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IA : après Apple, Meta boude les utilisateurs européens

19 juillet 2024
Par Pierre Crochart
IA : après Apple, Meta boude les utilisateurs européens
©Meta

L’Europe est-elle devenue trop hostile à « l’innovation » vantée par les grandes firmes américaines ? C’est en tout cas l’avis de certaines d’entre-elles.

Alors qu’Apple a d’ores et déjà annoncé que son intelligence artificielle Apple Intelligence ne serait pas lancée en Europe à la rentrée, comme dans les autres pays du monde, Meta lui emboîte le pas, évoquant un cadre réglementaire « incertain » dans les pays de l’Union.

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Une Europe jugée incertaine par les Big Tech

Entre le RGPD et le récent DMA, l’investissement des géants de la tech en Europe devient un véritable sac de nœuds. Si les utilisateurs et utilisatrices peuvent se réjouir de réglementations strictes protégeant mieux leurs données personnelles qu’aux États-Unis, les entreprises comme Meta, elles, n’y voient que des problèmes et des risques d’amendes très salées.

Aussi, alors que Meta s’apprête à lancer Llama 3, la dernière version de son modèle de langage, concurrent de ChatGPT, et à l’intégrer dans l’ensemble de ses applications (Messenger, WhatsApp, Instagram et Facebook), le groupe s’est exprimé sur le média américain Axios pour préciser les contours de ce lancement.

« Nous lancerons le modèle multimodal Llama 3 au cours des prochains mois, mais pas dans l’UE en raison de la nature imprévisible de l’environnement réglementaire européen. »

Meta

Un IA Act qui inquiète

Le terme « incertitude » que choisit d’employer Meta est légèrement galvaudé. Les règles sont strictes, mais plutôt claires. Le problème, c’est qu’elles ne lui conviennent pas. La preuve : Meta a maintes fois fait les frais du RGPD ces dernières années, ce qui lui a notamment valu une amende de 390 millions de dollars en 2023.

S’ajoute au règlement sur la protection des données le récent « AI Act », adopté par les pays membres de l’Union européenne en mai dernier. S’il ne doit entrer en vigueur qu’en 2026, il vise à favoriser les initiatives d’intelligences artificielles européennes et prévenir les dérives, notamment en matière d’entraînement de modèles de langage, d’entreprises étrangères.

Précisant sa pensée, Meta explique que c’est en partie le flou entourant les règles sur l’entraînement des IA sur des données européennes publiques qui l’invite à la prudence – ajoutant que ses concurrents Google et OpenAI entraîneraient déjà leurs modèles sur des jeux de données européens.

À Axios, Meta conclut en expliquant que l’entraînement de son modèle de langage en Europe est capital pour garantir une juste représentation terminologique et culturelle de la région. Or, les intelligences artificielles sont porteuses de nombreux biais, et elles n’ont pas attendu les réglementations européennes pour cela.

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste