Alors que son deuxième album est attendu le 10 décembre prochain, Angèle écume ses journaux intimes et retrace son parcours fulgurant dans ce documentaire diffusé sur Netflix à partir du 26 novembre.
Le mois dernier, Angèle faisait son grand retour en dévoilant Bruxelles, je t’aime, premier extrait de son deuxième album très attendu, Nonante-Cinq, dont la sortie se rapproche à grand pas. L’occasion pour l’artiste belge de dévoiler sur Netflix un documentaire intimiste revenant sur son ascension, de ses débuts dans des bars de Bruxelles jusqu’au succès phénoménal de Brol, son premier album, vendu à plus d’un million d’exemplaires dans l’Hexagone grâce à des titres devenus cultes tels que Balance ton quoi, Tout oublier ou Ta reine. Le film commence lorsque, confinée chez elle, seule devant son piano, Angèle commence à réfléchir à son prochain album. En fouillant dans de vieux cartons, la chanteuse remet la main sur ses carnets secrets où, dès son plus jeune âge, Angèle Van Laeken inscrit ses doutes, ses interrogations, ses états d’âme, ses envies. La chanteuse revient sur son enfance, où elle ressent parfois l’impression de grandir dans l’ombre de ses parents, la comédienne Laurence Bibot et le chanteur Marka. « Parfois aux yeux des autres, je ne suis rien. Je ne suis que “la fille de” », crache-t-elle sur le papier du haut de ses quinze ans.
L’ange déçu
Superposant la voix off aux images d’archives, aux interviews des proches, aux coulisses des concerts et au quotidien de la star, le film déroule avec soin les étapes clés de la carrière d’Angèle. Sa relation fusionnelle avec Sylvie Farr, qui devient sa manageuse après avoir découvert ses premiers posts musicaux sur Instagram ; ses débuts sur scène en première partie du rappeur belge Damso, où Angèle est d’abord huée par la foule. Tout aurait pu s’arrêter là si la chanteuse ne s’était pas rebiffée, finissant par gagner le cœur du public concert après concert. S’ensuit un premier single, La Loi de Murphy, des millions de vues, puis un second, Je veux tes yeux, des millions de vues encore, puis un premier album, une tournée à guichets fermés, des débuts au cinéma, un duo avec la reine de la pop Dua Lipa, etc.
Fatalement, Angèle naît sur la scène médiatique : le documentaire se penche alors sur ses désillusions, comme lorsque le magazine Playboy dévoilera, à l’occasion d’un portrait peu flatteur, un nu de la chanteuse qui n’était pas censé être publié, ou encore quand Cyril Hanouna affichera sa bisexualité sur le plateau de Touche pas à mon poste en dévoilant des photos de la chanteuse dans les bras de l’humoriste Marie Papillon, à la veille de leur parution dans un magazine people. « Mon coming-out m’a été volé », déclare-t-elle avec amertume. Angèle revient également sur l’agression sexuelle commise par son frère, le rappeur Roméo Elvis – épisode douloureux pour celle dont le titre Balance de quoi est devenu un hymne féministe repris notamment dans les manifestations contre les violences faites aux femmes.
Confessions 2.0
Confectionné par les proches de la chanteuse (dont le vidéaste Brice VHD, réalisateur de plusieurs de ses clips), le film reste dans l’ensemble très programmatique malgré ses bonnes intentions, guidé par une sorte d’honnêteté intellectuelle cherchant à ramasser en un peu moins d’une heure et demie la personnalité et les grands jalons de la vie d’Angèle. Montrer l’artiste dans ses moments de faiblesse fait partie du jeu ; la sincérité et l’intimité, à l’heure des réseaux sociaux, sont aussi une manière de soigner son image, de prendre le contrôle sur son propre récit et au passage de toucher un public de plus en plus large. Passer aux aveux et se raconter, avec les outils dont on dispose, plutôt que d’être raconté par les autres. Quelques jours avant la sortie de Nonante-Cinq, deuxième album studio qui risque d’affoler une fois de plus les compteurs, ce documentaire prouve avant tout qu’après des débuts insouciants, Angèle est définitivement devenue maîtresse de sa propre image.