Le lauréat a été annoncé par Antoine de Caunes, parrain du Prix, en direct de l’émission Popopop sur France Inter. Sous la plume de Xavier Coste, l’oeuvre dystopique de George Orwell prend une nouvelle dimension.
Après Carbone & Silicium (Ankama Éditions) de Mathieu Babet, lauréat de l’édition 2021, c’est un nouveau récit de science-fiction qui a été récompensé par le Prix BD Fnac France Inter. Il s’agit ni plus ni moins d’une nouvelle adaptation de 1984, le chef-d’oeuvre visionnaire de George Orwell paru en 1949, tombé dans le domaine public il y a tout juste un an. Ce faisant, de nombreuses bandes dessinées autour de l’oeuvre d’Orwell avaient simultanément vu le jour l’année dernière : mais d’entre toutes, la version de Xavier Coste, parue aux éditions Sarbacane en février dernier, s’est révélée la plus tranchante et la plus audacieuse.
L’adaptation signée Xavier Coste a ainsi été retenue par un jury de journalistes et de libraires Fnac parmi cinq bandes dessinées sélectionnées au préalable un jury grand public, auquel furent soumis les vingt-deux albums coups de cœur 2021 des libraires Fnac. 1984 concourait avec L’Étreinte de Jim et Laurent Bonneau (Bamboo), Le Chœur des femmes de Aude Mermilliod et (Le Lombard), Dessiner encore de Coco (Les Arènes), et Jours de sable d’Aimée de Jongh (Dargaud).
La pertinence de l’adaptation
Dans 1984, George Orwell brosse le portrait d’une Angleterre uchronique, sous le joug d’un système totalitaire où les outils de surveillance de masse (« Big Brother vous surveille ») dominent la vie des individus. On y suit le destin de Winston Smith, employé lambda au ministère de la Vérité, chargé de faire concorder les archives historiques avec la version officiel du Parti extérieur. Il rencontrera alors Julia, qui fera basculer sa vie. « Big Brother », « Police de la Pensée », « Novlangue », les concepts forgés par Orwell pour étoffer sa dystopie continuent de nourrir les débats actuels.
Avec cette adaptation, Xavier Coste réalise son rêve d’adapter 1984 en bande dessinée. En soumettant sa palette à quatre codes couleurs bien distincts – le rouge bordeaux pour les moments d’intimité, le jaune et le bleu pour l’incarcération ou l’administration, le rouge vif pour les moments de culte liés à Big Brother -, le bédéiste retranscrit l’atmosphère aliénante de 1984. L’architecture brutaliste des décors, inspirée par des lieux existants, plonge alors le récit d’Orwell dans un cadre résolument contemporain. Sans jamais être trop bavard, Xavier Coste insère les passages essentiels du récit de 1984 et nous plonge dans le point de vue de Winston, laissant toute la place au dessin et à sa redoutable puissance d’évocation. Une oeuvre plus indispensable que jamais.
