Critique

Pokémon Diamant Étincelant : une madeleine de Proust qui ne révolutionne pas le genre

01 décembre 2021
Par Alexandre Manceau, Agathe Renac
Dans ces nouveaux titres, les joueurs explorent la région de Sinnoh.
Dans ces nouveaux titres, les joueurs explorent la région de Sinnoh. ©Nintendo

Sortis le 19 novembre, les remakes des versions Diamant et Perle ont suscité la curiosité de nombreux fans. L’Éclaireur a testé le titre Diamant Étincelant et livre sa (double) critique.

Avec ses nouveaux opus Pokémon Diamant Étincelant et Perle Scintillante, Nintendo joue sur la nostalgie. Dans ces remakes des versions Diamant et Perle parues en 2006 sur Nintendo DS, les joueurs explorent la région de Sinnoh. La licence culte qui a marqué l’univers des jeux vidéo fête ses 25 ans cette année et elle a su évoluer avec son temps. Elle propose aujourd’hui des gadgets 2.0 et de nouvelles animations (plutôt addictives). Ces quelques nouveautés contribuent à une expérience de jeu agréable et amusante, mais ne révolutionnent pas le genre. Nos deux journalistes pop culture ont testé le jeu pour apporter deux visions différentes : Alexandre, grand adepte de jeux vidéo, donne son avis d’expert et Agathe, bercée par l’univers des Pokémon jusqu’à la version Vert Feuille (2004), juge le jeu avec son œil de novice.

Le scénario

Agathe. Le but du jeu reste le même : attraper les 150 Pokémons (issus de la quatrième génération) et devenir le meilleur dresseur. Le choix crucial de son premier compagnon se fait une nouvelle fois sur un triptyque plante-feu-eau, avec Tortipouss, Ouisticram et Tiplouf. Comme dans les premiers jeux, notre meilleur ami/rival revient à plusieurs reprises pour nous défier, et nous devons combattre les huit champions d’arène, la Ligue, ainsi que la Team Galaxie. L’histoire n’est certes pas originale, mais elle fonctionne. J’ai été complètement happée par cette course aux badges et aux Pokémons, ces derniers entretenant désormais une relation plus intime avec leur dresseur. Ce Diamant Étincelant réveille de nombreux souvenirs d’enfance et on plonge volontiers dans la nostalgie en (re)découvrant la région, ses créatures mythiques, ses habitants et leurs nombreuses missions.

Alexandre. Pour rappel, la région de Sinnoh s’inspire de la région japonaise d’Hokkaidō. Entre deux affrontements, notamment contre des dresseurs prétentieux qui veulent vous montrer qui est le meilleur, on prend un malin plaisir à se balader sur la route, dans les carrières ou encore le long de la plage. Comme souvent, cette exploration est l’occasion de croiser de drôles de personnages. Qui dit jeux Pokémon dit versions différentes, et le cru 2021 ne déroge pas à la règle. En plus de Dialga et Palkia, les Pokémons légendaires de chaque version, les joueurs de Perle Scintillante pourront espérer attraper Dinoclier et Chaglam, tandis que Kranidos et Moufouette seront exclusifs à Diamant Étincelant. Au total, on recense pas moins de 19 Pokémons exclusifs pour chaque version.

Le style graphique

Alexandre. Quand on a su que ces remakes seraient chapeautés par ILCA et non par Game Freak, le message était clair : atteindre la qualité visuelle d’Épée et Bouclier n’était pas l’objectif de ces nouvelles versions. Diamant Étincelant reste néanmoins un vrai régal lorsque l’on repense à la version DS. Contrairement à d’autres remakes (comme GTA Trilogy – The Definitive Edition), ILCA a ici réalisé un joli travail de refonte et, si l’on peut tiquer sur un rendu trop lumineux, force est de constater que tout est plus beau et plus fluide. Les interactions comme les dialogues avec les personnages ou les entrées dans les bâtiments se font sans encombre. On apprécie aussi certains petits détails, comme le mouvement de la mer ou les pas laissés derrière nous quand on marche dans le sable. Des détails qui montrent la volonté de Nintendo d’offrir une nouvelle expérience plus immersive. Le jeu n’entrera clairement pas dans le panthéon des plus beaux jeux sur Switch, mais n’en reste pas moins agréable visuellement.

Agathe. Les décors sont simples et colorés, dans le même style que les versions plus anciennes. Ils nous donnent envie d’explorer le moindre recoin de la région. Les personnages au style “chibi” (grosse tête et petit corps) sont très mignons et expressifs. La 3D rend le jeu plus dynamique, mais elle devient un handicap à certains moments, notamment quand des bâtiments nous cachent la vue sur des lieux parfois importants. Elle permet cependant d’assister à des combats plus vivants et des animations amusantes qui nous font d’autant plus entrer dans le jeu.

Grâce aux décors et aux animations, les combats sont immersifs.©Nintendo

Les combats

Agathe. Les décors des combats et des arènes sont travaillés et nous permettent une meilleure immersion. Cette nouvelle version me semble plus facile que celles des années 2000. Durant les duels, une indication “peu efficace”, “efficace” ou “super efficace” nous renseigne sur l’efficacité de nos attaques. Fini, donc, les heures à galérer pour trouver les bonnes combinaisons en fonction du type du Pokémon. Autre nouveauté : le multi-EXP est automatique. Il s’agissait d’une option dans le jeu de base, mais, ici, il est obligatoire. À chaque victoire (et capture de Pokémon), toute notre équipe gagne des XP. Après 12 heures de jeu, mes six créatures étaient déjà au niveau 30. Cette facilité ne m’a pas dérangée, au contraire. Elle m’a donné envie de poursuivre mon aventure, sans rencontrer les frustrations qui pouvaient me freiner avec les précédentes versions.

Alexandre. “Un jour, je serai le meilleur dresseur”, promettait le cultissime générique de l’anime Pokémon. Dans cette nouvelle version, il est vrai que tout semble plus facile. Pas besoin d’être un expert assidu pour venir à bout des Pokémons, qu’ils appartiennent à un dresseur chevronné ou qu’ils surgissent des hautes herbes. Le multi-EXP est une bonne idée puisque, à l’image du niveau de difficulté, tout semble avoir été pensé pour offrir aux joueurs une expérience sans prise de tête, où l’on ne perd pas de temps à faire progresser un Pokémon au détriment des autres. Qu’il s’agisse de les faire progresser, de leur apprendre de nouvelles attaques ou d’utiliser des objets, tout est simple et l’on apprécie, car on passe plus de temps à découvrir et à combattre. Et c’est pour ça que l’on achète un Pokémon, non ?

Les joueurs peuvent trouver des Pokémons rares dans les souterrains.©Nintendo

Les (petites) révolutions

Agathe. Quelques nouveautés permettent de rendre le jeu plus fluide, comme la course automatique (qui ne nécessite plus de se faire des crampes au pouce à force de presser le bouton B). La Pokémontre permet d’accéder à plusieurs fonctionnalités (nombre de pas, objectifs, CT secrètes…) mais elle est plus de l’ordre du gadget, devenant parfois même trop encombrante dans un coin de l’écran. De nouveaux lieux, comme les souterrains, sont très prenants. On peut attraper des Pokémons rares et trouver des trésors. J’ai rapidement été captivée, restant plus de trois heures sous terre à découvrir les moindres recoins.

Alexandre. Les Super Concours de Pokémon Diamant et Perle font leur retour dans ces nouvelles versions, cette fois sous le nom de Super Show Concours. Le principe reste le même, avec cinq catégories (Sang-froid, Grâce, Beauté, Robustesse et Intelligence) et quatre niveaux de difficulté (Normal, Méga, Ultra et Master). On note aussi de nouveaux contenus tels que le Parc Rosa Rugosa, une zone accessible après avoir battu une première fois la Ligue et être entré au Panthéon. Cet endroit permet au joueur de mettre la main sur de nombreux Pokémons très rares. Permettant d’échanger vos Pokémons avec des joueurs du monde entier, le Global Trade System sera présent dans ces remakes de 2021, mais dans une mise à jour ultérieure. Pour le moment, aucune information n’a été communiquée sur la date de mise en ligne de la station MEM, mais l’on peut facilement tabler sur un début d’année 2022.

Conclusion : qu’est-ce que ça vaut vraiment ?

Alexandre. Sauf catastrophe inattendue dans les prochaines semaines, le pari devrait être réussi pour Nintendo. Pokémon Perle Scintillante et Diamant Étincelant devraient à nouveau être de jolis succès pour la firme et il ne serait pas étonnant de voir de nombreux exemplaires au pied du sapin au prochain Noël. Joliment retravaillées, sans prise de tête, ces nouvelles versions sont tout ce que l’on pourrait attendre d’un tel titre. Les seuls reproches que l’on pourra faire sont évidemment le manque de difficulté, qui devrait refroidir les ardeurs des pro-gamers Pokémon.

Agathe. Cette version Diamant Étincelant n’est clairement pas une révolution. Le scénario et les décors sont sensiblement les mêmes et il y a peu de nouveautés. Mais la magie opère malgré tout. J’ai adoré me plonger dans cette nouvelle aventure et je n’ai pas vu le temps passer. Le jeu est addictif et nous donne envie de découvrir toujours plus de villes et de Pokémons. La relation avec ces derniers est particulière et plus intime que dans les anciennes versions. Ces nouveaux titres donnent une grande dose de nostalgie aux anciens adeptes et permettent à un public plus jeune d’entrer dans ce monde culte sans trop de difficulté (mais avec toujours autant de texte à lire).

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Article rédigé par
Alexandre Manceau
Alexandre Manceau
Journaliste
Agathe Renac
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