Sophie Zhang, une ancienne analyste de données de l’entreprise, avait déjà pris la parole au printemps dernier pour dénoncer le manque de moyens pour prévenir la manipulation de l’opinion publique dans certains pays.
Après Frances Haugen, une autre ex-employée de Facebook va témoigner des mauvaises pratiques de l’entreprise. Entrée dans le groupe comme analyste de données en 2018, Sophie Zhang a été licenciée en 2020. « Officiellement, je suis une analyste junior qui a été licenciée à cause de ses mauvaises performances. En réalité, durant les deux années et demie que j’ai passées chez Facebook, j’ai découvert de multiples tentatives de gouvernements étrangers d’abuser de notre plateforme pour tromper leurs propres citoyens », avait-elle indiqué dans un memo sur l’intranet du géant américain le jour de son départ. Un message depuis supprimé par la plateforme, selon ses dires.
Sophie Zhang sera entendue par le Parlement britannique le 18 octobre, soit quelques jours avant Frances Haugen. Le député britannique Damian Collins a déclaré, dans le Washington Post, qu’elle serait notamment interrogée sur l’existence de faux comptes gérés par des agences pour le compte de gouvernements.
Une alerte sonnée depuis plusieurs mois
L’ancienne analyste de données s’est déjà exprimée en avril dernier dans le Guardian. Elle y évoquait les dysfonctionnements qu’elle a pu constater pendant qu’elle travaillait pour le réseau social. « Facebook ne montre pas une grande motivation pour gérer cela, hormis la peur que quelqu’un puisse le divulguer et en faire tout un plat, ce que je fais », avait-elle déclaré. Mais ses révélations n’ont pas eu le même écho que celles portées quelques mois plus tard par Frances Haugen. Pour les deux lanceuses d’alerte, l’entreprise n’investit pas suffisamment pour lutter contre le harcèlement et la désinformation.
De son côté, Facebook continue à se défendre en affirmant justement investir des milliards de dollars dans le but de résoudre ces problèmes. Le réseau social a également déclaré qu’il avait, depuis 2017, supprimé plus de 150 réseaux issus de plus 50 pays cherchant à manipuler le débat public.
Enfin, Sophie Zhang a annoncé la semaine dernière qu’elle était prête à témoigner au Congrès américain, comme l’a fait Frances Haugen le 5 octobre dernier. L’ancienne salariée va par ailleurs échanger avec le Conseil de surveillance de l’entreprise dans les prochaines semaines et elle sera auditionnée par le Parlement européen le 8 novembre prochain.