L’une des dix-sept versions de L’Empire des lumières, la plus célèbre série de toiles du peintre belge, sera mise en vente chez Sotheby’s le 2 mars prochain et est d’ores et déjà estimée à plus de 60 millions de dollars (53 millions d’euros).
Nouveau record en vue pour le peintre surréaliste belge René Magritte (1898-1967) : le 2 mars prochain, la vente à Londres de L’Empire des Lumières (1961) pulvérisera vraisemblablement le précédent record de l’artiste établi en 2018 à New York, toujours chez Sotheby’s, pour la vente du Principe du plaisir, adjugé à l’époque 26,8 millions de dollars (soit environ 23 millions d’euros). La présente toile, estimée à pas moins de 60 millions de dollars, a été réalisée en 1961 à la demande d’Anne-Marie Gillion Crowet, fille de son ami et mécène Pierre Crowet, qui deviendra sa muse jusqu’à la fin de sa vie. L’Empire des Lumières représente l’une des rares tentatives du peintre surréaliste de créer une oeuvre sérielle, entamée dès la fin des années 1940, évoluant au fil du temps, au même titre que les grandes séries des maîtres impressionnistes. Différentes versions du tableau sont aujourd’hui exposées à travers le monde, entre les musées royaux des beaux-arts de Bruxelles, le musée Guggenheim (New York) et la Collection Peggy Guggenheim (Venise), le MoMa (New York), ou encore la Menil Collection (Houston).
L’Empire des Lumières est l’une des oeuvres les plus emblématiques de René Magritte. Traversée par un certain sens de l’image cinématographique (la composition du cadre, le contraste, l’agencement de la lumière, la chaleur qui se dégage de cette maison inquiétante) le tableau est nimbé d’un réel plus que réel dont se dégage un sentiment d’étrangeté. D’une simple scène du quotidien – une maison paradoxalement éclairée par la lumière mourante du jour, le lampadaire et deux fenêtres -, la toile de Magritte convoque un ailleurs et une foule d’images rêvées par l’imagination. L’Empire des Lumières inspirera directement une image iconique de L’Exorciste (1973) de William Friedkin, immortalisée sur l’affiche du film, l’arrivée du prêtre Merrin devant la maison effrayante où la petite Regan MacNeil (Linda Blair) est possédée par le diable. Dans un autre registre, l’esthétique surréaliste de Magritte inspirera par exemple Vivarium (2020) de Lorcan Finnegan.