Fantasy, récits sombres, introspection, questions de société… Pour sa 52ᵉ édition, le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême célèbre une fois encore la diversité du manga dans sa sélection officielle. Voici les titres de cette année.
Événement phare du 9ᵉ art, le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême revient du 30 janvier au 2 février pour sa 52ᵉ édition. Avec près de 200 000 visiteurs et plus de 6 000 professionnels attendus chaque année, il célèbre la bande dessinée sous toutes ses formes, et notamment le manga. Ce genre occupe une place majeure dans le paysage culturel français, l’Hexagone étant, rappelons-le, le deuxième marché mondial – avec 40 millions de BD japonaises vendues en 2023.
Une sélection riche de mangas sombres
Dans la sélection officielle, plusieurs œuvres remarquables mettent en lumière la diversité du manga contemporain. Parmi elles, le 42ᵉ tome de l’œuvre légendaire Berserk (Glénat) de Kentarô Miura, qui a poursuivi sa publication après le décès de son créateur, en 2021. Pilier de la pop culture japonaise et de la dark fantasy, la série culte continue de narrer l’épopée tragique de Guts, le guerrier maudit en quête de rédemption. Ce nouveau volume, conçu sous la supervision du Studio Gaga, s’attache à respecter la vision originelle de Miura, tout en approfondissant l’univers unique qu’il a créé.
Dans la lignée des histoires à l’atmosphère oppressante, Dementia 21 (tome 2) de Shintarô Kago (éditions Huber) s’inscrit comme une œuvre dérangeante où le surréalisme flirte avec l’horreur. À travers les mésaventures de Yukie Sakai, une aide-soignante confrontée à des situations absurdes et cauchemardesques, l’auteur dépeint une critique sociale dérangeante, parfois gore. Proche de l’univers de Junji Itō (Spirale), ce manga pousse les limites de l’imaginaire avec des scènes oscillant entre le grotesque et l’effroi.
Des œuvres riches en émotion
Plus dramatique, le désormais célèbre manga The Summer Hikaru Died (tome 3) de Mokumokuren (éditions Pika) figure également dans la sélection officielle. Prochainement adapté en anime par Netflix, ce récit suit Yoshiki, un adolescent confronté à l’étrange transformation de son meilleur ami Hikaru après une mystérieuse disparition. Entre mystère et drame psychologique, l’œuvre explore la peur de l’inconnu et les liens d’amitié profondément bouleversés par des forces inquiétantes.
Land (tome 7) de Kazumi Yamashita (éditions Mangetsu) nous transporte quant à lui dans une dystopie où les Kamis, des dieux protecteurs, imposent des traditions oppressantes à une communauté isolée. Huit ans après avoir échappé à un sacrifice imposé à sa famille, Ann rêve de braver les interdits pour découvrir « l’autre monde », un territoire mystérieux au-delà des montagnes. Lauréat du 25ᵉ Grand Prix Osamu Tezuka, ce récit explore la résilience humaine et les dilemmes moraux dans un univers oppressant.
Plus introspectif, Saturn Return (tome 10) d’Akane Torikai (éditions Akata) explore les fragilités humaines à travers le parcours de Ritsuko Kaji, une romancière en pleine crise créative. Lorsque le suicide d’un ami d’enfance bouleverse son quotidien, elle se lance dans une quête introspective entre culpabilité, souvenirs enfouis et deuil. Ce voyage, marqué par un retour à Osaka, soulève des questionnements universels sur la vie, la mort et les liens passés.
Une parenthèse apaisante
En contraste avec ces récits funestes, Hirayasumi (tome 2) de Keigo Shinzô (éditions Le Lézard Noir) propose une immersion dans la douceur du quotidien. Ce manga tranche de vie suit un jeune homme cherchant à mener une existence simple et apaisée, loin des tumultes de la modernité. L’œuvre met en avant l’importance des relations humaines et de l’introspection, offrant une lecture lumineuse et contemplative.
Les sélections Patrimoine et Jeunesse
Cette année, la sélection Patrimoine accueille une œuvre essentielle du manga féministe des années 1980. Shinkirari – Derrière le rideau, la liberté de Murasaki Yamada (éditions Kana) dresse un portrait sensible et engagé de la condition féminine au Japon, mêlant poésie et réflexions sur l’émancipation et la maternité. Une redécouverte précieuse pour les amateurs d’œuvres engagées.
Pour les plus jeunes, la sélection Jeunesse met en avant deux récits captivants et immersifs. Luca, vétérinaire draconique de Yûna Hirasawa (éditions Glénat) transporte les lecteurs dans un univers fantastique où la jeune Luca, élève dans une école spécialisée, apprend à soigner des dragons tout en faisant face aux défis de ses études et à son désir de suivre les traces de son père disparu. Entre rivalités, amitié et créatures magiques, ce manga propose une aventure riche en émotions et en découvertes.
De son côté, Silence (tome 2) de Yoann Vornière (éditions Kana) nous embarque dans un monde plongé dans une nuit perpétuelle, où les habitants doivent communiquer en langue des signes pour échapper à des monstres sensibles au moindre bruit. Lorsque Lame, un jeune garçon, brise accidentellement le silence et met son village en danger, il entreprend un périlleux voyage pour se racheter.