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L’IA : tout le monde l’utilise, mais personne ne la paie

03 juillet 2025
Par Pierre Crochart
L'IA : tout le monde l'utilise, mais personne ne la paie
©Kaspars Grinvalds/Shutterstock

Une nouvelle étude porte à deux milliards le nombre d’utilisateurs des outils d’intelligence artificielle générative dans le monde. Pourtant, personne ou presque ne semble vouloir mettre la main au portefeuille.

Un constat en étonnant décalage avec le nombre croissant d’entreprises qui se lancent à corps perdu dans le développement d’outils d’intelligence artificielle. Pourtant, Menlo Ventures affirme dans son rapport 2025: The state of consumer AI que moins de 5 % des internautes acceptent de payer pour accéder à l’IA.

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L’IA peine à convertir les utilisateurs

L’étude de Menlo Ventures se concentre sur le marché américain. Des données suffisamment représentatives, estime la société de capital-risque, pour pouvoir les extrapoler et proposer une vue d’ensemble de l’utilisation de l’intelligence artificielle au niveau mondial. Ainsi, 61 % des adultes américains auraient utilisé l’IA au cours des six derniers mois, et un sur cinq s’en sert quotidiennement.

Au niveau mondial, 1,8 milliard de personnes utiliseraient donc des outils d’intelligence artificielle comme ChatGPT ou Meta AI, dont 600 millions quotidiennement. Un chiffre ajusté, assure Menlo Ventures, en fonction de l’accès à Internet et de l’attrait des populations pour cette technologie. En bref : un échantillon considéré comme fiable.

Seulement, la plupart des internautes qui accèdent aux outils d’intelligence artificielle depuis leur ordinateur ou leur smartphone le font sur les versions gratuites. ChatGPT Plus, Gemini Pro ou toute autre formule avancée, donnant accès à des fonctionnalités premium et améliorant parfois la pertinence des résultats (contre une vingtaine d’euros par mois en moyenne), peinent en effet à séduire. En prenant comme base les données communiquées par OpenAI (l’éditeur de ChatGPT), Menlo Ventures est parvenu au constat que seulement entre 3 et 5 % des utilisateurs et utilisatrices de l’IA paient pour accéder au service.

Graphique utilisation IA gratuite payante
Répartition des utilisateurs des versions gratuites et payantes des IA génératives.©Menlo Ventures

Les usages avancés de l’IA ne séduisent pas

Pour comprendre pourquoi les éditeurs d’intelligences artificielles génératives ne parviennent pas à convertir les foules, il faut se pencher sur les usages qui sont faits de l’IA. Menlo Ventures a sondé son panel pour dresser une liste des usages les plus courants de cette technologie.

La plupart des personnes se servent de l’IA pour rédiger des e-mails (19 %), puis pour faire des recherches sur des sujets qui les passionnent (18 %). Viennent ensuite la gestion de to-do lists, l’assistance à l’écriture (tous deux à 18 %) et la gestion des repas (16 %).

Les plus gros usages de l'IA
Les usages les plus populaires de l’intelligence artificielle d’après ses utilisateurs et utilisatrices.©Menlo Ventures

Des fonctionnalités tout ce qu’il y a de plus basiques, qui font, certes, gagner un certain temps au quotidien, mais qui ne nécessitent absolument pas d’accéder aux versions avancées de ces outils. Pour séduire le grand public, OpenAI et ses concurrents ont été obligés de publier leurs IA gratuitement. Le phénomène ChatGPT serait-il aussi retentissant si l’outil était payant ? Pas si sûr.

Mais, si les internautes y trouvent leur compte, les entreprises spécialisées, qui ont levé des centaines de milliards de dollars pour soutenir leur développement récent, vont bien devoir rembourser leurs créanciers et dégager du bénéfice. Comment faire, alors que les internautes ne semblent pas prêts à mettre la main au portefeuille ? On le sait, l’intelligence artificielle est particulièrement gourmande en données personnelles. Des données que les annonceurs seraient sans doute prêts à acquérir rubis sur l’ongle, alors que le trafic sur le Web « traditionnel » se réduit dans le sillage de l’injection de résultats générés par IA sur Google. Tout le monde connaît l’adage : « Si c’est gratuit, c’est toi le produit. »

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste