L’Éclaireur a pu assister au second spectacle de Paul Mirabel, Par amour, dans lequel l’humoriste se met à nu de façon inédite. De quoi réussir le passage vers le second stand-up ?
Cela faisait plus d’un an que l’on attendait de voir le nouveau spectacle de Paul Mirabel. Un an que ce seul-en-scène événement était annoncé. Alors l’attente valait-elle le coup ? L’Éclaireur a assisté à son spectacle, une des premières représentations de l’humoriste le plus malaisant de la scène française, et le charme drolatique de Paul Mirabel opère toujours aussi bien.
Dans son nouveau spectacle, l’artiste a choisi de parler d’amour. Un sujet ô combien commun pour l’univers du stand-up, maintes fois explorer par la profession, mais que l’artiste est parvenu à s’approprier avec brio. Bien qu’il ne change pas l’éternelle formule, Paul Mirabel réussit à nous surprendre en proposant une création drôle, mais surtout sensible.
Au détour d’une danse introductive à la façon d’un Justin Timberlake peu à l’aise avec son corps, en nous racontant sa rencontre avec Kylian Mbappé, ou encore en nous détaillant sa vision du féminisme, ou de la célébrité, Paul Mirabel s’affaire dans un tour de chauffe amusant à nous dépeindre sa nouvelle vie. Ce n’est que plus tard qu’il fendra l’armure comme jamais. L’occasion de découvrir une nouvelle facette, plus complexe, de l’humoriste. Une facette que le public n’avait pas encore eu l’occasion de voir, notamment dans son précédent spectacle, Zèbre.
Que le spectacle commence
En proposant un spectacle bien ficelé, l’artiste semble vouloir se réinventer. On comprend alors davantage sa vie, sa personnalité, ses peines et ses joies dans un seul-en-scène dynamique. Paul Mirabel ne s’y autorise d’ailleurs que quelques pauses, ou interactions avec le public. Grâce à son débit de paroles calme, mais assuré, l’humoriste déploie son univers entre fidélité pudique et réinvention émouvante. Il faudra cependant attendre la moitié du spectacle pour que l’artiste évoque enfin la thématique pour laquelle il a réuni son public dans une salle comble : l’amour.
Après une vague d’applaudissements, l’humoriste nous annonce enfin qu’il a une copine. Le spectacle peut enfin commencer ! Il nous la présente alors vaguement : « une fille grande, avec de grands pieds, et d’origine algérienne ». Voici les seuls indices dévoilés aux spectateurs entre deux anecdotes sur un voyage en Thaïlande, un date à l’accrobranche et une réflexion sympathique sur le désir. Entrecoupé de digressions étonnantes sur la Pat’Patrouille, et de quelques improvisations face à un public qu’il interpelle grâce à la question : « Qu’avez-vous fait de plus fou par amour ? », le spectacle se poursuit sans grande surprise. Fort heureusement, cette création peut tout de même compter sur le charme pudique de Paul Mirabel.
En effet, s’il ne maîtrise pas l’art du couple comme Fary dans l’incisif, Aime-moi si tu peux, l’artiste sait nous embarquer grâce à sa retenue, presque maladive, et sa sensibilité à tout épreuve. Une émotion sur laquelle reposera la dernière (et meilleure) partie du spectacle. Dans celle-ci, l’humoriste se dévoile, il prend son temps et nous plonge dans une introspection inédite qui l’enverra tout droit sur le divan de la psy.
Grâce à ce ressort inédit que l’on ne dévoilera pas, l’artiste se met enfin à nu. C’est d’ailleurs en cela que réside le retournement le plus intéressant du spectacle. La star du rire nous invite ainsi dans sa complexité, nous confie ses doutes, et ses peurs. Un choix judicieux pour ce second spectacle, qui confirme la capacité de Paul Mirabel a sortir de sa zone de confort, après le succès flamboyant de Zèbre.
Avec Par amour, Paul Mirabel utilise ainsi les rapport amoureux pour se livrer et sortir de sa carapace. Une création, qui malgré quelques écueils de rythme, prouve que l’humoriste est capable de se renouveler pour offrir un second spectacle fort et surprenant à la hauteur de sa renommée.
