Cinq ans après le triomphe du premier film, le Joker subit une douche froide. Le box-office est décevant, bien en deçà des attentes, tandis que critiques et spectateurs s’accordent sur une déception unanime, le gratifiant d’un score de D au CinemaScore.
Certains l’attendaient avec ferveur, galvanisés par l’impact du premier volet. D’autres, moins enthousiastes, se préparaient à le voir par obligation, convaincus qu’une suite ne pourrait jamais égaler le génie du précédent. Et puis il y avait ceux, comme nous, qui n’en espéraient ni trop, ni trop peu, restant prudemment en retrait face aux promesses de ce second film signé Todd Phillips. Mais une chose est sûre : nous ne nous attendions pas à un fiasco d’une telle ampleur.
Un démarrage bien loin du premier opus
Une semaine après son arrivée sur les écrans, Joker : Folie à deux sombre déjà. Côté box-office, le démarrage est loin des attentes : aux États-Unis, les 40 millions de dollars récoltés depuis vendredi sont bien en deçà des 70 millions espérés, loin également des 96 millions engrangés par le premier volet sur la même période.
Le véritable défi pour Warner Bros. était le budget colossal de cette suite, qui avoisine les 200 millions de dollars, soit près de quatre fois plus que les 55 millions du premier film. Malgré les attentes élevées, il est improbable que Folie à deux suive la trajectoire fulgurante du premier Joker, qui avait franchi la barre du milliard au box-office mondial.
D sur CinemaScore
Le film figure déjà parmi les plus grands échecs cinématographiques de 2024. La critique, tout comme le public, n’a pas épargné ce second opus, qui, il faut l’admettre, a pris un virage audacieux. Plutôt que de poursuivre dans la veine sombre et réaliste du premier volet, Todd Phillips a osé s’aventurer sur le terrain risqué de la comédie musicale, avec Lady Gaga dans le rôle d’Harley Quinn. Un choix artistique osé, certes, mais qui n’a pas convaincu.
Fait rarissime : Joker : Folie à deux a obtenu la note D au CinemaScore, un indice de satisfaction des spectateurs rarement aussi sévère. Pourtant, des films médiocres ou même catastrophiques n’ont pas manqué ces dernières années, de Suicide Squad à Justice League en passant par The Marvels. Et malgré cela, Folie à deux est parvenu à les surpasser en décrochant le plus bas score jamais attribué à un film de super-héros – si on peut le considérer comme tel.
La comédie musicale ne convainc pas
Alors pourquoi un tel échec ? On le sait : de grandes attentes entraînent de grandes déceptions. Et ici, ça n’a pas manqué. Comme déjà mentionné, ce second volet a vu son audace tourner à sa propre perte. Les critiques s’accordent à souligner un manque de maîtrise évident. Le choix de la comédie musicale, plutôt que d’être salué pour son originalité, a laissé nombre de spectateurs perplexes, pointant une incohérence esthétique et narrative. Là où l’on s’attendait à une plongée encore plus profonde dans la psyché tourmentée d’Arthur Fleck, beaucoup n’ont vu qu’un spectacle confus, voire délibérément provocateur, mais sans véritable justification.
Lady Gaga, dans le rôle d’Harley Quinn, n’a pas échappé aux critiques. Si son talent musical est reconnu, beaucoup estiment que son personnage manque de consistance, comme une figure à peine esquissée qui n’exploite pas pleinement ses facettes dramatiques. Quant au scénario, il est jugé insuffisant et trop désordonné, oscillant entre le nihilisme et une absence de véritable direction. L’ensemble est qualifié de « farce » par certains critiques, regrettant un manque de vision cohérente et un excès de prétention masqué par le format musical.
Double déception
Phillips et Phoenix n’ont plus qu’à se consoler en se disant qu’ils ne sont pas les seuls à essuyer les plâtres cette semaine. En effet, le très attendu Megalopolis de Francis Ford Coppola subit un sort encore plus cruel. Ce retour ambitieux du réalisateur légendaire n’a pas échappé au naufrage, récoltant un D+ au CinemaScore. Une double déception dans le monde du cinéma, qui rappelle que même les grands noms peuvent trébucher face à des attentes colossales.
