the Building. On laisse le mot de la fin à Charles et ses précieux conseils pour être un détective toujours alerte : « Si on veut infiltrer une réunion nocturne des gangsters les plus effrayants et les plus puissants de New York, on doit d’abord faire une petite sieste. »

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