Critique

Heretic : que vaut ce thriller psychologique avec Hugh Grant ?

27 novembre 2024
Par Lisa Muratore
Hugh Grant incarne Mr. Reed dans “Heretic”.
Hugh Grant incarne Mr. Reed dans “Heretic”. ©A24

Hugh Grant est de retour au cinéma ce mercredi 27 novembre avec Heretic. Thriller psychologique produit par A24, le film peut davantage compter sur le talent sans bornes de son acteur principal, adepte des métamorphoses pour convaincre, plutôt que sur ses ressorts scénaristiques parfois convenus.

Ces dernières années, A24, société de production américaine, s’est construit une belle réputation dans le paysage hollywoodien grâce à des propositions indépendantes ayant connu de véritables succès. On pense ainsi à Moonlight, à Everything, Everywhere all at Once, lauréats de l’Oscar du meilleur film respectivement en 2016 et en 2023, ou encore à Iron Claw, salué par la critique en début d’année. Avec The Lighthouse (2019) et Midsommar (2019) en figure de proue, A24 s’est aussi distingué grâce à des créations originales, souvent à faible budget, à l’atmosphère particulièrement angoissante.

Sophie Thatcher et Chloe East dans Heretic. ©A24

À ce propos, cet automne, la firme est de retour avec un nouveau thriller psychologique baptisé Heretic. Réalisé par Scott Beck et Brian Woods, à qui l’on doit le scénario du premier volet de Sans un bruit (2018), le film suit deux missionnaires de l’église mormone qui vont se retrouver piégées dans la maison de Mr. Reed. D’apparence sympathique, le personnage incarné par Hugh Grant n’a pourtant qu’une idée en tête : mener une démonstration autour d’un miracle et la notion de croyance auprès de ses victimes respectivement campées par Sophie Thatcher et Chloe East.

De la poudre aux yeux

D’un point de vue scénaristique, Heretic ne révolutionne pas le thriller psychologique, le film frôlant, par moments, le divertissement horrifique loin de l’indépendance méta souvent revendiquée par les productions A24. Bien qu’il repose sur une exposition pleine de tension, le long-métrage se perd parfois dans les rouages classiques et sans surprises du genre. En effet, le film de Scott Beck et de Brian Woods brille moins par son originalité scénaristique, ou une exploration métaphorique de thèmes que certains autres films A24 qui ont par le passé marqué le 7e art.

On est ainsi loin de la psychologie perverse d’un bluffant Midsommar, de l’aspect cauchemardesque et étouffant d’un Dream Scenario (2023), ou d’un propos méta – même si souvent incompréhensible – proche d’un Lighthouse de Robert Eggers.

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Ceci étant dit, Heretic n’en reste pas moins intéressant de par ses thèmes et sa démonstration. La croyance et la manipulation sont centrales et se rejoignent dans un argumentaire – brillamment personnifié par un Hugh Grant sociopathe – autour du miracle, de la foi aveugle et de la religion.

Tout remettre en question, toujours : telle est la devise du Mr. Reed qui est parvenu à attirer les jeunes femmes dans sa maison en forme de labyrinthe grâce à une alléchante tarte à la myrtille, et la soi-disant présence de sa femme dans la cuisine.

Hugh Grant face à Sophie Thatcher et Chloe East dans Heretic. ©A24

Autant d’éléments qui font partie d’une démonstration visant à prouver qu’avec un peu de poudre aux yeux, toutes nos croyances, même celles les plus pures et les plus solides, peuvent se volatiliser. Otages de cette démonstration, les spectateurs le sont ainsi tout autant que les sœurs Barnes et Paxton. C’est d’ailleurs là que réside tout l’intérêt d’Heretic. Bien que le film joue sur un triptyque « classique » – des victimes qui vont tenter d’échapper au piège de leur ravisseur –, après plusieurs rebondissements, il parvient tout de même à bousculer les codes du thriller sur certains aspects, notamment grâce à un rythme plus ralenti et une mise en scène en huis clos minimaliste (mais sanglante), plutôt que des rebondissements spectaculaires.

Les métamorphoses de Hugh Grant

Le principal atout d’Heretic réside, bien sûr, dans l’interprétation de son acteur principal. Adepte de nombreuses transformations depuis ses multiples rôles de Cloud Atlas (2012), Hugh Grant dévoile une nouvelle palette de jeu, utilisant l’accessoire – en l’occurrence des lunettes rétro – et le costume pour se glisser, cette fois-ci, dans la peau d’un redoutable psychopathe.

Hugh Grant face à Sophie Thatcher et Chloe East dans Heretic. ©A24

Depuis plusieurs années, l’acteur britannique se réinvente et donne une nouvelle trajectoire à sa carrière en cassant son image de beau gosse des années 1990 tout droit sorti des meilleures comédies romantiques anglaises. Avec Heretic, il replonge dans un registre sombre après avoir incarné un redoutable cannibale devant la caméra des sœurs Wachowski, un mari infidèle et meurtrier dans la série The Undoing (2020) aux côtés de Nicole Kidman, ou encore le trouble leader du parti libéral anglais dans A Very English Scandal (2018).

Avec son dernier long-métrage, Hugh Grant prend, cette fois-ci, la forme d’un hérétique contemporain prêt à tout pour prouver sa théorie et questionner la place des religions. Sombre, duel et violent, l’acteur semble prendre un plaisir jouissif à torturer ses prisonnières. Un registre loin de son prochain film : au mois de février, on retrouvera l’artiste dans le quatrième volet de Bridget Jones aux côtés de Renée Zellweger. Il y reprendra son rôle mythique du ténébreux et (toujours) antagonique Daniel Cleaver.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste