Entretien

Bruno Gouery : “Emily in Paris a complètement changé ma vie”

14 août 2024
Par Agathe Renac
“Emily in Paris”, saison 4, le 15 août 2024 sur Netflix.
“Emily in Paris”, saison 4, le 15 août 2024 sur Netflix. ©Netflix

White Lotus, Coup de chance (Woody Allen), Modi (Johnny Depp)… Depuis Emily in Paris, Bruno Gouery s’est fait une place de choix à Hollywood. On a profité de la sortie de la saison 4 pour en apprendre plus sur l’un des frenchies les plus en vue au pays des blockbusters.

À quoi ressemble la vraie vie de Bruno in Paris ?

Elle aurait pu ressembler à la vie très banale d’un acteur classique, mais Emily in Paris a complètement changé mon quotidien. Aujourd’hui, je suis connu et reconnu dans le monde entier, de Budapest à Londres, en passant par les petits villages de Sicile (où j’ai tourné White Lotus). Je mesure cette popularité quand je me rends dans des aéroports, mais aussi dans des lieux particulièrement touristiques de Paris. C’est incroyable, mais ça me demande aussi d’être plus attentif, notamment quand je suis avec ma famille. Ça change la donne.

Vous l’avez dit : vous êtes l’un des visages incontournables d’Emily in Paris. Qu’est-ce qui vous a amené à la comédie et à l’acting ?

J’ai grandi en banlieue, à Nanterre. J’aimais beaucoup le football et je n’avais jamais envisagé une carrière d’acteur, même si j’adorais les films et les comics. Quand je travaillais pour la chaîne de télévision Canal Jimmy, une de mes collègues – qui rigolait beaucoup à mes blagues – m’a forcé à assister à son cours de théâtre. Elle était persuadée que ça allait me plaire. J’avais une petite curiosité, mais je ne soupçonnais pas le coup de foudre que j’allais vivre. Au final, c’était une évidence.

Bruno Gouery et Samuel Arnold dans Emily in Paris.©Netflix

Un soir, je suis allé voir Michel Galabru au théâtre et ça a été un coup de foudre artistique. Je me suis dit que c’était un mec extraordinaire et je rêvais de l’avoir comme mentor. Le lendemain – je m’en souviendrai toute ma vie –, j’ai ouvert le journal Libération et je suis tombé sur un entrefilet qui disait qu’il auditionnait des candidats la semaine suivante au Théâtre des Variétés pour son nouveau cours.

J’y ai vu un signe du destin et j’ai gardé cet article avec moi pendant des années. J’ai donc rencontré Michel Galabru, qui m’a accepté dans sa classe, puis embarqué avec lui sur scène. C’est devenu mon maître, mon professeur et une sorte de grand-père. C’était un homme et un acteur formidable. Il m’a transmis la passion de ce métier, il m’a fait découvrir Molière, Shakespeare, Guitry… Je lui dois énormément. Il a changé ma vie.

Puis la série Netflix s’est invitée dans votre vie et a donné un vrai coup de boost à votre carrière. Qu’est-ce qui vous a poussé à intégrer son casting ?

Mon agent m’a dit que des Américains recherchaient des Français pour une nouvelle production. Elle m’a demandé mes compétences en anglais, j’ai répondu : “Niveau 6ᵉ.” Elle m’a quand même conseillé de tenter le casting, malgré le fait qu’on ne savait rien de ce projet. Je ne soupçonnais pas son ampleur et je me suis dit que le tournage ne durerait peut-être que deux jours. J’ai fait un “call back”, un deuxième passage devant Darren Star [le créateur de la série, ndlr], les producteurs et les réalisateurs.

©Netflix

À ce moment-là, je me suis dit que ça devait être quelque chose d’assez important. On n’était plus que trois acteurs en lice, j’ai été sélectionné et on m’a expliqué que ce serait peut-être un rôle récurrent, peut-être pour Netflix… Puis on a tourné la première saison, sans savoir qu’Emily in Paris allait devenir un succès international. Je ne m’attendais absolument pas à ce genre d’aventure en passant le tout premier casting.

Comment expliquez-vous ce phénomène mondial ?

Il faut rendre à César ce qui est à César : Darren Star est vraiment un faiseur de succès. C’est une personne passionnante et extrêmement intéressante à écouter. Il n’a pas de recette miracle, mais il sait exactement ce qu’il fait. Il est derrière de nombreuses séries cultes, de Sex and the City à Melrose Place, en passant par Beverly Hills 90210. Il a cette capacité à développer des histoires complexes, qui mêlent plusieurs thématiques.

©Netflix

Il imagine une trame principale, ajoute des éléments de la comédie romantique et saupoudre des ingrédients propres au conte de fées qui vont plaire au public. Si on prend l’exemple Emily in Paris, on a des histoires d’amour, des aspects comiques, une partie fashion, et ce mélange fonctionne.

Un autre facteur déterminant, qui a sans doute boosté la série, c’était sa date de sortie. Elle a été diffusée au moment du Covid, alors que les spectateurs étaient enfermés chez eux. Ils avaient besoin de s’évader, de respirer.

De nombreux spectateurs reprochent néanmoins à la série sa vision idéalisée et naïve de Paris. Que pensez-vous de ces critiques ?

J’ai grandi en banlieue parisienne, qui n’est clairement pas le plus bel endroit de la capitale. Je pense que Darren Star a plutôt raison de vouloir montrer les lieux magiques de notre ville – et Dieu sait qu’il y en a. En réalité, il me les a fait découvrir moi-même. Je suis Parisien et il y a certaines places, certaines bâtisses que je ne soupçonnais même pas.

Tous les jours, je croise énormément de personnes venues d’Australie, des Philippines, d’Argentine ou encore du Canada qui me disent : “Nous sommes ici parce que nous avons regardé la série et nous voulions voir à quoi ça ressemblait en vrai.” C’est une vitrine, une super promotion de notre ville, de notre pays. Je trouve ça extraordinaire.

La série ne reflète pas complètement ce qu’est Paris, mais elle dévoile une part réelle de sa beauté et de sa magie. Cette ville a une aura et une légende fascinantes dans le monde entier. D’une certaine façon, je remercie Darren de ne pas montrer ses aspects les plus moches ! (Rires)

Les dynamiques entre les personnages sont tout aussi intéressantes. Tout comme Luc, avez-vous, vous aussi, créé des liens uniques avec les acteurs d’Emily in Paris ?

Vraiment – et je le dis sans démagogie et avec beaucoup de conviction. Je vois très souvent Samuel [Arnold, qui incarne Julien, ndlr] avec qui je suis devenu très copain. Il connaît mon fils, je connais sa famille, je vais le voir chez lui à Londres… Je suis aussi proche de Philippine [Leroy-Beaulieu, qui joue Sylvie, ndlr], Lily [Collins, qui interprète Emily, ndlr], Camille [Razat, ndlr] et Ashley [Park, qui prête ses traits à Mindy, ndlr]. On a créé des liens forts et précieux, et on se voit souvent en dehors du tournage.

©Netflix

Au final, on est collègues de l’agence Grateau dans la série, mais on l’est aussi dans la réalité, sur le plateau, depuis quatre ans. On passe tellement de temps ensemble dans la “vraie vie” qu’on n’a presque plus besoin de jouer la comédie à l’écran. Cette cohésion existe réellement.

Et si vous ne deviez garder qu’un seul souvenir de cette aventure, ce serait lequel ?

Oh la vache ! J’aurais dû me préparer à cette question ! (Rires) Bon, il y a eu 60 000 bons moments, mais j’ai un souvenir très précis qui me vient en tête. Un soir, on tournait une séquence sur les bateaux-mouches durant le Covid. On était donc dans Paris, de nuit, et il n’y avait personne. On a traversé la Seine de long en large, de 1 heure à 6 heures du matin.

Je repense souvent à ce moment, et je continue à me dire que c’était magnifique. La ville était déserte, le soleil se levait sur les monuments, la lumière était parfaite, on tournait tous ensemble… Ça m’a vraiment marqué. L’autre grand moment, c’est quand on a joué au château de Versailles et qu’on m’a donné la chambre de Louis XIV comme loge ! (Rires)

Que pouvez-vous nous dire sur cette saison 4 ?

C’est hyper délicat, car je ne peux pas vous dévoiler grand-chose. Mais ce que je peux vous dire, c’est que les fans de la série ne seront pas déçus, parce qu’on retrouve l’ADN des trois premières saisons, mais puissance 10. Il y a encore plus de fashion, de décors et de lieux exceptionnels. On a tourné à Megève, mais aussi à Rome – à laquelle on a consacré tout un épisode.

C’est une des rares villes qui peut vraiment concourir au statut de “lieu le plus romantique du monde” avec Paris. Je vous laisse imaginer ce que ça donne avec les moyens de Netflix, leur sens du goût et de la beauté. C’est juste génial. J’ai adoré tourner là-bas.

Au niveau de l’histoire, les spectateurs continueront à suivre les problèmes d’Emily, la comédie romantique rythmera toujours les épisodes, et Luc sera bien plus présent que dans les saisons 1, 2 et 3. Je pense à certaines scènes qui, à mon avis, feront beaucoup rire le public. On découvre un peu plus sa vie personnelle et, de façon générale, on apprend plein de petites choses et de détails sur les autres protagonistes.

Quel personnage rêveriez-vous d’incarner après cette aventure ?

La vérité, c’est que je ne m’explique pas le fait qu’on ne m’ait pas davantage choisi pour des personnages historiques. J’ai le sentiment d’avoir une tête périmée. (Rires) Quand je vois des tableaux dans un musée, je me dis : “Mais c’est pas vrai, je ressemble à ces gens-là : ces personnes de la Renaissance, ces conquistadors, et même ces pirates” ! J’ai le sentiment d’avoir un visage du XVIe ou du XVIIIe siècle, mais pas du XXIe.

Donc pour répondre à votre question : j’adorerais incarner un personnage historique comme César Borgia, Dali, un truc à la Jack Sparrow… J’ai plein d’idées ! Ça me fait d’ailleurs penser que je vais jouer ce type de héros dans l’adaptation des Loups-Garous par Netflix en octobre. C’est la première fois qu’on me demande d’incarner ce rôle et j’en suis très content. Ce tournage m’a permis de découvrir le jeu, et j’ai adoré. Certaines parties m’ont permis de réaliser que nos amis sont capables de nous mentir très facilement. (Rires)

Bruno Gouéry est actuellement dans la quatrième saison d’Emily in Paris sur Netflix et dans Zénithal, au cinéma depuis le 21 août.

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Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste