Très à la mode il y a un peu plus d’une quinzaine d’années, les cadres photo numériques étaient tombés en désuétude. Mais ils semblent revenir sur le devant de la scène. Avec quelles nouvelles fonctionnalités et pour quel public ?
On dit souvent que la mode est un éternel recommencement. Et cela ne concerne pas seulement les pantalons pattes d’eph’ ! C’est aussi un peu vrai dans la tech. Pour preuve, l’engouement pour la platine vinyle, pour le rétrogaming ou la renaissance des cadres photo numériques. Il y a encore quelques années, on aurait possiblement dit de ces derniers qu’ils étaient ringards.
Et puis, plusieurs courriers électroniques successifs sont récemment arrivés pour nous annoncer des nouveautés dans ce domaine. La marque Aura Frames, spécialisée dans les cadres photo, va notamment annoncer ses nouveautés au CES de Las Vegas, LE salon de l’innovation technologique par excellence. Un petit coup d’œil sur quelques sites de médias spécialisés dans les nouvelles technologies a suffi pour confirmer que ces équipements redeviennent tendance puisque des guides d’achat comparatifs leur sont même consacrés.
Qu’est-ce qui a changé ? En réalité, tout ou presque
Ces appareils pourraient-ils être propulsés du statut de vieilleries high-tech passées de mode à objets tendance ? En réalité, depuis les premiers cadres numériques qui datent de pas loin de deux décennies, beaucoup de choses ont évolué. À commencer par la qualité des photos numériques qu’on peut réaliser en 2024, de même que celle des écrans les plus basiques servant à les afficher. On peut prendre des clichés avec un smartphone d’entrée de gamme, puis les diffuser sur un support peu onéreux en espérant ne pas avoir une image toute pixélisée.
Ensuite, nos usages, notamment vis-à-vis de la photo, ont beaucoup évolué. La photo numérique est devenue la norme ; on en prend tous les jours avec nos smartphones, pour certains quotidiennement. On a aussi pris l’habitude de les partager, soit sur les réseaux sociaux, soit sur des applications de messagerie comme WhatsApp.
Enfin, technologiquement, le stockage des fichiers et la connectivité sans fil ont fait un bond. Dans le cas des cadres d’ancienne génération, on l’a sans doute oublié, mais pour afficher les photos qu’on capturait (généralement avec un appareil photo numérique), il fallait les stocker sur un support physique, comme une carte micro-SD ou une clé USB. Cela nécessitait quelques manipulations. Certains cadres photo commençaient à proposer une connexion Bluetooth, encore balbutiante à l’époque. Par exemple, en 2008, UFC Que Choisir écrivait à propos du Bluetooth : « Aujourd’hui, on le retrouve sur bon nombre d’appareils électroniques, pour transférer par exemple des photos depuis un téléphone mobile vers un cadre photo numérique. Cependant, le temps de transfert d’une photo est élevé et on ne peut transférer des photos qu’à l’unité. »
Aujourd’hui, on capture ses souvenirs principalement avec son téléphone mobile – images qu’on stocke bien souvent dans le cloud – et si on veut les afficher sur un cadre photo (ou même sur une tablette ou un téléviseur), on peut les y transférer en un clic, sans connexion filaire. En effet, tous les modèles disposent désormais d’une connexion wifi. D’ailleurs, on ne parle plus seulement de cadres photo numériques, mais bien de cadres photo connectés.
Quelles fonctionnalités aujourd’hui ?
Désormais, la plupart des grandes marques de la tech ont déserté ce marché ; il reste tout de même Netgear, qui en vend au sein de son catalogue de maison connectée. Sinon, on y trouve surtout des marques connues de matériel photo aujourd’hui exploitées sous licence, à l’instar de Kodak ou Agfaphoto, ainsi que de rares entreprises spécialisées, comme Aura Frames. Ensuite, quelques acteurs œuvrant dans le domaine des nouvelles technologies simplifiées à destination des séniors y sont actifs, comme Ordissimo (qui en commercialise au milieu de son offre de smartphones, ordinateurs et tablettes) ou encore Familink, qui propose en premier lieu des cadres en location. Enfin, beaucoup d’intervenants inconnus en vendent en marketplace, souvent à petits prix.
Certaines fonctionnalités ont évolué. En matière de dimensions d’écran, l’offre s’est élargie. Si la majorité des modèles font la même taille que ceux d’ancienne génération – 8 à 10 pouces –, certains sont bien plus grands, mesurant une quinzaine de pouces, voire jusqu’à 21 pouces et plus. C’est le cas du modèle Meural Canvas II de Netgear, que la marque présente d’ailleurs plutôt comme une « toile d’art connectée », sur laquelle on peut afficher des œuvres NFT aussi bien que des photos. Netgear en propose même une version de 27 pouces, soit presque la taille d’un petit téléviseur !
Sans surprise, la résolution a évidemment progressé aussi. Quand, à l’époque, 1 280×768 était une caractéristique prometteuse, aujourd’hui, 1 280×800 est la norme. Les plus élevées montent jusqu’à 1 920×1 080 (Full HD) et même 2 048×1 536 pour le Mason Luxe d’Aura (que nous avons testé ici).
Certains cadres connectés actuels disposent d’une batterie pour fonctionner sans fil à la patte (comme le petit Agfaphoto Realiview de 7 pouces) ou encore d’un écran tactile. La connexion wifi, que nous avons précédemment évoquée, compte aussi parmi les fonctionnalités contemporaines incontournables ; elle complète les connectiques habituelles (port micro-SD, USB…) et souvent une mémoire interne.
Enfin, les cadres de nouvelle génération promettent des fonctionnalités automatiques ou dites intelligentes, comme l’ajustement de la luminosité en fonction de l’éclairage ambiant, l’allumage/extinction automatisé grâce à des capteurs de mouvement, ou encore le recadrage des images pour qu’elles occupent la totalité du cadre.
Les innovations ou fonctions additionnelles viennent naturellement aussi de l’application dédiée qui accompagne le cadre : création de listes de photos, définition de plages horaires de fonctionnement avec diffusion d’albums spécifiques, possibilité d’inviter des proches à partager des images et vidéos… Certaines références incluent en outre un espace de stockage de contenus sans frais, parfois illimité en quantité et dans le temps.
À quel public s’adressent les cadres connectés ?
D’abord, à tous ceux qui souhaitent se remémorer leurs souvenirs en images, sans avoir à imprimer et surtout sans devoir faire un choix de clichés. Les fabricants misent aussi beaucoup sur les séniors, géographiquement isolés de leur famille ou non. Certains modèles leur sont même ouvertement destinés : ils proposent de créer des réseaux de partage sécurisés sur lesquels les proches peuvent envoyer des photos et vidéos – éventuellement même des messages audio (une proposition, par exemple, des cadres Pix-Star d’Ordissimo) – pour « garder le lien » et partager des moments de vie, même s’ils sont à l’autre bout du monde.
Enfin, s’ils peuvent aussi afficher des photos de famille, certains, comme ceux de la gamme premium Netgear Meural Canvas, ciblent avant tout les amateurs d’œuvres d’art dans le sens large, qu’il s’agisse de photos ou de reproductions de tableaux.