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Human+Tech Week 2025 : développer le potentiel humain grâce aux technologies

21 juin 2025
Human+Tech Week 2025 : développer le potentiel humain grâce aux technologies
©MDV Edwards

L’IA peut-elle nous rendre plus heureux et nous faire vivre plus longtemps ? C’était la question au cœur de la Human+Tech Week à San Francisco.

Du 14 au 20 juin 2025, San Francisco a accueilli la première Human+Tech Week, un nouveau sommet international dédié à l’intersection entre intelligence artificielle et bien-être humain. L’événement, fondé par Nichol Bradford, fondatrice du fond Niremia Collective et maître de conférences à Stanford, s’est fixé une ambition claire : faire de la qualité de vie et du progrès humain le véritable baromètre de l’innovation technologique. Contrairement aux salons classiques centrés sur les gadgets, la Human+Tech Week met au cœur de chaque conférence et atelier une question fondamentale : « De quoi avons-nous réellement besoin en tant qu’êtres humains à l’ère de l’IA ? ». Le parti pris est donc résolument humaniste.

Les six grands thèmes de la semaine – de la santé préventive à la santé mentale en passant par la performance humaine – dessinent une véritable feuille de route pour « s’épanouir dans un monde technologique ». L’initiative témoigne d’une conviction : l’IA et les nouvelles technologies peuvent devenir des alliées précieuses pour améliorer la santé, la longévité et le bien-être de chacun. À condition de garder l’humain – son corps, son esprit, sa dignité – au centre de la réflexion.

La personnalisation grâce à la tech

Cette vision s’incarne dans une multitude d’innovations présentées tout au long de la Human+Tech Week. La santé physique, la longévité et le bien-être mental y forment un récit entremêlé, illustrant comment la technologie investit toutes les facettes de notre vie. Un coup de projecteur a été posé sur le FemTech – ces technologies dédiées à la santé des femmes. Des entrepreneuses y ont présenté des objets connectés capables d’anticiper les bouffées de chaleur liées à la ménopause, de suivre en continu les taux hormonaux pendant la ménopause ou encore l’accompagnement du vieillissement. Ces innovations, autrefois inexistantes, répondent à des besoins longtemps négligés, et s’inscrivent dans un mouvement plus large visant à combler le retard en matière de santé féminine et de traitement différencié.

En parallèle, d’autres travaux explorent comment l’IA peut nous guider au quotidien vers de meilleures habitudes de vie. C’est l’objectif de Thrive AI Health, une jeune pousse cofondée par Arianna Huffington (Thrive Global) et le fonds startup d’OpenAI, qui développe un coach de santé virtuel ultra-personnalisé. Son pdg, DeCarlos Love, ancien de Google, promet un assistant capable de conseiller chacun sur son sommeil, son alimentation, son activité physique ou son stress, en s’appuyant sur les meilleures données médicales et les informations biométriques de l’utilisateur. L’idée d’un bot bienveillant pour garder la forme séduit de plus en plus à San Francisco, où l’obsession du quantified self (suivi des données corporelles) est déjà bien ancrée.

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©agsandrew / Shutterstock

Soigner aussi l’esprit avec la technologie

L’équilibre mental n’est pas en reste dans cette quête de l’« humain augmenté ». La start-up californienne TRIPP, déjà connue pour son application de méditation en réalité virtuelle, a profité de la Human+Tech Week pour présenter Kōkua AI – un coach virtuel émotionnel capable d’offrir un soutien psychologique personnalisé en temps réel. Fort de millions de données d’humeur collectées auprès de ses usagers, ce compagnon virtuel utilise l’IA pour écouter et dialoguer de façon empathique, et pour adapter en direct des exercices de respiration, des visualisations apaisantes ou des environnements immersifs favorisant la sérénité.
Des études récentes (Nature, 2024) suggèrent d’ailleurs que la combinaison de la réalité virtuelle et de l’intelligence artificielle peut réduire significativement l’anxiété, les phobies ou les symptômes de stress post-traumatique en plongeant l’utilisateur dans des espaces thérapeutiques sur mesure. Ces progrès laissent entrevoir un futur où casques de réalité virtuelle et chatbots pourraient compléter – sans remplacer – les psychologues pour démocratiser l’accès aux soins mentaux.

Vivre plus longtemps grâce au biohacking ?

Enfin, la Human+Tech Week a exploré les frontières les plus avant-gardistes de la longévité et de l’auto-amélioration du corps, là où technologie flirte avec expérimentation. Le personnage emblématique de cette scène est sans aucun doute Dave Asprey, présenté comme le « père du biohacking ». Ancien entrepreneur de la Silicon Valley reconverti en gourou de la longévité, Dave Asprey prône une approche proactive consistant à « pirater » son organisme – par le biais de régimes pointus, de compléments alimentaires, d’appareils de stimulation ou même de modifications génétiques – pour reculer les limites de l’âge et booster nos capacités physiques et cognitives.

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©kentoh / Shutterstock

Néanmoins, il ne cautionne pas l’extrémisme dont peut faire preuve le millionnaire Bryan Johnson, qui refuse tout simplement l’idée de mourir un jour. Dave Asprey distingue deux groupes parmi les passionnés de longévité : ceux qui veulent simplement vivre longtemps et ceux obsédés par la lutte contre la mort. Le père du biohacking, 52 ans et qui a déjà investi deux millions en technologies et traitements pour s’assurer de mieux vieillir, aspire à « vivre pleinement et consciemment » le plus longtemps possible.

À San Francisco, il a partagé ses méthodes pour, dit-il, viser allègrement les 180 ans. Si ces pratiques de biohacking suscitent autant d’enthousiasme que de scepticisme, elles témoignent d’une tendance de fond : l’émergence d’une communauté high-tech du bien-être prête à tout pour optimiser la vie humaine, du niveau cellulaire jusqu’à la santé globale.

Promesses et périls en débat

Derrière cet optimisme des innovations en IA, se posent néanmoins des dilemmes : confier ses données médicales à un coach virtuel, ou prendre des conseils de santé d’un chatbot, comporte des risques de fuites d’informations ou de mauvais diagnostics. Lors de la Human+Tech Week 2025, les experts ont insisté sur la nécessité d’une supervision humaine pour éviter des conséquences graves.
Les secteurs du bien-être mental et de la longévité n’échappent pas à ces interrogations éthiques. L’émergence des thérapeutes virtuels, des biais algorithmiques et du risque de dépendance affective soulèvent des questions de confidentialité et de bien-être. En matière de longévité, les avancées technologiques risquent de creuser les inégalités de santé si elles deviennent accessibles uniquement aux plus riches. Nichol Bradford, en clôture de la Human+Tech Week, a souligné la nécessité d’un équilibre entre les super-pouvoirs offerts par l’IA et la sagesse humaine, insistant sur le rôle des innovateurs, citoyens et décideurs pour façonner un futur éthique et durable.

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