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Du chef-d’œuvre au fiasco, le meilleur et le pire de Superman

11 juillet 2025
Par Sarah Dupont
David Corenswet est le nouvel Homme d'acier dans “Superman Legacy”.
David Corenswet est le nouvel Homme d'acier dans “Superman Legacy”. ©Warner Bros.

La sortie en salles du Superman de James Gunn ce 9 juillet a ravivé les passions autour de l’homme d’acier. Porté par une nouvelle incarnation plus moderne et plus souriante, ce reboot remet sur le devant de la scène l’un des super-héros les plus emblématiques de l’histoire du cinéma.

1 Superman II, 1980

Rares sont les suites qui surpassent leur modèle ; Superman II y parvient pourtant sans peine. Porté par le charisme de Christopher Reeve, ce second volet réalisé d’abord par Richard Donner, puis repris par Richard Lester, met en scène l’affrontement entre le super-héros et trois criminels kryptoniens menés par le général Zod.

Oscillant entre souffle épique et fantaisie assumée, le film conjugue enjeux intimes et spectacle grand public. Avec 88 % sur Rotten Tomatoes et 83/100 sur Metacritic, il demeure à ce jour l’épisode le plus salué de la franchise.

Le New York Times le décrit comme « merveilleusement divertissant », saluant l’équilibre de ton et la complicité entre les interprètes. Le consensus critique souligne une narration efficace et habitée, malgré des effets spéciaux datés et un humour parfois envahissant. En 2006, la sortie du Donner Cut – version alternative du long-métrage – réhabilite la vision initiale du réalisateur évincé : plus grave, plus émotive, cette mouture gomme les excès burlesques au profit d’une tension dramatique plus forte.

2 Superman, 1978

Premier film de la saga, Superman pose en 1978 les bases du mythe moderne du super-héros au cinéma. Bien plus qu’une simple origin story, il retrace l’enfance de Clark Kent, la chute de Krypton, son adolescence à Smallville, son éveil à Metropolis. Richard Donner y déploie une fresque mythologique, portée par la partition de John Williams et l’interprétation de Christopher Reeve, immédiatement devenu l’incarnation du personnage. Avec 86 % sur Rotten Tomatoes et environ 82% sur Metacritic, cette œuvre s’est imposée comme un classique.

Les critiques de l’époque, comme celles du Time ou du New York Times, saluent son ampleur, sa foi sincère dans le héros et la justesse d’un récit qui assume pleinement la grandeur et la naïveté de son personnage. Certains regrettent un rythme un peu étiré ou des dialogues emphatiques, mais l’ensemble conserve une force émotionnelle intacte.

3 Superman, 2025

N’en déplaise à ses détracteurs, la troisième marche du podium revient à la toute dernière version de l’homme d’acier : Superman, réalisé par James Gunn. Se frotter à l’histoire de ce personnage dans un univers DC en reconstruction relevait du défi, que le réalisateur a relevé avec un film coloré, politique et généreux. David Corenswet (Superman), Rachel Brosnahan (Lois Lane) et Nicholas Hoult (Lex Luthor) forment un trio convaincant, qui permet au film d’atteindre 82% sur Rotten Tomatoes et 68/100 sur Metacritic.

La critique reste pourtant divisée. Plusieurs médias anglo-saxons comme Forbes, The Guardian et The Times dénoncent un récit confus et une mise en scène clinquante, là où une partie de la presse française salue une relecture audacieuse et salutaire du mythe.

Le film assume une esthétique lumineuse, proche du comic book, tout en abordant des thèmes contemporains tels que l’immigration, le pouvoir médiatique ou l’autoritarisme. Si certains pointent un scénario trop chargé et des effets numériques inégaux, d’autres applaudissent le retour d’un Superman plus accessible, sans pour autant être simpliste.

4 Superman Returns, 2006

Bryan Singer signe en 2006 un hommage aux films de Richard Donner, jusqu’à en reproduire la texture visuelle, les sonorités, et même certains dialogues. Dans le rôle-titre, Brandon Routh incarne un Superman discret, presque effacé, loin de l’assurance de son prédécesseur. Le film recueille 72 % sur Rotten Tomatoes et un score identique sur Metacritic (72/100), preuve d’un accueil globalement favorable, mais tiède.

L’intrigue imagine le retour de Superman après cinq ans d’absence, confronté à un monde qui a appris à se passer de lui. Lex Luthor, campé par Kevin Spacey, revient avec un plan de destruction planétaire. Si certains critiques, notamment aux États-Unis, saluent la dimension mélancolique et la beauté formelle du film, d’autres regrettent un rythme trop lent, un manque d’enjeu dramatique et une tendance excessive à l’hommage figé.

5 Man of Steel, 2013

Le blockbuster imaginé et réalisé par Zack Snyder n’arrive qu’en cinquième position. Avec Man of Steel, le cinéaste amorce une relecture grave et spectaculaire du mythe. Henry Cavill incarne un Superman tourmenté, pris entre ses origines kryptoniennes et son humanité, dans un univers visuellement saturé et résolument dramatique. Le film obtient 57 % sur Rotten Tomatoes et 55/100 sur Metacritic, témoignant d’un accueil critique très polarisé.

Certaines voix saluent sa puissance visuelle et sa volonté de rompre avec le ton léger des précédents volets. Forbes souligne ainsi « un réalisme ancré et une approche plus sombre, plus réfléchie, qui contrastent fortement avec la méthode Marvel ».

Mais pour d’autres, cette gravité étouffe le personnage. Wired reproche au film d’avoir voulu « muscler à outrance le concept même de Superman : le rendre plus dur, plus sombre, plus brutal, plus violent, plus explosif ». Vanity Fair, dans une formule lapidaire, estime que Man of Steel « ne décolle pas ».

6 Batman v Superman : l’aube de la justice, 2016

Sixième du classement, Batman v Superman: l’aube de la justice illustre parfaitement l’ambition démesurée et les limites du projet DC mené par Snyder. Sorti en mars 2016, le film réunit Henry Cavill et Ben Affleck dans les rôles des deux héros légendaires, pour un affrontement très attendu, pensé comme une fondation du futur univers étendu. Mais avec 28 % sur Rotten Tomatoes et 44/100 sur Metacritic, l’accueil critique s’est avéré glacial.

Certains ont salué l’audace visuelle et la volonté du film d’aborder des thématiques adultes – le pouvoir, la peur, la divinisation du héros – dans un blockbuster. Mais la majorité des critiques fustige une narration confuse, un ton excessivement grave et une accumulation de sous-intrigues mal exploitées.

The Guardian pointe notamment du doigt un réalisateur qui, « n’étant pas Christopher Nolan, confond obscurité et ténèbres », laissant ses antihéros « errer dans un bourbier stygien d’images quasi religieuses, de décors superficiels et, plus dommageable encore, d’une narration incohérente ».

7 Superman III, 1983

Après les deux volets salués par la critique et le public, Superman III amorce une rupture brutale. Sorti en 1983, toujours porté par Christopher Reeve et réalisé par Richard Lester, le film délaisse la gravité des opus précédents au profit d’un humour appuyé, incarné par l’arrivée de Richard Pryor dans un rôle secondaire envahissant.

L’intrigue – centrée sur une kryptonite synthétique qui scinde Superman en une version héroïque et une version corrompue – avait pourtant du potentiel. Mais entre effets comiques mal dosés et scénario bancal, le résultat s’avère très brouillon.

Le film récolte 31 % sur Rotten Tomatoes et 44/100 sur Metacritic, signes d’un accueil nettement très réservé. The New York Times regrette un glissement vers la parodie, tandis que Time Out parle d’un « désastre ton sur ton ». Malgré quelques scènes mémorables – notamment le duel intérieur de Superman contre lui-même –, ce troisième épisode est souvent perçu comme un faux pas, miné par une volonté de plaire à tout prix.

8 Superman IV, 1987

Clôture peu glorieuse d’une saga pourtant fondatrice, Superman IV reste à ce jour l’épisode le plus décrié. Sorti en 1987 et réalisé par Sidney J. Furie, il voit Christopher Reeve reprendre une dernière fois le costume dans un projet qu’il coécrit et souhaite engagé, autour du désarmement nucléaire. Mais avec seulement 14 % sur Rotten Tomatoes et 24/100 sur Metacritic, le film est un échec critique retentissant.

Miné par un budget drastiquement réduit, un montage précipité et des effets spéciaux bâclés, le long-métrage peine à convaincre sur tous les plans. L’introduction de Nuclear Man, clone surpuissant créé par Lex Luthor à partir de l’ADN de Superman, vire rapidement au ridicule. The Washington Post évoque « une catastrophe du début à la fin », et Christopher Reeve qualifiera plus tard le film de « grande désillusion ».

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