Faith Ringgold est décédée ce samedi 13 avril 2024. Inspirée par le mouvement des droits civiques, l’artiste afro-américaine a milité pour une meilleure représentation des personnes noires et des femmes dans le milieu artistique.
Beaucoup la considéraient comme une pionnière : Faith Ringgold s’est éteinte chez elle à Englewood, dans le New Jersey, à l’âge de 93 ans. Reconnu tardivement par la scène internationale, son grand œuvre, composé de tableaux, de courtepointes, de sculptures et d’illustrations de livres pour enfants, avait fait l’objet d’une rétrospective au musée Picasso, à Paris, en 2023. Une autre, accueillie par le musée d’art contemporain de Chicago, s’est achevée le 25 février dernier.
Tout au long de sa vie, Faith Ringgold a puisé dans le contexte socio-politique pour créer des peintures uniques, supports de ses nombreux engagements. Militante notamment pour la représentation des personnes noires et des femmes dans l’art, elle se plaisait à jouer des aplats de couleurs et des contrastes pour mettre en scène des allégories. L’Éclaireur revient sur trois de ses œuvres emblématiques.
1 American People Series
Entamée en 1963, la série American People signe le début de la carrière de Faith Ringgold. Cette vaste fresque de 20 tableaux représente la société nord-américaine qui lui est contemporaine et cristallise les tensions qui découlent des relations entre différents groupes. D’un point vue formel, l’artiste s’est inspirée du post-cubisme, du pop art et des sculptures traditionnelles africaines. Elle obtient la consécration avec Die (1967), qui achève la collection. Après son acquisition, en 2019, le MoMA l’a accroché dans la même salle que Les Demoiselles d’Avignon (1907) de Pablo Picasso.
2 Who’s Afraid of Aunt Jemima?
Dans le sillage de sa mère, célèbre couturière du Harlem des années 1950, Faith Ringgold s’est adonnée à une série de courtepointes. Ne pouvant publier son autographie, l’artiste utilise dès lors ses couvertures pour broder des fragments d’histoire. La première d’entre elles, intitulée Who’s Afraid of Aunt Jemima ? (1983), revient sur la vie d’un personnage de fiction inspiré de ses tantes. Par ce biais, elle offre un droit de cité à un récit effacé.
3 Flying Home : Harlem Heroes and Heroines
Au cours de sa carrière, Faith Ringgold a créé de nombreuses œuvres destinées à être exposées dans des espaces publics. Flying Home : Harlem Heroes and Heroines (1996) est l’une d’elles. Installées dans le métro de Harlem, ces mosaïques donnent à voir des figures afro-américaines telles que Sugar Ray Robinson ou encore Malcom X. « Je voulais partager ces souvenirs, donner à la communauté – et à ceux qui ne font que passer – un aperçu de toutes les personnes merveilleuses qui ont fait partie de Harlem. Je voulais qu’ils se rendent compte de ce que Harlem a produit et inspiré », expliquait l’artiste.