Vos déchets électroniques valent de l’or

Dans nos tiroirs, au fond des placards et parfois même dans nos greniers ou à la cave, s’accumulent de véritables trésors cachés. Nos appareils électroniques obsolètes contiennent en effet des métaux précieux comme l’or, l’argent et le palladium, ainsi que des terres rares essentielles à l’industrie high tech. Saviez-vous, par exemple, qu’un smartphone renferme environ 34 milligrammes d’or ? Bien que cette quantité semble minime, à grande échelle, elle représente un potentiel économique considérable.

Mais le recyclage de ces déchets n’est pas seulement une question de valeur monétaire. C’est aussi un impératif environnemental. Les décharges de déchets électroniques (ordinateurs, tablettes, imprimantes, etc.) dans les pays en développement causent une pollution grave des sols et des eaux, mettant en danger la santé des populations locales. De plus, l’extraction minière traditionnelle de ces métaux a un impact écologique désastreux, car elle nécessite bien souvent une grande quantité d’eau et le recours à des produits chimiques polluants. Pourtant, en Europe, moins de 40 % des e-déchets sont recyclés à l’heure actuelle.

Un gisement “urbain” à exploiter

En France, le potentiel de ce qu’on appelle les « mines urbaines » – par opposition aux mines « primaires » qui exploitent les ressources du sol – est énorme. Chaque année, un Français produit en moyenne 21 kg de déchets électroniques (la moyenne mondiale est de 7,3 kg). On parle ici des DEEE ou déchets d’équipements électriques et électroniques. Cela inclut aussi bien les petits équipements électroniques (rasoirs, appareils photo, ordinateurs, ventilateurs, smartphones), que les appareils électroménagers (lave-linge, réfrigérateurs…). Qu’il s’agisse des uns ou des autres, seulement une fraction de ces déchets est correctement recyclée.

Le reste finit souvent dans des décharges ou est exporté illégalement vers des pays aux normes environnementales moins strictes. Néanmoins, les technologies de recyclage évoluent rapidement. Des entreprises spécialisées utilisent désormais des procédés innovants pour extraire efficacement les métaux précieux des composants électroniques. Selon les estimations, il devrait être possible de récupérer jusqu’à 95 % des matériaux valorisables dans certains appareils. Ainsi, Apple a développé son robot de désassemblage Daisy dans ce but. Toutes les grandes marques travaillent à trouver des solutions pour extraire un maximum de métaux de produits mis hors service.

Différentes techniques pour recycler les e-déchets

La technique la plus souvent utilisée est le démantèlement, c’est-à-dire le démontage manuel des appareils et la séparation des différents éléments. Mais cela est complexe et fastidieux pour un résultat final difficilement rentable, car cela nécessite beaucoup de main-d’œuvre. Autre solution : le broyage et le traitement chimique par des procédés hydrométallurgiques. Les parties contenant des métaux sont broyées en petits morceaux pour faciliter la séparation. Ensuite, ces particules sont placées dans des bains chimiques qui vont permettre d’agréger certains métaux pour les isoler des autres. L’efficacité est réelle, mais le processus est polluant…

On peut aussi procéder à la séparation magnétique pour les métaux ferreux. Pour l’aluminium, c’est la technique du courant de Foucault qui est adoptée. Comme ce métal est paramagnétique, approcher un champ magnétique de l’aluminium permet de le mettre en mouvement… et donc de l’isoler à son tour. Pour le cuivre, on privilégie la pyrolyse.

Dernièrement, un procédé à faible impact environnemental a été mis au point pour la récupération sélective de l’argent, de l’or et du palladium. Le projet EE4Precious utilise des solvants ioniques et combine l’électrolixiviation (électroextraction) et l’électrodéposition (sorte d’électrolyse).

Comment recycler vos déchets électroniques ?

En France, plusieurs options s’offrent à vous pour recycler vos appareils électroniques. Vous pouvez les déposer dans des points de collecte spécifiques présents dans de nombreuses grandes surfaces. Certaines enseignes proposent même des bons d’achat en échange de vos vieux appareils. Dans certaines villes, il est aussi possible de placer son petit électroménager et ses accessoires électroniques dans la poubelle du recyclage, car les déchetteries municipales sont en liaison avec des filières de désassemblage de ces appareils.

De plus, lors de l’achat d’un nouvel appareil, les magasins sont tenus de reprendre gratuitement votre ancien équipement. Des associations comme Emmaüs collectent aussi les appareils en état de marche pour leur donner une seconde vie, de même que certaines recycleries et tiers-lieux de proximité. Il est donc intéressant de se renseigner pour trouver la meilleure solution.

Certaines marques d’électronique grand public proposent aussi des réductions à l’achat d’u nouvel appareil en échange du retour d’un modèle relativement récent et encore en bon état de marche. Des enseignes comme la Fnac ont aussi mis en place des programmes de ce genre et proposent un bonus reprise sous la forme d’un bon d’achat ou d’une carte cadeau. De quoi cumuler un geste pour la planète et pour votre portefeuille.

Vers une économie circulaire

Le recyclage des déchets électroniques s’inscrit dans une logique d’économie circulaire, c’est-à-dire visant à minimiser le gaspillage en réutilisant, réparant et recyclant les ressources tout au long de leur cycle de vie. Cette approche permet aussi de réduire notre dépendance aux ressources naturelles en maximisant la réutilisation des matériaux. Elle crée également des emplois locaux dans le secteur du recyclage et de la réparation, un domaine dans lequel les fabricants ont un important rôle à jouer.

Recycler nos vieux appareils n’est pas seulement un geste écologique, c’est aussi une façon de participer à l’économie circulaire et de préserver les ressources naturelles pour les générations futures.