Le service de streaming musical français publie des résultats financiers encourageants, portés par des partenariats sensés.
Deezer dépasse ses objectifs, annonce l’entreprise dans son dernier bilan. Avec un chiffre d’affaires en hausse de 12 % (541,7 millions d’euros), elle se félicite surtout d’avoir dégagé un Ebitda ajusté (excédent brut d’exploitation) positif au second trimestre 2024. Des chiffres très prometteurs pour Deezer qui, d’après son patron Alexis Lanternier, poursuivra sa course vers la rentabilité en 2025.
Deezer profite de la défiance envers Spotify
Au bouclage du bilan, Deezer comptait 3,5 millions d’abonnés en France, auxquels il faut ajouter 1,8 million d’abonnés dans le reste du monde. C’est peu, surtout en comparaison du mastodonte Spotify (environ 263 millions d’abonnés) qui, par ailleurs, a lui aussi signé sa première année dans le vert, mais cela progresse. Sur un an, Deezer a ainsi accueilli 0,6 % de nouveaux clients. Et la tendance pourrait bien se poursuivre cette année.
En effet, plusieurs leviers pourraient permettre à Deezer de prendre du muscle en 2025. Il y a d’abord la défiance de plus en plus prononcée à l’encontre du leader du marché, Spotify. Accusée de créer de toutes pièces de faux profils pour tirer les revenus (déjà faméliques) des artistes vers le bas, la plateforme suscite l’ire de nombreux clients et l’incompréhension de certains employés en ouvrant grand les portes de son catalogue de podcast aux controversés (ceci est un euphémisme) Joe Rogan et Andrew Tate. Podcasteurs clairement affiliés à l’extrême droite, figures de proue du mouvement masculiniste et, pour le dernier, ni plus ni moins qu’accusé d’esclavage, ils font directement écho à la participation de Spotify à la cérémonie d’investiture de Donald Trump, pour laquelle la plateforme a fait un don de 150 000 $.
Ajoutons à cela un climat géopolitique tendu et un environnement économique adverse qui encourage certaines et certains à se détourner des produits américains, et nous avons là autant de bonnes raisons de voir les courbes de Deezer atteindre un nouveau plafond en 2025. Qobuz, autre plateforme française de streaming, spécialisée dans le son haute définition, pourrait également profiter de cette tendance.
Des partenariats bien choisis
Mais Deezer ne compte pas se reposer sur ses lauriers et attendre sagement que les consommateurs changent leurs habitudes. Si une hausse des prix est pour l’heure exclue (le service est accessible à partir de 11,99 € par mois), la plateforme réfléchit, elle aussi, à une nouvelle offre d’abonnement pour les « super fans », à l’instar de son rival suédois. Alexis Lanternier évoque également aux Échos son envie de développer une branche merchandising pour permettre aux artistes de vendre des produits dérivés depuis leur page.
Mais si les abonnés représentent deux tiers des revenus de Deezer, le reste de son activité est lié à son implantation à l’étranger. La marque opère en effet en tant que marque blanche comme Sonos ou RTL en Allemagne, rapporte Les Échos. C’est-à-dire que la plateforme fournit un service de streaming à ces marques sans que son nom n’apparaisse nulle part pour l’utilisateur final. Un secteur très porteur pour l’entreprise française, qui a augmenté de 24 % pour se hisser à 168 millions d’euros en 2024.
