Dans Monsieur Aznavour, le nouveau film de Mehdi Idir et Grand Corps Malade, Tahar Rahim incarne avec brio le légendaire chanteur franco-arménien. Un rôle exigeant, fruit d’un intense travail de préparation, pour toucher de près l’âme et le talent d’Aznavour.
Comment incarner l’inimitable ? Comment restituer la voix, la silhouette, et la présence d’une légende qui a traversé les générations ? Tahar Rahim a dû relever ces défis colossaux pour endosser avec brio et honneur le rôle du très célèbre Charles Aznavour dans Monsieur Aznavour, un film réalisé par Mehdi Idir et Grand Corps Malade, en salles depuis ce 23 octobre. Loin de se contenter d’une simple imitation, Rahim s’est totalement immergé dans la peau du chanteur franco-arménien, au prix d’un long travail rigoureux.
Un défi immense d’interprétation
Dans ce biopic de deux heures retraçant la carrière d’Aznavour, des premiers pas à son ultime départ le 1er octobre 2018, Tahar Rahim endosse le rôle d’une des figures les plus emblématiques de la francophonie. Il incarne un artiste reconnu autant pour la singularité de sa voix que pour la beauté poignante de ses compositions.
Incarner un autre n’est jamais chose aisée, même pour un acteur de renom comme Tahar Rahim, césarisé pour Un prophète. Mais le défi est d’autant plus grand lorsqu’il s’agit de jouer un chanteur. L’acteur reconnaît d’ailleurs avoir été profondément étonné quand on lui a proposé le rôle « J’ai failli dire non, confiait-il à Allociné récemment. Parce que je voyais aucun point commun. »
Six à huit heures de cours de chant par semaine
Il a donc fallu bâtir ces ponts, menant Tahar Rahim à s’investir dans une préparation colossale. Pendant six mois, il a suivi des cours de chant intensifs, jusqu’à huit heures par semaine, sous la direction de Daniel Lucarini, un coach vocal réputé pour sa capacité à transformer les acteurs en chanteurs.
Ce n’est pas la première fois que celui-ci relève un tel défi : après avoir guidé Marion Cotillard dans son incarnation d’Édith Piaf dans La Môme, il a su accompagner Rahim dans l’art subtil de capturer l’essence d’Aznavour. Ce timbre voilé, délicat, presque fragile, caractéristique de La Bohème, Rahim l’a apprivoisé pour en livrer une vraie performance. Il reconnaît en revanche avoir eu beaucoup de difficulté sur les aigus. « Il y a eu un travail de mixage », a-t-il d’ailleurs assuré lors d’une interview sur France 2.
Dès les premières répétitions, la magie a opéré et le résultat est saisissant. La voix de Tahar Rahim que l’on entend dans les 17 chansons interprétées dans le film, notamment Je m’voyais déjà et Parce que tu crois, est une résurrection musicale.
Une métamorphose complète, bien au-delà de la voix
Si le travail sur la voix de Tahar Rahim a été essentiel, il ne s’est pas arrêté là. Une véritable métamorphose physique a été nécessaire, avec l’aide de prothèses, perruques et de longues heures de maquillage quotidiennes. Rahim a également dû s’approprier la gestuelle si particulière d’Aznavour. Chaque geste, chaque respiration, jusqu’aux silences les plus subtils du chanteur ont été étudiés à partir d’archives vidéo.
L’acteur a d’ailleurs eu l’opportunité d’accéder à des documents personnels de la famille Aznavour, qu’il a également rencontrée. Ils lui ont ouvert les portes de l’intimité du chanteur, lui permettant de plonger au cœur de son univers privé. « J’ai découvert des similitudes entre nous que je ne soupçonnais pas », confie Rahim dans une interview à Télé-Loisirs, évoquant un parcours commun. Tous deux issus de l’immigration, ils partagent une même abnégation et un sens aigu du travail acharné.