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Misogynie, transphobie, homophobie : Meta fait sauter les barrières de la modération sur Facebook et Instagram

08 janvier 2025
Par Pierre Crochart
Misogynie, transphobie, homophobie : Meta fait sauter les barrières de la modération sur Facebook et Instagram
©J.K2507 / Shutterstock.com

Avec la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, les discours haineux sont de nouveaux les bienvenus sur les réseaux sociaux.

Après avoir annoncé avec enthousiasme que des bots animés par IA allaient peupler les fils d’actualité sur Facebook, Instagram et Threads, le patron de Meta, Mark Zuckerberg, fait table rase des politiques de modération de ses plateformes. Le programme de vérification des faits (fact checking) est également démantelée en faveur d’un système de « notes de la communauté », similaire à celui de X. Une décision applaudie par Elon Musk, propriétaire du réseau social et futur ministre de l’administration Trump.

La porte ouverte aux fausses informations

Meta n’a jamais été l’élève le plus affûté de la classe en ce qui concerne le contrôle des informations qui sont partagées sur ses réseaux sociaux. Accusé de laxisme en la matière, notamment au moment de l’élection présidentielle américaine de 2016, le groupe avait réagi en instaurant un programme de fact-checking et en laissant de moins en moins filtrer les contenus politiques sur ses plateformes. De l’histoire ancienne, après les déclarations incendiaires du PDG Zuckerberg ce mardi 7 janvier 2025.

Sur Facebook, Threads et Instagram, les contenus considérés comme sensibles ne seront plus systématiquement vérifiés par une équipe de modérateurs interne, mais directement par les internautes, comme sur X (anciennement Twitter). Une approche qui « fonctionne », assure le responsable des affaires mondiales de Meta, Joel Kaplan (républicain et soutien affirmé de Donald Trump), qui détaille par le menu les nouvelles règles de modération de l’entreprise sur son blog.

L’objectif ? Rétablir la fameuse « liberté d’expression » que certains, étonnamment souvent conservateurs, estiment avoir perdue. Un discours qui n’est pas sans rappeler celui d’Elon Musk qui, après son rachat de Twitter, s’est minutieusement affairé à faire tomber toutes les barrières de la modération. Une plateforme sur laquelle on peut actuellement tenir les pires discours et dont veut manifestement s’inspirer Meta. Un changement qui, pour l’heure, est toutefois réservé aux États-Unis. La confirmation a été obtenue de première main par Claire Chappaz, actuelle ministre chargée de l’IA et du numérique.

“Maladie mentale”

Mais cela n’est que l’arbre qui cache la forêt des sombres changements à venir sur les applications de Meta. Plus que de mettre un terme à son programme de fact-checking (et de délocaliser, comme X, ses équipes de modération de la Californie au Texas, un État qualifié de « moins biaisé » par Zuckerberg dans son allocution), Meta ouvre tout simplement la porte à des contenus haineux.

Dans son billet, Joel Kaplan annonce se « débarrasser d’un certain nombre de restrictions sur des sujets comme l’immigration, l’identité de genre et le genre, qui sont sujets à de fréquentes conversations et débats ». Selon lui, « c’est injuste que des choses qui peuvent être dites sur les plateaux de télévision ou au Congrès ne soient pas autorisées sur nos plateformes ».

Le média américain Wired révèle, en détail, de quelles « restrictions » il s’agit. Et il n’y a aucune équivoque dans la formulation des nouvelles politiques concernant les contenus haineux. En résumé ? Les femmes peuvent désormais être appelées « des objets domestiques », les personnes trans qualifiées de « malades mentales » et l’homosexualité de « bizarre ».

« Nous autorisons les allégations de maladie mentale ou d’anormalité lorsqu’elles sont basées sur le genre ou l’orientation sexuelle, étant donné le discours politique et religieux sur la transidentité et l’homosexualité, ainsi que l’utilisation courante et non sérieuse de mots comme “bizarre”.
Nous autorisons également le contenu argumentant en faveur de restrictions professionnelles basées sur le genre dans les domaines militaire, des forces de l’ordre et de l’enseignement. Nous autorisons aussi ce même type de contenus fondé sur l’orientation sexuelle, lorsque celui-ci repose sur des croyances religieuses. »

Meta
Politique concernant les contenus haineux (mise à jour du 8 janvier 2025)

Pour l’heure, les politiques concernant les contenus haineux en France (et en Europe), n’ont pas encore été mises à jour.

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste