À l’occasion de la semaine d’ouverture des Rencontres d’Arles, Sophie Calle a inauguré Finir en beauté basée sur la série, Les Aveugles, endommagée dans son atelier. Une exposition tout simplement brillante.
Les Rencontres d’Arles ont débuté cette semaine dans le sud de la France, avant de se poursuivre tout au long de l’été. La ville prendra, pendant plusieurs semaines, la forme d’une exposition géante au sein de laquelle plusieurs artistes — émergents comme confirmés — de la photographie dialogueront entre eux. Les visiteurs et festivaliers pourront alors admirer des travaux variés venus d’horizons différents, ainsi que de véritables expériences et performances artistiques.
C’est d’ailleurs ce que propose Sophie Calle avec Finir en beauté. Présentée depuis le 1er juillet au cœur des cryptoportyques d’Arles, l’exposition présente Les Aveugles, une série appartenant, à l’origine, à l’exhibition À toi de faire, ma mignonne en hommage à Pablo Picasso, et qui après une nuit d’orage a été détruite dans l’atelier de la plasticienne.
Conjurer la mort
« Peu avant l’inauguration de mon exposition À toi de faire, ma mignonne au musée Picasso, à Paris, un orage a causé des dégâts dans ma réserve et des spores de moisissure se sont infiltrées dans Les Aveugles, une des séries qui devaient la composer », explique Sophie Calle, en préambule de cette exposition. Alors, pour leur dernière présentation, l’artiste a imaginé un dispositif exceptionnel, ces œuvres imaginées en 1986 ayant bien trop compté dans la vie de la photographe française. C’est au cœur d’Arles, et plus particulièrement des cryptoportyques, rongée par l’humidité et l’obscurité, que Sophie Calle a décidé d’installer Finir en beauté afin que les champignons finissent d’engloutir les photographies qui avait été précédemment attaquées dans son atelier.
Pour autant, les clichés qui composent Les Aveugles ne sont pas les seuls objets exposés. Afin de poursuivre son travail et son propos sur la mort et la décomposition, Sophie Calle a également choisi de placer dans les cryptoportyques, par terre, dans des flaques de boue, des bouquets de fleurs séchées, des clichés de tombes, la photo d’un matelas sur lequel un homme s’est immolé, des tableaux qui déclinent le dernier mot de sa mère, ainsi qu’une robe de mariée et d’anciens journaux intimes… Autant de souvenirs que l’artiste confie « ne pas vouloir voir survivre » dans un entretien accordé à FranceInfo.
Pour autant, et toujours dans le même entretien, l’artiste explique percevoir cette exposition comme « une revanche sur quelque chose que l’on ne peut pas contrôler. Tout a été détruit, j’ai beaucoup perdu, mais j’ai fait une exposition ».
« C’est une manière de se relever du KO, une manière de retomber sur mes pattes. » Alors dans un dernier cérémonial, Sophie Calle parvient à conjurer la mort et la destruction en montant une ultime exhibition aussi sombre dans sa scénographie que brillante par son idée. Une dernière exhibition afin de montrer des photos et objets qui ont compté pour elle, mais loin d’être la dernière exposition de l’artiste, car comme elle le note : Finir en beauté « n’est pas un testament. Cette exposition n’est pas sur ma fin, sur ma mort. Ce n’est pas ma dernière. »
Finir en beauté, de Sophie Calle, aux Rencontres d’Arles du 1er juillet au 29 septembre 2024.
