Critique

Sakamoto Days : un démarrage trop prudent pour une adaptation très attendue

11 janvier 2025
Par Sarah Dupont
“Sakamoto Days”, le 11 janvier 2025 sur Netflix.
“Sakamoto Days”, le 11 janvier 2025 sur Netflix. ©Netflix

Porté par la notoriété du manga de Suzuki Yuto, l’anime Sakamoto Days arrive avec des attentes élevées sur Netflix. Mais face aux nouveaux standards du shōnen moderne, le premier épisode peine à s’imposer, malgré un univers décalé et prometteur.

Le premier grand rendez-vous animé de l’année est enfin là. Sakamoto Days, adaptation du célèbre manga de Suzuki Yuto publié depuis 2020 dans le Weekly Shonen Jump, débarque ce 11 janvier sur Netflix avec un premier épisode.

Nourrie par près d’un an de teasers, cette adaptation – découpée en deux parties – promet un mélange explosif d’action et d’humour, teinté d’absurde. Nous avons pu visionner en avant-première le premier épisode : voici notre verdict.

Les bases d’une histoire prometteuse

L’histoire suit Taro Sakamoto, un ancien tueur à gages de renom, autrefois redouté pour sa froide efficacité et sa cruauté. Mais tout change lorsqu’il tombe amoureux : marié, père de famille et désormais gérant d’une épicerie, il délaisse son costume sombre pour un t-shirt rose bonbon arborant des inscriptions comme « Retired » ou « Slim ». Son passé ressurgit lorsque Shin, un jeune assassin télépathe, fait irruption dans sa vie et l’entraîne à renouer avec un monde qu’il croyait avoir laissé derrière lui.

©Netflix

Dès les premières scènes, le sérieux s’efface au profit de l’absurde : Sakamoto, devenu obèse, applique sa détermination légendaire à aider les habitants de son quartier avec la même ferveur qu’il mettait à éliminer ses cibles. L’esthétique colorée et le style cartoonesque de l’anime accentuent ce décalage, offrant un contraste avec les thématiques plus sombres de violence et de criminalité en toile de fond.

Une mise en place narrative qui peine à surprendre

Le potentiel est là, la renommée aussi. Et pourtant, ce premier épisode nous a laissé un goût… de déception. L’idée de juxtaposer la violence d’un passé sanglant à la banalité d’un quotidien rangé est prometteuse, mais son traitement manque de profondeur.

©Netflix

En outre, plutôt que de poser les prémices d’un fil narratif solide – qui aurait permis d’installer un vrai suspense –, ce début se limite à de simples présentations des personnages : Taro, bien sûr, mais aussi Shin, fraîchement détaché de son gang pour rejoindre Sakamoto.

Une animation sans éclat

Or ces personnages manquent, eux aussi, de relief. Par exemple, Shin, admiratif et naïf, reste prisonnier de l’archétype du disciple dévoué. Ce manque de subtilité se retrouve également chez les antagonistes, réduits à des caricatures classiques de « méchants » musclés et prévisibles. Dans une œuvre qui flirte avec l’absurde, des adversaires plus originaux et décalés auraient apporté une fraîcheur bienvenue, rendant ce début plus mémorable.

©Netflix

Quant à l’animation, une réalisation flamboyante, à l’image de ce que DanDaDan nous a récemment offert, aurait pu pallier les faiblesses narratives. Les premières images, dévoilées dans les teasers, laissaient espérer que le studio TMS Entertainment parviendrait à rivaliser avec les standards visuels établis par Science SARU (DanDaDan, Devilman Crybaby) ou MAPPA (Jujutsu Kaisen, Chainsaw Man, L’Attaque des Titans), studios désormais reconnus pour leur audace et leur souci du détail.

Malheureusement, Sakamoto Days demeure plus conventionnel dans son exécution. Son esthétique joyeuse et colorée, bien qu’agréable, ne parvient pas à marquer les esprits, notamment dans les scènes d’action, pourtant nombreuses. Ces séquences manquent de cette touche inventive et percutante qui caractérise les productions récentes.

Okarun, dans DanDaDan.©Studio Science Saru

À titre de comparaison, Jujutsu Kaisen sublime ses affrontements avec des chorégraphies fluides et ultra-dynamiques, tandis que DanDaDan séduit par son mélange singulier de brutalité et d’excentricité. Si Sakamoto Days propose quelques ralentis intéressants et une direction artistique agréable, son style visuel reste ancré dans un classicisme qui peine à se démarquer dans un paysage où l’innovation visuelle est désormais la norme.

Répondre aux exigences de la génération

De fait, les attentes autour de ce nouvel anime étaient immenses, dans un contexte où le shōnen a récemment franchi un cap décisif, porté par des œuvres à l’identité visuelle et narrative marquantes. Si ce premier épisode laisse une impression mitigée, il révèle néanmoins un potentiel certain. L’univers décalé et ce mélange de genres offrent une base solide. Mais pour prétendre à une place parmi les titres phares, Sakamoto Days devra rapidement se montrer à la hauteur des exigences imposées par la nouvelle génération.

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