Chaque année, de nouveaux mangas de sport arrivent en librairie. Le genre du shonen sied parfaitement aux thématiques sportives, car les deux ont de nombreuses valeurs en commun : camaraderie, dépassement de soi et résilience face à l’adversité. À l’occasion des Jeux de Paris, nous vous proposons de découvrir trois titres méconnus à lire absolument.
| Little Hands
Avec ses trois volumes, dont la sortie est étalée tout au long du deuxième semestre 2024 (le tome 1 est sorti le 3 juillet, le deuxième est prévu pour septembre, et le troisième pour novembre), Little Hands est la porte d’entrée parfaite pour ceux qui se mettent au manga, et en particulier au manga de sport. Il suit l’entrée au lycée du jeune Mikage Ishino, qui rêve de briller dans l’équipe de handball du campus.
Mais le jeune garçon a beau être le fils d’une star nationale de ce sport, la génétique n’a pas été tendre avec lui. Dans un sport où la taille est l’un des atouts majeurs, Mikage peine à s’affirmer, du haut de son mètre cinquante. Pour se faire une place dans l’équipe du lycée, il n’a pas le choix, il doit redoubler d’ingéniosité et faire de sa petite taille un avantage.
Le manga assume ses références, le culte Eye shield 21 en tête, et nous fait découvrir un sport que l’on ne voit quasiment jamais dans la BD japonaise, le handball. Les lecteurs habitués au manga de sport devineront sans doute les ficelles que tire l’auteur, mais le titre bénéficie d’un trait accrocheur et de belles scènes d’entraînement, qui empruntent aux meilleurs titres du genre.
| Yawara !
Un titre aussi méconnu qu’inhabituel, malgré la popularité de son auteur, Naoki Urasawa (Monster, Pluto, 20th Century Boys). Publié en France depuis 2020, c’est pourtant l’un des tout premiers mangas d’Urasawa, et le premier dont il signe le scénario, en plus du dessin. Cette série de 1987 est à la fois un manga de sport et une comédie romantique, et se sert des codes de chacun de ces genres pour détourner ceux de l’autre.
L’histoire suit la jeune Yawara Inokuma, entraînée par son grand-père, un champion de judo qui voit en elle une future star. Mais la jeune femme n’a aucune envie de suivre les pas du vieil homme, et rêve de ce dont rêvent toutes les adolescentes de son entourage, de mode et de stars. Mais son aïeul n’a pas l’intention de se laisser faire, d’autant plus que Yawara a un talent inné pour cette discipline.
En proposant une réelle évolution de sa protagoniste de l’adolescence à l’âge adulte, le manga amuse et attendrit. Les connaisseurs de l’œuvre de Naoki Urasawa seront surpris de l’humour de ce titre, venant du maître du thriller. En 1987, l’auteur est un jeune homme dont le trait n’a pas encore la maturité et la précision de ses œuvres futures, mais le dessin est tout de même admirable. La publication du manga est encore en cours. La sortie du 20e et dernier volume est prévue courant 2025. En attendant, vous pouvez déjà vous jeter sur les 17 premiers tomes déjà disponibles en librairie.
| Riku-Do, la rage aux poings
Un manga de boxe qui emprunte beaucoup au pilier du genre, le culte Ashita no Joe. Comme son prédécesseur, le titre de Toshimitsu Matsubara est avant tout une œuvre sociale, où le sport apparaît comme une échappatoire et un moyen de survie pour le protagoniste, Riku Azami, dont la vie est une succession de tragédies. Orphelin de père, le jeune garçon doit vivre avec une mère démissionnaire et un beau-père dealer et violent. Pour le jeune garçon, la rage finit par exploser. Dès lors, il veut mettre son don pour la boxe au service de la protection de ceux qu’il aime.
Riku-Do tranche avec les autres mangas du genre, car il s’agit d’un seinen (manga pour jeunes adultes) et non d’un shonen (manga pour adolescents). Et quel seinen ! La violence graphique est au centre de ce manga de 23 volumes haletants, sombres et poisseux. L’univers dans lequel évolue Riku est dur et sans pitié. C’est d’abord la situation précaire du personnage qui le pousse vers la boxe. Les premiers tomes de la série mettent donc moins en avant le sport, pour mieux préparer le terrain pour la suite, qui est beaucoup plus axée sur la discipline.
Et en parlant de sport, la boxe mise en scène dans ce titre est remarquable. Pleins d’incertitudes et ultraviolents, les combats s’enchaînent avec chaque fois une crainte pour le personnage principal, qui risque souvent plus que la simple défaite. Par ailleurs, il est notable de constater qu’il ne gagne pas systématiquement tous ses matchs, ce qui permet d’instaurer un fort suspense au fil des affrontements, dantesques. Un incontournable.