Depuis le 22 septembre, le dôme des Invalides à Paris accueille un spectacle son et lumière à la pointe de la technologie. Découverte de cette création ambitieuse qui réunit pour l’occasion la province du Québec et la France.
Vous avez peut-être déjà visité le dôme des Invalides au sein du musée de l’Armée à Paris. Ce monument haut de 80 mètres sous plafond construit en 1706 est mondialement connu pour être la dernière demeure de Napoléon. Cet hôte à la réputation écrasante a tendance à faire oublier qu’il y a beaucoup plus à voir et à découvrir.
En ce moment aux Invalides. Pour la billetterie, c’est par ici !
Le mapping au service de la culture.
Dès la tombée de la nuit, le spectacle Aura Invalides commence. Pendant 50 minutes, le temps d’une représentation en trois actes, l’intérieur du monument prestigieux se métamorphose. Sur une musique spécialement composée pour l’occasion, le dôme se transforme grâce à une technique de projection de lumières et de couleurs appelées « mapping ». La précision des jeux de lumière souligne les détails architecturaux et magnifie les personnages qui y sont présents.
Les visiteurs de Disneyland Paris sont déjà habitués à ces techniques, puisque le parc utilise largement le mapping pour les spectacles projetés sur son célèbre château. Si la technologie est la même, les intentions sont bien entendu différentes. L’utilisation du mapping dans un endroit aussi symbolique était l’un des défis majeurs de la création.
La culture autrement
« Nous nous sommes toujours positionnés comme un acteur culturel différent », souligne Sibylle Confland, directrice générale de Cultival, société française créée en 2000 qui est à l’origine du projet. Parmi leurs spécialités : la visite de lieux culturels de manière insolite. Cultival a déjà prouvé son savoir-faire avec des visites organisées du Stade de France ou encore une découverte du Palais Garnier sous forme d’une enquête interactive.
Avec Aura Invalides, c’est la toute première fois que Cultival se frotte à l’art délicat du mapping. Cette découverte, Sibylle Confland et ses collègues la font à Montréal où ils assistent au spectacle Aura au sein de la basilique Notre-Dame située dans la métropole canadienne. « Nous avons été non seulement impressionnés par la beauté esthétique de l’expérience, mais surtout par l’approche qui a été faite pour raconter l’histoire des lieux d’une manière originale et surprenante. »
Aura Montréal est l’œuvre d’une société canadienne, Moment Factory, passée maîtresse dans le mapping. « Nous nous sommes tout de suite rapprochés », indique Sibylle Confland. De cette entente émerge l’idée d’Aura Invalides. Cultival, partenaire du musée de l’Armée depuis 2013, trouve dans l’expérience Aura Montréal l’opportunité d’une création unique et mémorable au sein du dôme.
Un défi titanesque
Le mapping culturel est déjà présent dans le 11e arrondissement de Paris, à l’Atelier des Lumières, qui propose des expositions-créations virtuelles. « Sans aucunement remettre en cause la qualité de ce qui est fait là-bas, Aura Invalides est à un tout autre niveau de complexité, car les lieux n’ont bien sûr pas été construits et pensés pour ce genre d’activités. »
Fortes de leur expérience canadienne, les équipes de Moment Factory débarquent aux Invalides pour des mois d’études et de conception. « Un énorme travail ! insiste Sibylle Confland. Moment Factory a scanné le dôme afin d’élaborer la création et sa mise en œuvre technique de manière virtuelle. Il y avait un double défi : réaliser un spectacle aussi grandiose que respectueux, tout en ne dénaturant jamais les lieux. »
Pour simplifier, il était hors de question de percer des trous dans les murs du dôme pour y fixer des projecteurs. « Nous nous sommes retrouvés des nuits entières en petits groupes pour faire des essais dans ce lieu incroyable. C’était une expérience unique. » Les équipes de Cultival et Moment Factory doivent composer avec la spécificité des lieux : faire appel à des cordistes pour installer l’équipement dans des endroits inaccessibles, amener la fibre optique à l’intérieur du monument et demander expressément au studio Troublemakers, compositeur de la musique originale, de ne pas utiliser certains instruments afin de ne pas faire vibrer et fragiliser les vitraux du dôme.
« Il a fallu non seulement régler tous ces problèmes techniques, mais également travailler main dans la main avec des acteurs culturels tels que la DRAC et le musée de l’Armée. Ils avaient leurs propres doléances comme, entre autres, qu’aucun équipement technique ne soit visible pour ne pas polluer les visites du monument en journée. »
Un tel projet a un coût, dont le montant est « élevé » selon Sibylle Confland, qui ajoute : « Il est néanmoins important de préciser que les financements viennent du privé. »
Mise en lumière
Le résultat est à la hauteur du dôme. Dès les premières minutes, les lieux sont inondés de lumières et de sons, mettant immédiatement en place le travail technique et artistique colossal de l’entreprise. Le spectacle se fait ensuite plus délicat, mettant en scène l’histoire à travers trois tableaux dont la mise en scène, d’abord éblouissante, devient une subtile invitation à visiter les lieux.
« Nous sommes extrêmement fiers du travail accompli et notre partenariat avec Moment Factory va certainement se concrétiser à nouveau dans un autre lieu prestigieux, cette fois-ci en région. » Quant à la possibilité d’utiliser le mapping pour la cérémonie d’ouverture des J.O. de Paris en 2024, Sibylle Confland répond : « L’utilisation de cette technologie sur les bords de scène serait vraiment spectaculaire, mais nous n’avons pas été sollicités pour cet événement. »
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