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Peter Watts, la cynique étrangeté

21 octobre 2021
Par Stéphanie Chaptal
Peter Watts.
Peter Watts. ©DR

La « hard SF » est un sous-genre de la science-fiction. Aussi appréciée des amateurs que rébarbative pour les novices, la hard SF a un maître : Peter Watts. Son œuvre la plus célèbre, Vision aveugle, vient d’être rééditée dans une traduction révisée. Retour sur ce texte fascinant et sur son auteur.

Certes, science-fiction rime souvent avec espace, créatures étranges et pouvoirs surprenants. Mais ce genre littéraire est bien loin de se limiter à des courses-poursuites étoilées ou à des combats au sabre laser. L’un des sous-genres les plus appréciés de la science-fiction, la hard SF, met la science au cœur de son propos. Vision aveugle, roman multiprimé et véritable chef-d’œuvre du genre, vient d’être réédité aux éditions Le Belial’.

Une nouvelle vie pour Vision aveugle

Les éditions Le Belial’ offrent à Vision aveugle une traduction révisée – par Gilles Goullet –, une mise en contexte littéraire et scientifique, et accompagnent le texte d’une nouvelle inédite de Peter Watts, Les Dieux insectes. Vision aveugle, c’est un vaisseau spatial en route vers les confins du système solaire, pour y rencontrer l’espèce extra-terrestre qui a pris en photo la Terre en 2082. Le voyage s’étend sur des années – il n’est pas magiquement capable de se déplacer plus vite que la lumière. Aux commandes du vaisseau, un vampire. Non pas un vampire du genre du Dracula de Bram Stocker, mais plutôt une sous-espèce humaine qui, par adaptation, parvient à ne pas épuiser ses réserves de nourriture en hibernant et en se faisant oublier de ses proies. L’équipage du vaisseau comprend aussi une linguiste aux personnalités multiples et une chambre chinoise humaine qui a perdu toute empathie en se faisant enlever une partie du cerveau dans le cadre du traitement de son épilepsie.

Vision aveugle de Peter Watts dans sa nouvelle édition.©Le Belial’ Éditions

Peter Watts, un réaliste qui a la tête dans les étoiles

Vision aveugle est considéré par les amateurs comme un véritable chef-d’œuvre de hard SF. C’est aussi le plus grand succès de Peter Watts ; mais l’auteur a fait plusieurs autres incursions dans ce sous-genre littéraire. Ce Canadien né en 1958, biologiste marin de formation, est aussi l’une des plumes les plus novatrices de la hard SF. De romans en nouvelles, il bâtit son œuvre en imaginant des futurs sombres pour le genre humain, que ce dernier habite le fond des océans, comme dans la trilogie Rifteurs [Starfish (Fleuve noir, 2010), Rifteurs (2011) et Behemoth (2012)], se situe dans un futur proche comme dans Vision aveugle, ou dans un espace lointain, comme dans Eriophora (Le Belial’, 2020).

Comme tous les auteurs et autrices de hard SF, Peter Watts s’appuie, dans sa rédaction, sur les connaissances scientifiques les plus contemporaines pour élaborer ses personnages et ses intrigues. Alors que la science-fiction s’intéresse tout particulièrement à la sociologie, la philosophie et la psychologie, la particularité de la hard SF est qu’elle s’intéresse surtout aux sciences dites « dures ». Peter Watts est ainsi particulièrement sensible à l’astronomie, la physique quantique et l’aéronautique, mais également à la biologie, aux neurosciences et à l’informatique. C’est peut-être cet ancrage si terre-à-terre qui confère à ses livres ce ton aussi réaliste que désabusé, cet optimisme quant à l’avenir de la planète et ce pessimisme quant à celui de l’espèce humaine.

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Article rédigé par
Stéphanie Chaptal
Stéphanie Chaptal
Journaliste
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