
Une nouvelle étude de GreenIT met en perspective l’empreinte carbone attribuée à notre consommation numérique.
Le collectif français GreenIT a revu sa méthodologie depuis la publication de son dernier rapport en 2019, mais pas son niveau d’alerte. Autant l’écrire : l’heure est grave pour la planète, avec une consommation énergétique débridée, loin au-dessus de ce que chacun devrait respecter pour maintenir le réchauffement climatique sous la barre des +1,5 °C comme le prévoit l’Accord de Paris.
40 % du budget carbone annuel
Les chiffres sont éloquents, mais les comparaisons encore plus. Dans son nouveau rapport de 91 pages, accessible gratuitement ici, on apprend notamment que l’impact carbone du numérique dans le monde équivaut à un voyage en voiture d’environ 3 500 kilomètres, soit un peu plus qu’un trajet Brest-Moscou. Une dépense énergétique qui représenterait 40 % du « budget carbone » que chacun doit pouvoir respecter afin de contenir le réchauffement climatique, précise l’association.
Les réseaux de télécommunication représentent une part importante de la dette énergétique numérique mondiale. L’acheminement et le stockage des données sur les serveurs (dont la fabrication, hautement polluante, est prise en compte dans le calcul de GreenIT) étant les principaux émetteurs de gaz à effet de serre.
En 2023, année étudiée par GreenIT pour son dossier, le numérique générait 3,4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Mais on peut déjà imaginer que ce chiffre est, depuis, en forte hausse. La raison ? Il y a deux ans déjà, 4 % de ces mêmes gaz étaient liés aux serveurs dédiés aux intelligences artificielles. Nous sommes deux ans plus tard, et l’IA poursuit sa course folle à travers le monde ; chaque nouvel utilisateur de ChatGPT ou DeepSeek alourdissant un bilan énergétique déjà insoutenable en 2023.
Le nœud du problème ? La surconsommation
Les serveurs d’un côté et, de l’autre, les utilisateurs et les consommateurs. Si, en France, « la production d’électricité génère environ huit fois moins de gaz à effet de serre qu’en moyenne mondiale », explique au Monde Lorraine de Montenay, coresponsable des études de GreenIT, la consommation électrique des appareils du quotidien est loin d’être négligeable. En revanche, c’est bien la phase de fabrication des appareils électroniques qui pèse le plus lourd : 65 % de l’impact numérique total, affirme l’association d’experts.
Au niveau individuel, il est donc urgent de raisonner sa consommation et de chercher à tout prix à prolonger la durée de vie de ses appareils. Cela signifie se tourner vers des marques et des produits qui, à la racine, promettent une durabilité importante (en termes de mises à jour, de disponibilité des pièces détachées), mais également de chercher à faire réparer son matériel défectueux plutôt que de le remplacer instantanément.
Se tourner vers les appareils de seconde main est également une option à considérer. Chaque produit d’occasion acheté est un appareil neuf de moins produit, et donc dans le même temps des métaux et minerais rares économisés. Car c’est sur ce dernier aspect que GreenIT attire notre attention dans son étude : les métaux et terres rares permettant la fabrication de nos appareils électroniques sont des ressources fossiles, et « leur épuisement risque de nous mettre dans l’incapacité de produire des appareils électroniques devenus indispensables à notre civilisation », alerte Frédéric Bordage, fondateur de l’association.