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Empêché, Meta ne lancera pas son IA en Europe… pour l’instant

18 juin 2024
Par Pierre Crochart
Empêché, Meta ne lancera pas son IA en Europe… pour l'instant
©Poetra.RH/Shutterstock

L’Union européenne met des bâtons dans les roues de la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, moyennement convaincue par les promesses de Meta entourant la confidentialité des données.

Il faut dire que le coup de pression récemment mis par Meta à ses quelques milliards d’utilisateurs et utilisatrices n’a pas beaucoup plu à l’institution, laquelle a déjà plusieurs fois tapé sur les doigts de l’entreprise de Mark Zuckerberg après divers scandales sur les données personnelles.

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Moratoire sur Meta AI

Meta annonce donc officiellement que son intelligence artificielle, Meta AI, ne sera pas lancée le 26 juin comme il l’avait souhaité. Un renoncement qui intervient quelques semaines après que l’ONG Noyb, œuvrant pour la protection des données personnelles en Europe, a lancé une vaste campagne et déposé des plaintes dans plusieurs pays lorsque Meta a annoncé à ses utilisateurs et utilisatrices que leurs données serviraient à alimenter son IA.

Une décision qui ne ravit pas Meta, qui estime qu’il s’agit « d’un pas en arrière pour l’innovation européenne, la concurrence dans le développement de l’IA et de nouveaux retards dans l’apport des avantages de l’IA aux citoyens européens. » Pour autant, si la marque veut tenir son calendrier et ne pas se faire distancer par ses concurrents Google, Apple – qui vient d’annoncer ses plans en la matière – et surtout OpenAI, elle doit pour le moment faire cette concession, qui ne concerne que le Vieux Continent.

Noyb, de son côté, se félicite de la prise de responsabilité de Meta – mais ne retire pas ses plaintes pour autant. « Nous accueillons favorablement cette évolution, mais nous la surveillerons de près, déclare prudemment Max Schrems, le fondateur de l’ONG. Jusqu’à présent, il n’y a eu aucun changement officiel de la politique de confidentialité de Meta qui rendrait cet engagement juridiquement contraignant. Les affaires que nous avons déposées sont en cours et nécessiteront une décision officielle. »

Quel avenir pour Meta AI ?

Nous l’avons dit, cette concession de Meta ne concerne que le continent européen. Meta AI sera bien lancé à la fin du mois partout ailleurs dans le monde et se nourrira des innombrables données personnelles des milliards de personnes utilisant quotidiennement Instagram, Facebook, Messenger et WhatsApp. Le but ? Rendre le modèle de langage développé par Meta plus intelligent et donc renforcer sa pertinence sur un marché devenu en moins d’un an hautement compétitif.

L’avenir de Meta AI en Europe reste néanmoins suspendu aux autres concessions qui sont attendues de l’entreprise par les institutions européennes, et en particulier l’homologue irlandais de la Cnil, la DPC, très investie sur ce dossier. En l’occurrence, la disponibilité de Meta AI en Europe dépend d’un élément qui paraît simple (et de bonne foi) : rendre la collecte des données personnelles des utilisateurs optionnelle (opt-in).

En effet, la différence majeure ici est que la collecte des données souhaitée par Meta est faite sur la base du « opt-out », c’est-à-dire que chacun est libre de s’en désengager s’il le désire. Cela contrevient au principe de consentement éclairé au cœur du RGPD et fait donc planer sur Meta l’ombre d’une (nouvelle) amende record s’il poursuivait dans cette voie.

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste