L’étoile montante de la bande dessinée hongkongaise, Kwong-Shing Lau, vient de faire paraître Hongkong, cité déchue – un album d’une rare puissance politique.
Kwong-Shing Lau est d’abord un simple manifestant : en 2019 il participe, comme de nombreux Hongkongais, aux manifestations pro-démocratie qui soulèvent la ville. Artiste engagé en faveur des droits humains et de la liberté d’expression, il ne tarde pas à mettre son art au service de la dénonciation de la répression. Hongkong, cité déchue constitue ainsi un témoignage glaçant de ce que traverse le peuple hongkongais depuis quelques mois.
Entre virtuosité graphique et textes explicatifs, cet album retranscrit ainsi l’histoire récente, et toujours en cours, de Hongkong – de la répression à la crise du Covid – en rassemblant les dessins de Kwong-Shing Lau parus dans la presse ou sur les réseaux sociaux. La couleur est rare, les traits d’une exceptionnelle finesse ; l’artiste se laisse même aller à imaginer le futur de sa ville soumise à la dictature chinoise, bâillonnée, assujettie de force.
Quand il explique le projet de cet album qui rassemble et contextualise plusieurs de ses travaux, Kwong-Shing Lau fait part de sa volonté de faire connaître la situation hongkongaise autant que de son désir de susciter la méfiance. Ayant lui-même vécu le passage de la démocratie au musellement le plus brutal, il tient à alerter sur la fragilité des libertés acquises par les peuples. Et en effet, la description de la violence répressive ne peut manquer de faire écho aux affrontements récents entre militants et forces de l’ordre dans de nombreux pays – les Gilets Jaunes en France, le mouvement Black Lives Matters aux Etats-Unis.
« J’espère ainsi alerter les gens sur le sort de Hongkong et, au-delà, mettre en garde ceux qui pensent que chez eux la liberté et l’égalité sont des principes acquis, afin qu’ils demeurent vigilants et attentifs à l’évolution de leur propre environnement. »
Kwong-Shing LauHongkong, cité déchue
