Pour satisfaire aux exigences de la justice américaine qui l’accuse de pratiques anticoncurrentielles, Google s’est dit prêt à modifier les termes de son accord avec Apple. Ce dernier ne l’entend pas de cette oreille.
Cette fois, ça chauffe vraiment pour Google. Considéré par le ministère de la Justice américaine comme un véritable monopole, le géant du Web pourrait être forcé de se séparer de Chrome, son navigateur internet. Un dénouement que Google cherche à tout prix à éviter, au point de proposer à la cour de revenir sur les contours du contrat qui le lie à Apple, auquel il verse annuellement 20 milliards de dollars pour que Google soit le moteur de recherche par défaut des iPhone.
Apple entre dans la danse
Fatalement, l’hypothèse ne plaît pas à Apple. Toute richissime qu’elle soit, l’entreprise aurait du mal à encaisser un trou de 20 milliards de dollars dans ses caisses. C’est ainsi que l’on retrouve donc la firme de Cupertino en ligne de front, tentant d’intervenir en faveur de l’abandon des charges qui pèsent sur Google.
Le Washington Post rapporte qu’Apple a émis une demande officielle pour intervenir lors du procès afin de défendre les termes de son contrat avec Google qui, d’après elle, ne renforcerait donc pas le monopole de ce dernier. Au média américain, un porte-parole d’Apple explique que la marque se « sent obligée de protéger ses intérêts commerciaux ».
Comme toujours, les « intérêts des consommateurs » sont agités comme arguments par les deux parties. D’après Apple, les utilisateurs et utilisatrices d’iPhone « préfèrent massivement le produit de Google ». Mais il semble inconcevable pour l’entreprise de le proposer par défaut gratuitement, au risque de créer « un résultat pervers sur le marché » – sans plus de précisions.
Qui a le plus besoin de l’autre ?
Qu’importe le résultat du procès (qui se tiendra en avril 2025), il paraît inévitable que Google fasse appel de la sanction. C’est donc un long feuilleton judiciaire qui s’ouvre et qui permet déjà de s’interroger sur les termes du contrat liant Apple et Google. La firme à la pomme l’écrit elle-même : elle se sent « obligée d’intervenir » pour protéger ses intérêts commerciaux.
On pourrait alors légitimement se demander pourquoi Apple, l’entreprise la plus riche du monde, ne dispose pas de son propre moteur de recherche. La réponse nous est donnée par l’intermédiaire d’Eddy Cue, le vice-président des services d’Apple, dans les colonnes de Reuters.
D’après lui, Apple est déjà très mobilisé sur d’autres domaines, comme l’intelligence artificielle qui, par ailleurs, est en train de totalement bouleverser le modèle économique des moteurs de recherche. Par ailleurs, concevoir un moteur de recherche pertinent et utile à toutes et tous demande le concours d’une équipe spécialisée et des milliards de dollars investis annuellement. Bing, le moteur de recherche lancé par Microsoft en 2009, n’est utilisé que par environ 10,5 % des internautes. Aussi, soutenir le développement d’un tel produit demanderait à Apple de commencer à vendre des espaces publicitaires… et donc de récolter des données personnelles auprès de ses clients. Rien de pire, pour une entreprise qui s’érige en chevalier blanc de la protection de la confidentialité.