Amelle Chahbi présente au cœur de l’Apollo Théâtre, son spectacle Michtonneuse. Une pépite de comédie et de féminité sur une bande de croqueuses de diamants, à découvrir jusqu’au 30 mars, à Paris.
Il ne reste plus qu’un petit mois pour découvrir au Théâtre Apollo, Mitchtonneuse. Écrite par l’humoriste, Amelle Chahbi, la pièce suit Shéraz, une jeune fille introvertie qui va se prendre d’admiration pour un groupe de trois femmes diaboliques, bien décidées à user de leurs charmes, pour profiter des hommes. Éblouie par leur liberté et leur indépendance, Shéraz, qui connaît de gros problèmes financiers, voit en elles un moyen de s’en sortir et d’aider son père. Elle va donc se laisser initier à leur monde sulfureux, quitte à renoncer à qui elle est vraiment.
Après le spectacle Amour sur place ou à emporter (2011) mis en scène par Fabrice Éboué, ainsi que Où est Chahbi ? (2016) dirigé par Josiane Balasko au Théâtre de Paris, Amelle Chahbi est de retour sur les planches, cette fois-ci au cœur de l’Apollo Comedy, pour présenter son nouveau spectacle. Avec l’aide de Vincent Cappello, l’artiste révélée grâce au Jamel Comedy Club, offre une pièce à la mise en scène épurée, jouant sans arrêt sur la lumière, les costumes, ainsi que les dialogues face au public pour immerger réellement ce dernier dans chaque scène.
La force de l’écriture
Seuls quelques éléments viennent servir la mise en scène de Michtonneuse, les quatre actrices usant d’artifices — notamment de danses langoureuses — à la manière de leurs personnages, en jonglant avec vitalité de scène en scène pour incarner les protagonistes secondaires de la pièce. Car Michtonneuse peut compter sur son quatuor de comédiennes, qui en plus d’interpréter les quatre femmes, prêtent leurs traits aux hommes qui gravitent autour d’elles.
À un rythme effréné, elles disparaissent derrière les rideaux et réapparaissent dans différents costumes tout au long du spectacle, tout en débitant leur texte avec une verve enthousiasmante. Construite autour de jeux de mots, et de punchlines qui fusent, la pièce détonne par son rythme, et son inventivité.
À ce propos, on doit d’ailleurs souligner la prestation de Zoé Marchal, véritable révélation comique de la pièce. Perchée sur ses talons hauts, la comédienne se glisse à la perfection dans le rôle de la femme mi-michto, mi-racaille. Elle offre ainsi un personnage ingénu, mais attachant. C’est là toute la force de l’écriture d’Amelle Chahbi : offrir un portrait de femme aussi sensible que diabolique, aussi drôle qu’émouvant.
Elle gratte le vernis des strass et des paillettes pour dévoiler les fissures d’une souffrance et d’une urgence. Car derrière les rires se cache souvent une existence meurtrie pour ces personnages, doués des pires arnaques, mais dotés d’un très grand cœur.
Par ailleurs, Amelle Chahbi n’hésite pas à user des clichés pour mieux les tordre. Si elle les avait évoqués dans un de ses sketchs lors d’un passage intitulé La Michtonneuse, en 2006, au Jamel Comedy Club, avec son spectacle l’artiste parvient à offrir une pièce émouvante sur l’amour, l’estime de soi, le mal-être, la jeunesse, ou encore la féminité.
Un portrait de femme à la fois drôle et touchant qui montre surtout l’écriture fine d’Amelle Chahbi, et son attachement pour les personnages haut-en-couleur. Pour le reste, la comédienne laisse l’imagination des spectateurs faire. La mise en scène est loin d’être tape à l’oeil, ne reposant que sur quelques ressorts bien sentis, et contrastant ainsi avec son sujet principal. Il fallait au moins cela pour laisser tous ces femmes pittoresques s’exprimer.
