Fascinée, détestée, encensée ou rejetée, la fin de L’Attaque des Titans continue de faire couler beaucoup d’encre. Un an après une conclusion sur petit écran, la projection cinématographique de ce final controversé ravive les débats au sein de la communauté.
C’est un fait : la fin de L’Attaque des Titans n’a laissé personne indifférent. Si certains ont salué un final dans la veine de l’ensemble de l’œuvre d’Hajime Isayama, de nombreux fans se sont insurgés contre cet ending jugé tantôt précipité, tantôt trop sombre.
Un an après la clôture de l’anime, en décembre 2023, le film Attack On Titans : The Last Attack, projeté au Japon, ravive les débats sur ce final aussi controversé que complexe. Composé des deux derniers épisodes condensés en 2h30, ce long-métrage promet de replonger les spectateurs dans l’apogée d’un récit qui a marqué la décennie. Alors que les discussions s’intensifient à nouveau, revenons sur ce qui a conduit à ce dénouement aux critiques acérées.
Une histoire sous tension
Avant d’atteindre son chapitre final polarisant, L’Attaque des Titans (AOT) a captivé des millions de lecteurs et de téléspectateurs à travers le monde grâce à une intrigue aussi originale qu’intense. Dans la première saison, l’humanité, piégée derrière des murailles colossales, doit affronter les Titans, de gigantesques créatures à l’origine inconnue. Face à ce péril, les jeunes Eren, Mikasa et Armin, traumatisés par la destruction de leur village, rejoignent le Bataillon d’Exploration, résolus à percer les mystères qui entourent ces monstres.
Rapidement, le récit révèle une complexité insoupçonnée : Eren Jaeger, le protagoniste, détient lui-même le pouvoir de se transformer en Titan, une capacité héritée dans des circonstances inconnues. Les saisons deux et trois plongent alors les personnages et les spectateurs dans une quête de vérité oppressante, mêlant découvertes choquantes et trahisons douloureuses.
Une intrigue bien ficelée
En grattant la surface de ce monde, Eren et ses compagnons lèvent le voile sur les origines des Titans et découvrent les manipulations de la famille royale, dissimulées au cœur des murailles. Ces révélations bouleversent les repères établis, en particulier avec la découverte de l’île du Paradis, isolée et déconnectée du reste du monde.
À mesure que l’intrigue progresse, l’atmosphère de la série s’assombrit : la mort frappe sans relâche et la frontière entre bien et mal devient floue. Chaque épisode nous plonge un peu plus dans cet univers pesant et énigmatique, où l’espoir s’amenuise au rythme des batailles. Pourtant, malgré sa complexité, le récit demeure solidement construit, captivant les spectateurs jusqu’au bout.
La quatrième saison : l’accélération du destin
Puis vient la quatrième et dernière saison. Dans cette dernière partie du récit, l’histoire prend une nouvelle ampleur : le spectateur est propulsé bien au-delà de l’île du Paradis, dans l’empire de Mahr, ennemi juré d’Eldia, où les Eldiens sont opprimés ou condamnés à l’exil.
La série introduit soudainement des enjeux géopolitiques complexes, abordant la domination raciale avec des résonances sombres qui rappellent des moments de notre propre histoire. Ce changement, aussi passionnant soit-il, arrive brutalement, avec une foule de nouveaux personnages, reléguant au second plan les héros que l’on suit depuis des dizaines d’épisodes. Une transition difficile à accepter, surtout après l’attente entre la troisième et la quatrième saison, qui a pu accentuer la frustration des fans.
Au cœur de cette nouvelle dynamique, Eren Jaeger, désabusé par la réalité de son peuple, embrasse un rôle d’antihéros prêt à tout, même au « Grand Terrassement » – une destruction massive du monde extérieur pour assurer la survie des siens. Ce basculement, qui le mène de victime à bourreau, polarise le public. La saison devient un tourbillon intense et déstabilisant qui précipite vers une fin inéluctable, où chaque décision semble marquée par l’irréversibilité.
Un final aux avis tranchés
La bataille finale, véritablement cataclysmique, voit Eren et ses anciens camarades s’affronter. Ses amis, déchirés, mais déterminés, cherchent à stopper l’anéantissement qu’il a initié. Dans cet ultime affrontement, l’idéal de liberté tant chéri par Eren se transforme en un cauchemar totalitaire, où la paix ne semble possible qu’au prix de sacrifices absolus. La série se termine avec la défaite d’Eren, une fin qui montre, d’un côté, la victoire de l’humanité et, de l’autre, les séquelles indélébiles de cette guerre.
Cependant, les fans restent partagés. Pour certains, ce final résonne avec les thèmes chers à l’œuvre : la lutte pour la liberté, le poids des idéaux et la déshumanisation dans la quête d’une justice implacable. Le sacrifice d’Eren, aussi tragique soit-il, représente alors l’aboutissement logique de son combat, un point final qui incarne la futilité de la vengeance et l’engrenage inexorable de la haine. Ce choix narratif, loin des clichés héroïques, est perçu comme une conclusion philosophique, en accord avec la noirceur de la série.
Une révolution du genre malgré tout
D’autres, en revanche, s’attendaient à un autre horizon. La fin, jugée abrupte, laisse certains critiques déconcertés par les dilemmes d’Eren, parfois perçus comme expéditifs ou en contradiction avec son parcours. Nombreux sont ceux qui espéraient une rédemption pour le personnage ou une issue moins sombre pour son peuple, une conclusion plus éclatante, plus cathartique.
En somme, ce final, aussi troublant que complexe, a cristallisé les tensions, tout en faisant écho aux thèmes centraux de l’œuvre. Ce débat passionné témoigne de l’empreinte indélébile de L’Attaque des Titans dans l’animation japonaise : un monument culturel, dont l’audace narrative continue de diviser mais marque, incontestablement, l’histoire du genre.